Un automne chargé attend le gouvernement Legault, mais il a la chance d’occuper toute la glace, pendant que ses adversaires en reconstruction piétinent.
Les amorces de course à la direction du Parti libéral du Québec et du Parti québécois suscitent tellement peu d’intérêt, même les caquistes en sont un peu surpris.
Chez les libéraux, des membres aimeraient convaincre Alexandre Boulay, ex-candidat à l’élection générale de 2018 dans Gaspé, de se lancer. Les apparatchiks de la CAQ haussent les épaules. « Alexandre qui ? » Le directeur d’une usine de fabrication de pales d’éoliennes a bonne réputation dans son coin de pays et serait en réflexion. Certains vantent son profil économique et régional, mais sa notoriété à l’extérieur de la région est minime.
D’autres ont fait circuler le nom d’Antoine Dionne Charest, fils de l’ancien premier ministre Jean Charest. Pour leur congrès, les jeunes libéraux se sont inspirés d’une lettre qu’il avait écrite l’automne dernier, dans laquelle il plaidait pour une constitution du Québec et une loi sur l’interculturalisme. Mais il nous a assuré hier qu’il n’avait « pas du tout » l’intention de se porter candidat. Et même s’il reconnaît avoir donné un coup de pouce à Dominique Anglade pour l’organisation de sa précampagne, il préfère ne pas lui accorder un appui formel ni à aucun autre candidat.
En marge du congrès des jeunes le week-end dernier, il manquait huit députés sur 29 pour le caucus des élus. Selon nos informations, la réunion a été monopolisée par une présentation de plus d’une heure sur « la mission » du parti de la nouvelle directrice et ex-députée Véronyque Tremblay. Certains ont roulé des yeux...
Temps durs aussi au PQ
Pendant ce temps au PQ, les mauvais signaux s’accumulent. Gabrielle Lemieux, jeune femme perçue comme la relève du parti, a annoncé qu’elle quittera la présidence cet automne. Véronique Hivon, très appréciée du public, ne sera pas de la course à la chefferie. Pour l’instant, le député de Jonquière Sylvain Gaudreault pourrait être seul sur les rangs. Très réservé jusqu’ici, il attendrait la tenue du congrès de refondation, en novembre, avant de faire connaître ses intentions. Selon le chroniqueur Bernard Drainville, le nom d’Alexis Deschênes fait rêver des militants qui voudraient le voir faire le saut. L’ex-journaliste et ex-candidat péquiste file le parfait bonheur depuis quelques années en Gaspésie. Il n’est pas en réflexion, mais se montrerait à l’écoute.
En bonne posture
Le gouvernement Legault se retrouve donc devant des adversaires affaiblis. Il a aussi mis derrière lui deux éléments polarisants que sont la laïcité et la refonte de l’immigration, bien que l’application de l’interdiction du port des signes religieux ne sera pas de tout repos.
Il évitera des déchirements internes en proposant que sa réforme du mode de scrutin soit soumise à un référendum, en même temps que la prochaine élection.
La ministre Sonia LeBel présentera le projet de loi qui a fait frémir certains de ses collègues inquiets pour l’avenir de leur job. Mais ils seront rassurés, la prochaine élection se tiendra selon le mode traditionnel.
Par ailleurs, la question délicate du 3e lien entre Québec et Lévis pourra être esquivée en partie cet automne puisque le gouvernement prétextera que le plan d’affaires sera déposé uniquement au printemps.
Il y a tout de même du pain sur la planche.
En éducation, Jean-François Roberge présentera le projet de loi abolissant les commissions scolaires au profit de nouveaux centres de services. Le ministre de l’Environnement Benoit Charette doit annoncer une consigne du verre élargie, présenter des mesures pour contrer la crise du recyclage et déposer le projet de loi sur la transformation du Fonds vert.
Le début des négociations du secteur public, la modernisation de la protection de la jeunesse et la crise des médias sont parmi les autres défis importants qui attendent le gouvernement Legault.
À lui de profiter des auspices favorables pour livrer la marchandise...