Le climat de nervosité entourant la Caisse de dépôt et placement du Québec gagne en intensité. L'institution québécoise a dû expliquer hier le changement de mandat de gestion apporté à son portefeuille d'actions internationales, mis plus tôt en relation avec les problèmes de santé éprouvés par le nouveau président. Dans la foulée, des rumeurs circulaient rapidement hier voulant qu'une radiation additionnelle de 6,9 milliards associée aux papiers commerciaux adossés à des actifs (PCAA) détenus par la Caisse devra être ajoutée à des pertes de marché s'annonçant déjà lourdes pour l'exercice 2008.
La Caisse de dépôt a tenu à préciser hier qu'elle avait modifié le mandat de gestion de portefeuilles d'actions internationales gérés à partir du bureau d'affaires de Montréal. On a fait le choix de s'en remettre à une politique de gestion indicielle plutôt qu'à une gestion active. La décision se traduit par l'élimination de dix postes. «Cette décision est sans lien avec la crise financière en cours ou le dossier PCAA. Elle est le résultat d'une démarche d'évaluation commencée il y a plusieurs mois. Les rendements obtenus jusqu'ici ne justifiaient pas les efforts accrus que demandait la gestion active par rapport à une gestion indicielle. Un tel changement se situe dans le cours normal des affaires», a souligné l'institution.
Ce choix de retenir une approche indicielle concerne 9 % des actifs gérés par le secteur Marchés boursiers et environ 2,9 % de l'actif net des déposants au 31 décembre 2007, qui atteignait 155,4 milliards.
Arrêt de travail
La Caisse a également voulu dissocier cette décision et l'arrêt de travail forcé du nouveau président et chef de la direction, Richard Guay, pour des raisons présumées d'épuisement. M. Guay a informé l'institution le 12 novembre qu'il devait interrompre ses activités professionnelles sur recommandation de son médecin, et ce, pour une période de quatre semaines. «Le conseil d'administration a accepté la recommandation de M. Guay [...] que Fernand Perreault, premier vice-président, Groupe immobilier, préside le comité de direction et coordonne les activités de la Caisse pendant cette période», peut-on lire dans le communiqué. Et la Caisse d'ajouter: «les orientations de l'institution pendant cette période agitée sur les marchés mondiaux sont claires et les dirigeants de l'institution connaissent bien leurs objectifs».
Il est attendu que cette période agitée sur les marchés financiers produira de lourdes pertes dans les portefeuilles des gestionnaires. Pour la Caisse, le chiffre de 30 milliards fait l'objet d'une récupération politique dans la campagne électorale québécoise, même s'il reste encore plus d'un mois à l'actuel exercice financier. Cette performance liée aux marchés devrait être alourdie par de nouvelles radiations associées à la présence de PCAA dans les portefeuilles de la Caisse.
L'an dernier, l'institution a créé une provision de 1,9 milliard, soit 15 % des 12,6 milliards qu'elle détenait. Or, selon une estimation récente, ces titres ne vaudraient plus qu'entre 15 et 40 % de leur cours initial, selon leur catégorie. La valeur moyenne pondérée ne serait plus que de 30 %, ce qui signifie une dévaluation sur papier de 70 %. Sur un encours initial de 12,6 milliards, on parle pour la Caisse d'une radiation totale de 8,8 milliards, ce qui impliquerait un effacement comptable additionnel de quelque 6,9 milliards cette année.
Il faudra toutefois attendre la conclusion du plan de restructuration des PCAA, sans cesse repoussée depuis août 2007. Le dernier report amenait cette conclusion à la fin du mois. Il appert qu'elle serait reportée au 31 décembre, soulignait-on hier de source non officielle.
La Caisse de dépôt sous pression
PCAA: de nouvelles radiations de 6,9 milliards en vue
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