L’Amérique de Trump n’est plus le champion de la démocratie abstraite et universelle dont les privilégiés sont seuls à vérifier l’existence.
L’effondrement du bloc soviétique après la chute de la plupart des dictatures militaires dans le camp occidental en Europe, en Asie et en Amérique latine avait paru donner raison à Francis Fukuyama et à la fin de l’Histoire qu’il prophétisait sous la forme d’une victoire de la démocratie et du libéralisme promis à être les versants politique et économique d’un monde unipolaire. Vingt-sept ans après, le mirage s’est dissipé. L’illusion a laissé place à un monde composite et dangereux.
La Syrie est sans doute le pays qui aura le mieux révélé ce retournement du prétendu sens de l’Histoire. Dernier domino des dictatures militaires nationalistes arabes à tomber, elle devait achever la libération du Moyen-Orient comme la Roumanie avait apparemment réalisé celle de l’Europe communiste. C’était en 2011. En 2017, de passage en Turquie, le nouveau secrétaire d’État américain, Rex Tillerson, nommé par Donald Trump, vient de mettre un terme à la chevauchée « démocratique ». Désormais, la priorité de Washington n’est plus de faire tomber Bachar el Assad mais d’écraser le djihadisme et de laisser aux Syriens eux-mêmes le soin de déterminer leur avenir.
Ce message de bon sens repose sur plusieurs constats et constitue un salutaire examen de conscience.
Le premier constat consiste à reconnaître l’échec du « printemps arabe » salué et soutenu par Obama d’une main d’autant plus molle que le verbe était incantatoire. Les dictatures ont laissé la place à l’islamisme, à l’anarchie, à la guerre, ou sont revenues.
Deuxième constat : les alliances nouées depuis l’Afghanistan avec les islamistes contre les Soviétiques sont devenues un danger mortel pour le monde libre. Elles ont développé le terrorisme sur son sol et souligné ses contradictions internes en matière de libertés et de droits. Elles ont affaibli les démocraties.
Troisième constat : face à l’uniformisation du monde, des résistances identitaires se sont levées. C’est la Chine, c’est l’Inde, immenses, ce sont les pays latino-américains.
C’est l’Iran chiite, la Turquie sunnite. C’est surtout la Russie qui, au lendemain de la chute du communisme, était prête à rejoindre le grand mouvement et qui, de mauvais coup en humiliation, a retrouvé son rôle d’adversaire. Grâce au président Poutine, cet adversaire, relevé, réarmé, solidement appuyé sur son patriotisme et l’affirmation de son identité politique et culturelle, a tenu tête, en Crimée, dans le Donbass et surtout en Syrie où, seul intervenant à la demande du gouvernement légal, conformément au droit international, il est parvenu à imposer son point de vue à l’Amérique et à ses alliés. L’État islamique va être détruit. Les rebelles divisés entre prétendus démocrates et islamistes, dépourvus du soutien occidental, vont reculer.Les États-Unis d’Amérique sont une démocratie. Ils ont pour président un milliardaire populiste élu, par une minorité patriote et conservatrice dans une majorité d’États, contre la candidate de l’oligarchie soutenue par la plupart des médias. Cet événement a ébranlé la domination du politiquement correct et de la pensée unique, ce doux asservissement des peuples au mondialisme c’est-à-dire aux intérêts d’une caste qui, par-delà les identités, qu’elle croit surannées, affirme l’idéologie de ses intérêts et son mépris des nations. Donald Trump semble avoir pris conscience du fossé grandissant entre ceux qui ressentent le plus douloureusement les effets de la mondialisation et ceux qui surfent sur le chaos qu’elle entraîne.
L’Amérique de Trump n’est plus le champion de la démocratie abstraite et universelle dont les privilégiés sont seuls à vérifier l’existence. Elle fixe pour priorité de protéger avant tout les Américains. La France va voter dans quelques semaines. L’oligarchie antinationale fait feu de tout bois pour assurer la victoire de son champion, un ectoplasme politique, une créature des médias. Le vieux peuple français, la vieille démocratie française vont-ils se laisser piéger par la manœuvre ? C’en serait fini de l’illusion démocratique !
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