Le même constat est sur toutes les lèvres: il est minuit moins une pour les indépendantistes. Presque tous le disent, et ceux qui se risquent à l’enthousiasme en ces heures grises sont rapidement discrédités et considérés comme naïfs. On comprendra. À mi-mandat, le Parti libéral du Québec accumule les cafouillages, redouble d’efforts dans son manque d’envergure et se voit surplombé de très lourds soupçons quant à son intégrité et sa bienveillance. Pourtant, rien ne bouge dans les intentions de vote. Le parti de la dénationalisation trône en tête, laissant assez loin derrière ses compétiteurs qui s’arrachent bec et ongles l’espoir de former l’opposition. Ces compétiteurs sont, je vous le donne en mille, les nationalistes de la CAQ et les indépendantistes du PQ et de QS.
Pas plus tard que dimanche dernier, Jean-François Lisée proposait, pour briser cette décourageante tendance à l’échec des nationalistes, que l’élection partielle à venir dans Verdun se fasse sous le signe d’une convergence entre le Parti québécois et Québec solidaire. Si l’idée a mathématiquement du sens et qu’une telle coalition de souverainistes aurait, en effet, toutes les chances de ravir la circonscription aux libéraux, la réponse d’Andrés Fontecilla a, sans surprise, rapidement refroidi les ardeurs. Résultat? Oubliez la prise de pouvoir des indépendantistes dans ce comté, même si l’addition des votes fragmentés de ces derniers à travers plusieurs partis les montre bien dominants à côté du PLQ.
Je propose, à la lumière de ce nouvel échec de la convergence, de tempérer les ardeurs démissionnaires de la plupart des candidats à la chefferie du Parti québécois et de proposer un contrepoids aux nombreux commentateurs politiques qui voient en la cause souverainiste une question qui lasse les Québécois. Quel peuple, en effet, ne serait pas désespéré d’être plongé dans une impuissance politique pareille à la nôtre? Quel citoyen un peu sensible et préoccupé par la question nationale ne se verrait pas complètement désespéré devant l’incapacité absolue des leaders qui prétendent porter la cause qui lui tient à coeur à projeter la moindre volonté de puissance politique?
Au-delà du contexte historique favorable post-Meech qui s’éloigne dans notre rétroviseur, au-delà du triomphe hégémonique de l’idéologie libérale anglo-protestante chez la vaste majorité des politiciens et de la caste médiatico-intellectuelle occidentale, triomphe qui se fait bien souvent d’ailleurs au détriment de la vigueur de la vie politique des sociétés qui s’en voient victimes, il convient d’être sensible à cet autre et non moindre responsable de l’étiolement des forces souverainistes: l’impuissance politique. Cette impuissance, le Parti québécois ne cesse de trouver de nouveaux moyens de s’y enfoncer depuis deux décennies.
La méthode à la mode actuellement est celle de baser sa stratégie sur la négociation d’une convergence avec d’autres partis politiques n’ayant absolument aucun intérêt à se prêter à une telle manoeuvre. La convergence doit être générée et non quémandée. Le Parti québécois doit être en mesure de devenir le centre d’attraction auquel les autres voudront se greffer et non se poser lui-même comme celui ayant besoin de converger pour survivre. Comprenons-nous bien. Il s’agit de proposer la création d’un pays aux Québécois, mais surtout de rompre avec une fédération et, pire encore, avec l’esprit politique dominant de notre époque. On comprend les Québécois d’être peu enthousiastes quant à leur avenir national lorsqu’on voit l’esprit de soumission dans lequel le vaisseau amiral de l’indépendance semble se plaire. Il est plus que temps d’en finir avec le pessimisme velléitaire. Peut-être alors les citoyens se montreraient plus enthousiastes face aux beaux discours vantant l’indépendance tenus par ceux qui semblent prêts à surtout ne rien faire pour que cela arrive.
LIBRE OPINION
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