Lettre à M. Gilbert Lavoie - Le Soleil - Deux interprétations erronées.

La crise de Jean Charest - Le calme de Jacques Parizeau

La sagesse, la dignité, de questionner le souverainisme étatique historique

Tribune libre

Le Soleil - 2009 06 11-Gilbert Lavoie-Le discours de Monsieur


M. Lavoie,
Je salue votre texte mesuré concernant le discours de Monsieur Parizeau et la réaction de Jean Charest.
J'aimerais cependant attirer votre attention sur ce qui m'apparait être deux interprétations de faits erronées.
La première ne me semble pas être conforme à ce qu'a dit M. Parizeau. Vous écrivez :
« ...l'option a perdu des plumes depuis 1995 chez les jeunes et les personnes âgées de 35 à 45 ans. C'est un constat qui va totalement à l'encontre du discours péquiste qui soutient encore que la souveraineté gagne en popularité chez les jeunes. »

Ce qu'a effectivement observé M. Parizeau à même un sondage fouillé du Bloc québécois sur nos intentions et sentiments, c'est que la tranche d'âge la moins favorable à la souveraineté est celle qui avait 20 ans lors du dernier référendum perdu ou « volé », comme l'a dit M. Parizeau. Or, les plus jeunes eux, comme les plus âgés, sont plus favorables. Ce qui change de l'époque de notre jeunesse. On ne peut donc dire comme vous le dites que M. Parizeau contredit ce que par ailleurs les péquistes disent.
La deuxième concerne votre interprétation de ce que voudrait une portion importante des souverainistes, dont les plus militants.
« Si on se fie aux commentaires de M. Parizeau, il est assez évident qu'une portion importante des souverainistes aimeraient voir Mme Marois s'engager plus avant sur l'avenue des référendums sectoriels. »

Je pense d'après ce que je sais, d'après ce qu'on trouve par exemple dans Vigile, d'après ce qu'a dit Monsieur Parizeau, que ce serait plutôt le contraire. La souveraineté sectorielle n'est qu'un succédané insatisfaisant à ce que souhaite voir défendu par le PQ de madame Marois cette portion importante des militants souverainistes dont s'est fait le porte-voix Monsieur Parizeau : ce « pourrait »... être utile... mais sans plus... si l'on veut provoquer une crise... Ce qu'il dit souhaiter, c'est autre chose... Comme quoi la manchette du Devoir est plutôt le contraire de ce qu'a dit M. Parizeau.
Ce qu'il préconise, c'est plutôt questionner plus à fond le souverainisme étatique historique en profitant pour ce faire des 2 ou 3 ans qui nous font, contre mauvaise fortune bon coeur, être dans l'opposition. C'est une habile façon de relativiser l'importance de cette souveraineté sectorielle afin de s'attaquer plutôt à la vraie question qui compte. À savoir : faire en sorte que les Québécois qui répudient majoritairement le Canada actuel ; qui pensent que la souveraineté de l'État du Québec est souhaitable ; qui pensent qu'elle est viable ; cessent de penser qu'elle ne se fera pas.
M. Parizeau n'a pas la solution, il salue cependant la volonté de madame Marois de rompre avec l'attentisme. Ce qui du reste énerve pas mal les canadianisateurs. Car, eux savent bien que le Canada actuel ne passe pas et que mis aux voix, il serait répudié. Ce pourquoi le Canada s'est imposé et s'impose toujours d'autorité et de force sans jamais s'être nommément et réciproquement soumis aux voix libres du peuple souverain du Québec. Quand ce fait est porté à l'attention des Québécois, Jean Charest pique une crise, mais c'est là plutôt un aveu de faiblesse que de force. En effet, un État fut-il celui du Canada ne peut, ne pourra s'imposer indéfiniment de force et d'autorité comme il aime le penser ou se le faire croire. Il faudra bien un jour que les Québécois se prononcent sur un État valide et légitime. Ce que redoute fort Jean Charest en crise... de CDPQ, de FIERs, des systèmes de santé à deux vitesses... et j'en passe.
En somme, si la crise de M. Charest avait quelqu'effet, comme enfoncer dans l’opinion publique québécoise la stratégie de la souveraineté sectorielle, M. Parizeau aurait involontairement, provoqué ce qu'il souhaite : c'est-à-dire, tout autre chose que la souveraineté sectorielle et tout autre chose que l'attentisme. Soit : trouver une voix nouvelle pour que s'exprime la volonté du peuple souverain du Québec qui répudie le Canada unilatéral actuel, cela, afin de fonder un État valide et légitime émanant nommément des voix du peuple souverain. Ce qui n'est pas le cas du Canada.
Le débat dans la mouvance souverainiste est maintenant bien engagé, hors l'attentisme et une souveraineté sectorielle insatisfaisante. Il pourra avoir cours dans les prochaines années peu importent les « crises » de nerfs de Jean Charest. Mieux, celles-là nous disent que nous sommes sur la bonne voie, la souveraineté sectorielle n'est pas la panacée, comme l'a avec raison observé Monsieur le 6 juin dernier, contrairement à ce que la manchette du Devoir a laissé entendre.
Salutations respectueuses,
Luc A.


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    12 juin 2009

    Bonjour !
    Il y a très peu de québécois qui ont entendu le discours du rigalogue papi Parizeau.Il n’a pas grande influence.Sur 14 autres forums nationalistes/indépendantistes,il ne suscite pas de fièvre comme sur Vigile,le seul lieu où il est encore une star.
    Le 24 juin 2009,M.Duceppe va faire sa dernière parade sur l’île de Montréal.En 2012,Charest va laisser son poste de PM à Mme Normandeau,une belle vierge politique fort populaire.À la prochaine élection,2013,nous allons assister à un derby de démolition de Mme Marois,facile à faire.Si elle n’a pas pris sa retraite.Les préparatifs sont déjà commencés dans les bureaux de Desmarais Power Corporation.
    L’élection d’un ordre de gouvernement ça se gagne avec des gros moyens financiers,des belles promesses nationales et régionales et une bonne agence pour les clips...pas avec des idées et un programme que beaucoup d’électeurs ne lisent pas.
    En 2013,le PQ ne pourra pas compter sur le «ras-le-bolle»anti-Charest pour gagner.