Je n’ai pas vu Unplanned, le fameux film « pro-vie », et je n’ai pas prévu le voir. Le film semble mauvais. Mais je peine à cacher mon exaspération devant les militants qui se sont lancés en campagne contre Vincent Guzzo, le propriétaire des cinémas du même nom, pour qu’il ne le diffuse pas dans ses salles.
Autrement dit, il faudrait le censurer, car il ne devrait plus être possible d’afficher un point de vue aussi ouvertement pro-vie dans le débat public. Mais comme d’habitude, les censeurs font semblant de ne pas l’être. Pour eux, la censure serait exclusivement étatique.
Pro-vie
Ils font semblant de ne pas savoir qu’il existe aussi, aujourd’hui, une censure privée, appliquée par des groupes idéologiques fanatisés prêts à tout pour confisquer l’espace public et en exclure leurs ennemis. Pour eux, le simple fait d’entendre un autre point de vue que le leur est un scandale.
Pour justifier la censure d’Unplanned, plusieurs arguments sont avancés. Ainsi, on nous dit que le film serait médicalement inexact. Je veux bien le croire. Mais doit-on de ce point de vue se soulever contre les films policiers qui mettent en scène de manière inexacte la traque des bandits ? À ce qu’on en sait, un film n’est pas un documentaire ! Faudra-t-il désormais infliger un test scientifique aux films diffusés en cinéma ?
Unplanned présente aussi l’avortement de manière négative. On comprend que cela choque, surtout dans une société pro-choix comme le Québec, mais à ce qu’on en sait, il est encore légalement permis d’être pro-vie. Pour peu qu’on accorde aux pro-vie le droit de s’exprimer, on leur permettra de présenter favorablement leur option, et défavorablement celle qu’ils combattent. Non ?
Liberté d’expression
Qu’on se comprenne bien. Il ne s’agit surtout pas de célébrer Unplanned, mais de défendre la liberté d’expression de tous, même celle des gens avec qui nous sommes en désaccord.