La crise financière - Alerte!

Crise mondiale — crise financière


C'est bien simple: d'un côté de la table sont regroupés les chefs d'État qui additionnent les plans d'austérité. En face d'eux sont rassemblés des économistes réputés assurant que les premiers ont tout faux. À leur arsenal de faits et chiffres, ces derniers ont greffé l'Histoire.
Mardi dernier, en Asie d'abord, en Europe ensuite, en Amérique enfin, les Bourses ont dévissé violemment. Le lendemain, Moody's en a rajouté une louche en annonçant qu'une autre décote de l'Espagne était envisagée. Le surlendemain, un tabou était levé: le rééchelonnement de la dette grecque était jugé inévitable. Reste à savoir quand. Le même jour, les établissements financiers du Vieux Continent avaient un rendez-vous d'une extrême importance: ils devaient rembourser les prêts contractés il y a un an auprès de la Banque centrale européenne (BCE) pour dégripper le crédit entre acteurs. La grande majorité a honoré ses engagements, mais...
Mais entre les apaisants communiqués de la BCE et autres, ici et là un écho retentissant s'est fait entendre: les banques espagnoles avaient demandé à la BCE que le renouvellement des prêts consentis ces jours-ci soit d'une durée d'un an au lieu des trois mois fixés. Ajouté aux autres, ce facteur a plombé les Bourses avec d'autant plus de force qu'au milieu de cette avalanche de faits, on avait appris que l'indice de confiance des consommateurs américains était en berne. Qu'il avait reculé pour la première fois depuis des mois.
Parmi ces derniers mots, retenons le maître d'entre eux: la confiance. Chaque fois qu'un chef de gouvernement a conçu d'abord, décliné ensuite un programme d'austérité, il a été question de confiance. Pour être plus précis, en Grèce, en Espagne, au Portugal, au Royaume-Uni, voire lors du G20, tous ces présidents ou premiers ministres ont justifié leurs gestes en arguant que la combinaison «coupures dans les dépenses» et «hausses de taxes diverses» accoucherait de la confiance qui, à son tour, favoriserait la reprise économique.
À suivre la réaction des marchés, il est évident que cette assertion a été perçue différemment. S'il ne fait aucun doute que certains investisseurs ont placé leurs billes en auscultant le profil financier des États, des nations, beaucoup d'autres ont placé les leurs parce que conscients que ces plans d'austérité allaient réduire le frêle regain économique à une peau de chagrin. Mettons que les mesures décrétées par Angela Merkel ne vont pas encourager le citoyen allemand à passer ses vacances en Grèce ou en Espagne, deux pays où l'industrie touristique occupe une place prépondérante. Passons à l'Histoire, la grande.
Il y a peu, deux économistes américains, Barry Eichengreen et Kevin O'Rourke, ont publié une étude en rien théorique. Autrement dit, pour faire court, une étude menée à l'aune du constat et non de l'opinion. Leur analyse a porté sur les causes de la crise 2008-2009, qu'ils ont après coup comparées avec celles de 1929-1930. Et alors? Le commerce mondial, la production industrielle mondiale, les actions du «monde mondial» ont baissé de façon plus marquée qu'en 1929-1930. Ce n'est pas tout.
Entre 1933 et 1937, alors que Franklin D. Roosevelt était président, le PIB des États-Unis avait cru année après année. Certain que la reprise était forte, bien installée, le locataire de la Maison-Blanche injecta en 1936 une dose d'austérité en sabrant le budget de l'État et en haussant des taxes. Résultat net des courses? En 1938, l'économie dégringola à nouveau alors que le PIB se contractait de 3,4 %. On insiste: 3,4 % en un an. Bonjour les dégâts!
En 2008-2009, les autorités américaines et européennes ont fait le contraire de ce qu'avait fait Herbert Hoover, le prédécesseur de Roosevelt, en multipliant les secours aux banques, en ouvrant le robinet du crédit pour doper l'activité économique. Ils ont agi ainsi parce qu'ils avaient retenu les enseignements de la crise de 1929. Hélas! Il semblerait qu'ils aient retenu le premier chapitre, et non le second.
Le pire, dans ce feuilleton macro-économique, c'est qu'on sait désormais que la Chine sur laquelle on comptait tant pour requinquer la machine n'est plus en mesure, du moins à court terme, de camper le rôle de moteur de l'économie. La raison est fort simple: les coûts fixes augmentent, la bulle immobilière commence à se dégonfler. Peut-être ne nous reste-t-il qu'à
méditer cette vérité signée Arthur Schopenhauer: «L'Histoire se répète, mais autrement.»


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