Élections 2018

La convergence voudrait que Lisée appelle à voter pour la CAQ

Convergence nationale VS zizanie partisane

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Chronique de Gilles Verrier

La corruption n'est pas un enjeu existentiel 


La corruption, réelle, passée ou anticipée prend rarement la forme d'un enjeu existentiel. Tous les lieux de pouvoir en génèrent un flux variable. La proximité du pouvoir politique avec d'autres pouvoirs (affaires, crime organisé, grands chantiers, etc.), peu importe les partis et les pays, est un fait de l'exercice du pouvoir. Certes, le phénomène se manifeste à des degrés divers de gravité, et je m'empresse de le reconnaître. Je ne l'excuse pas, mais la réalité c'est qu'ils couchent avec les Desmarais à gauche et à droite, comme ils couchent avec le West Island. Lequel est le plus grave docteur ? 


Et l'évitement fiscal ! Si imbriqué dans l'économie mondialisée qu'aucun pays ne tentera d'y mettre fin, sous peine de se voir mettre au ban de la « communauté internationale » pour son hostilité aux banques et aux grandes fortunes. Même si le PQ en parle, risible, c'est le Canada qui a la compétence pour agir. Et il ne montera pas au créneau. Un article de fin de campagne a attiré beaucoup d'attention sur Vigile. L'auteur se scandalise que certains acteurs politiques pratiquent l'évitement fiscal. L'affaire est pourtant une nouvelle norme du capitalisme financier parasitaire. Soyons clair, l'évitement fiscal est aux limites de la légalité, contraire à l'éthique et immoral. Toutefois, on ne s'empêchera pas de sourciller à la manoeuvre trop évidente de pointer du doigt des individus du camp adverse en rapport avec une situation que l'auteur décrit lui-même comme une affaire aux dimensions colossales : 


« Selon l'OCDE, c'est 50% du stock monétaire mondial qui transite chaque année par les paradis fiscaux. Les multinationales y cachent 40% de leurs profits. Selon la firme Ernst & Young, le marché de la gestion de fortune est actuellement de 55 000 milliards de dollars. Le contexte politique international étant favorable, elle estime que ce marché sera de 70 000 milliards de dollars dans deux ans. Ces actifs qui se trouvent dans les paradis fiscaux sont à 95% composés d’avoirs institutionnels et de 5% d’avoirs de particuliers. » 


Avec une fortune de petit joueur, on ne demandera tout de même pas à Legault de casquer pour les 70 000 milliards de dollars. Ni d'être plus catholique que le pape. En revanche, nous savons aussi que cela ne le distingue en rien dans l'ordinaire, mais ce n'est pas là-dessus que se formera notre jugement électoral.



La convergence, une idée de Lisée


La convergence pour renverser les libéraux était une idée de Lisée. Son plan de base qui faisait du PQ le noyau d'une convergence avec Québec solidaire n'a pas marché. Mais l'idée conservait pourtant un redoutable potentiel pour ceux qui appelaient à renverser les libéraux. D'ailleurs, une idée récurrente depuis plusieurs années chez Vigile. Je doute toutefois que Lisée appliquera à lui-même l'idée qu'il trouvait si bonne pour d'autres. Dans les circonstances d'aujourd'hui, ce serait bien sûr d'appeler sans équivoque les péquistes à voter pour la CAQ, du moins dans les comtés où la lutte se fait entre le PLQ et la CAQ. Quelle façon chevaleresque de mettre la patrie avant le parti ! Un vote stratégique basé sur des valeurs correctement ordonnées. Mais Lisée se révélera encore homme «de gauche», immigrationiste et mondialiste, près des Solidaires, avant d'être un patriote.     



PQ ou CAQ ?


Je viens de relire  Faut-il miser sur le PQ ou sur la CAQ ?  C'est une chronique que j'écrivais il y a plus d'un an et je constate qu'elle sonne toujours d'une vibrante actualité. J'encourage à la relire au complet, mais pour le lecteur pressé, je vais en citer deux passages significatifs, dont celui-ci où je compare la CAQ au PQ :


« Au nombre de ses atouts, il s'adonne que François Legault est un produit pur jus de la mouvance péquiste, dont il est un ancien ministre. Il porte avec lui toutes les contradictions des Québécois nationalistes avec, sur le plan constitutionnel, une perspective utopique d'entente avec le Canada semblable à celle que plaidait René Lévesque. Cette mollesse ambigüe fait de lui un de nos semblables, donc un vrai Québécois. Assurément, rien de très malin. Et ce n'est pas non plus, rassurons-nous, le fédéraliste inconditionnel et anti-national qu'est Philippe Couillard. Il s'adonne aussi que la CAQ propose un nationalisme économique, assez timide il est vrai, mais nous ne sommes plus à l'époque de Duplessis – mondialisme oblige et contraint. Ce parti, qui se compose de Québécois francophones [anciennement Canadiens-français et c'est pareil ! ], dit souhaiter travailler dans l'intérêt du Québec. On peut spéculer à savoir si un gouvernement de la CAQ ferait mieux ou pire que le PQ. En revanche on peut facilement se convaincre qu'un même vent de fraîcheur pourrait se lever à la défaite des libéraux. » 


« Pour le PQ, les perspectives ne sont pas réjouissantes. Les prochaines élections pourraient bien être celles de sa récusation populaire. Non par les anglos et les immigrés, c'est déjà fait, mais par les Québécois de souche. Dans la conscience populaire, le PQ est devenu le parti qu'on associe le plus facilement à l'échec et à la chicane, bref à tout ce que les gens détestent de la politique. Des décennies d'ambigüités sur la question nationale se sont traduites par d'incessantes courses à la chefferie, sans que le parti ne parvienne à s'en sortir durablement et par le haut. Le spectacle affligeant de ses contradictions internes étalées au grand jour a fini par donner une impression de faiblesse, celle d'un parti qui ne sait pas où il va. Dernier revirement, l'ajournement d'un hypothétique référendum qui était sa marque de commerce à un second mandat, lui permet de justifier à bon compte son silence sur la question nationale. Est-il différent des autres partis sur le multiculturalisme et le mondialisme ? Pas vraiment. Et comme il ne fait plus appel à sa base naturelle et ne lui parle plus dans les mots quelle veut entendre, il s'est condamné lui-même à l'érosion de son électorat. Dans les circonstances, la question à court terme devient parfaitement limpide. Pour sortir les libéraux, quel parti est le mieux placé pour leur faire subir une défaite historique ? »


Plus loin, je soulignais l'importance de soigner l'estime nationale. Faire nation, en quelque sorte, par une démonstration de cohésion. 


« Après être allé de défaites en déception, les Québécois meurent d'envie de se prouver qu'ils peuvent encore agir ensemble, qu'ils peuvent faire cause commune. Ils veulent renouer avec le sentiment d'exister comme communauté nationale et de sentir qu'ils ont un poids politique. Nous en sommes là : nous prouver que nous existons et que nous pouvons encore défendre nos intérêts. La seule façon, une raclée magistrale aux libéraux. Qui en a le potentiel : la CAQ. »


En terminant, je rajouterais que la CAQ est plus proche du nationalisme traditionnel canadien-français que le PQ, qui a tout balancé notre passé pré-péquiste pour créer un monde nouveau (à la manière de la table rase) de la québécitude. Heureusement, le pire de ce qu'on pourrait aussi appeler cinquante ans de « qué-bêtitude » semble derrière nous.  Sans illusion, je fais le pari qu'un gouvernement de la CAQ serait mieux qu'un gouvernement libéral, la différence tient peut-être à la convergence. Sinon celle des partis, celle des électeurs. 


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Gilles Verrier139 articles

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Entrepreneur à la retraite, intellectuel à force de curiosité et autodidacte. Je tiens de mon père un intérêt précoce pour les affaires publiques. Partenaire de Vigile avec Bernard Frappier pour initier à contre-courant la relance d'un souverainisme ambitieux, peu après le référendum de 1995. On peut communiquer avec moi et commenter mon blogue : http://gilles-verrier.blogspot.ca





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1 commentaire

  • Gilles Verrier Répondre

    3 octobre 2018

    Je termine ma chronique avec ces mots, parlant de la nécessaire convergence : « Sinon celle des partis, celle des électeurs. ». Je constate avec une certaine satisfaction que la sagesse des électeurs a parlé. Lisée n'a pas vu le besoin irrésistible de convergence au sein de la nation. Elle s'est faite quand même et malgré lui.