Le 14 juillet est une date qui convient pour aborder les interrogations sur la France souvent exprimées depuis un an par nombre d'amis québécois mais aussi de Français vivant au Québec : Paris brûle-t-il ? Que font tous ces jeunes dans la rue ? Pourquoi cette frilosité s'agissant de l'Europe, de la mondialisation ?
Si les interrogations sur la France sont nombreuses, cela signifie qu'ici, au Québec, la France ne laisse pas indifférent. Tant mieux !
Reconnaissons-le : une certaine morosité, artificiellement entretenue, s'est emparée de l'opinion publique en France au cours des derniers mois. Elle avait même condamné notre équipe nationale de soccer à l'élimination dès le premier tour de la Coupe du monde, et ceci avant même le début de la compétition. Finalement, les "Bleus" auront fait le parcours magnifique que l'on sait et, comme très souvent en ces circonstances, les censeurs d'hier sont devenus ensuite les premiers des panégyristes.
La France est confrontée, comme d'autres pays, à des défis réels, tels que chômage, dette et déficits. Des réformes en profondeur sont en cours pour y faire face. Elles ne peuvent produire tous leurs effets en un jour, mais certains se font déjà sentir : le chômage a amorcé sa décrue ; un plan de réduction de la dette et de maîtrise des dépenses publiques est engagé ; les réformes des retraites et de l'assurance-maladie ont été acceptées par les Français ; de nombreux pôles de compétitivité fondés sur les nouvelles technologies ont été créés.
La France d'aujourd'hui est un des pays développés où le taux de fécondité est le plus élevé (1,95). C'est un des pays d'Europe où le nombre d'entreprises créées chaque année est le plus élevé (plus de 200 000). Au-delà des discours et des états d'âme, ce sont là des signes d'énergie et de confiance en l'avenir.
La France n'a rien du village d'Astérix que certains se complaisent à évoquer. Elle est un des pays les plus ouverts sur le monde. Cinquième pays exportateur de produits et quatrième exportateur de services, elle est en outre la troisième destination mondiale pour les investissements internationaux. C'est ce qui explique qu'un salarié sur sept y travaille pour une entreprise étrangère, alors que ce taux n'est que de 1 sur 10 au Royaume-Uni et de 1 sur 20 aux États-Unis.
Et que plébiscitent les entreprises étrangères qui investissent en France ? Les compétences des travailleurs français, la qualité des infrastructures, du service public (eh oui !), du système de santé (classé au premier rang mondial par l'OMS), des écoles, un cadre et un art de vivre qui en font la première destination touristique mondiale, sans oublier la place dévolue aux expressions intellectuelles et culturelles.
France plurielle
À l'image de son équipe de soccer, les réussites de la France sont générées très largement par une France plurielle, creuset de tous temps d'expressions d'origines diverses. Si des difficultés d'intégration existent, comme dans d'autres pays, et sont souvent mises en exergue, il ne faut pas sous-estimer le fait que, dès à présent, l'intégration républicaine et les solidarités sociales remplissent leurs rôles, laissant à chacun la liberté de pensée et de religion, dans le respect des lois de la République.
Cette ouverture sur le monde dans le respect de chacun est au coeur de l'action de la France sur la scène internationale. La France assume pleinement ses obligations vis-à-vis des pays en voie de développement : l'aide française sera de plus de neuf milliards d'euros en 2007, soit 0,5 % du PIB, pour atteindre 0,7 % en 2012. Elle répond au défi du réchauffement climatique en dépassant les objectifs fixés par le protocole de Kyoto. Elle participe à l'effort international de lutte contre le terrorisme, notamment en Afghanistan.
Cette ouverture sur le monde est aussi au coeur du dernier grand projet architectural et culturel français : le musée des arts et civilisations d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des Amériques au quai Branly à Paris. Expression forte de la diversité culturelle, il est, selon les mots du président de la République, le vecteur de "l'égale dignité de toutes les cultures", dont celles des peuples premiers du Canada et du Québec.
Tournée vers l'avenir
La France n'est donc pas figée dans ses succès passés, ni dans ses propres chefs-d'oeuvre patrimoniaux. La meilleure preuve est donnée par les très nombreux Français installés au Québec. Traversant l'Atlantique avec leurs diplômes et leur savoir-faire acquis en France, nombreux sont ceux qui réussissent ici dans tous les secteurs d'activité : industrie, commerce, services, nouvelles technologies, enseignement, recherche. Ils sont fiers de leur identité tout en étant ouverts aux réalités nord-américaines. Certains éprouvent des difficultés d'intégration professionnelle.
Les consulats généraux à Québec et à Montréal ainsi que les élus du Québec à l'Assemblée des Français de l'étranger mènent un travail constant pour sensibiliser nos partenaires québécois à ce sujet. Dans la région de Québec, une nouvelle association, Accueil français de Québec, encouragée par le consulat général, vient d'être créée pour favoriser l'intégration de nos compatriotes.
Plus que jamais, les Français sont conscients de l'importance du Québec et de ses réussites. C'est ce que démontrent non seulement la place prise par les créateurs et artistes québécois en France, mais aussi le fait que la France soit le deuxième investisseur étranger au Québec, où les 350 filiales françaises qui y sont installées emploient 15 000 personnes (et 40 000 au Canada). C'est ce qui explique aussi la volonté de la France, réitérée par les autorités françaises lors des deux visites de M. Charest à Paris en juillet, de poursuivre avec le Québec le combat vital pour promouvoir notre langue, notre culture et nos valeurs communes.
Point de vue François Alabrune, consul général de France à Québec
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