Dans le psycho-drame qui se déroule actuellement à Ottawa sur la présumée pression politique du cabinet du premier Ministre exercée à l'attention de la Ministre de la Justice Jody Wilson-Raybould, on constate un clivage impressionnant des perceptions dont la frontière correspond à celles du Québec. Est-ce qu'il faut le déplorer? Ça dépend du point de vue.
La position politique du premier Ministre et de son cabinet est pleinement défendable, mais s'inscrit dans une dynamique et un contexte Canada-Québec, où les agissements présumément criminels d'une entreprise sont jugés de part et d'autre de cette frontière avec une grille d'analyse fort différente, par la population aussi bien que par les politiciens
Il est loin d'être acquis que le fait de "pardonner" à une entreprise de s'être livrée à des activités criminelles est souhaitable et raisonnable. À plus forte raison, même si un gouvernement légifère en ce sens, on ne peut pas en déduire que tous vont s'y rallier. Il peut y avoir des désaccords à l'intérieur même du parti au pouvoir et à plus forte raison les partis d'opposition vont s'y opposer, simplement parce que c'est leur rôle de le faire et ceci, même après la sanction d'une loi à cet effet.
On pourrait affirmer sans risque de se tromper que le scandale SNC Lavalin était latent, et qu'il aurait pu survenir dans n'importe quel cas de figure d'une société d'envergure nationale prise en défaut. Prenons le cas hypothétique d'une société pétrolière de l'Alberta sous un gouvernement conservateur qui se serait retrouvée dans la même situation: comment aurait réagi le Québec? Un gouvernement qui se commet pour défendre une entreprise privée, ne serait-ce que dans le but de sauver des emplois, se met automatiquement en danger. À ce moment, peu importe ce qu'il dira ou fera, on interprètera ses paroles et ses actions à la lumière d'un filtre éminemment politique, qui rend aveugle à tout autre éclairage.
Les gifles qu'aime bien donner l'Ouest au Québec ou aux défenseurs des entreprises qui en proviennent, que ce soit dans le cas de Bombardier, SNC Lavalin ou toute autre, est dans l'ordre de ce que je considère comme "les conditions gagnantes" menant à la souveraineté du Québec. Cette conviction profonde et démontrée que le reste du Canada déteste le Québec au point de se réjouir de ses malheurs au lieu de lui tendre la main lorsqu'il est en difficulté, c'est de ce bois dont doit malheureusement se chauffer notre mouvement souverainiste. La doctrine de "bon gouvernement" suivie religieusement par le PQ depuis ses tout débuts a fait la preuve que ce n'est pas en prolongeant la vie de notre vieux bazou tout rouillé, en le réparant avec de la broche, qu'on va convaincre notre conjoint(e) que le moment de le remplacer est arrivé.
Dans le cas SNC Lavalin, l'Ouest a choisi de faire sauter la baraque? Eh bien comme souverainiste, je n'en demandais pas tant: c'est un filon cent fois plus motivateur pour quitter la fédération canadienne que des autobus pleins de manifestants qui débarquent à Montréal pour nous dire qu'on nous aime.
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