Pourquoi elle fonctionne contre vous?

La British Canadian confederation

Jusqu’à ce jour inclusivement

Tribune libre

En minijupes carreautées et s’enivrant au lyrisme nasillard et constipé des cornemuses, ils célébreront l’an prochain leur British Canadian Confederation. C’est pour nous l’occasion de jeter un coup d’oeil sur l’origine de cette patente. Ne cherchez aucun autre exercice plus efficace que celui-là pour comprendre à peu de frais pourquoi et comment fut engendrée la British Canadian Confederation et pourquoi elle fonctionne contre vous jusqu’à ce jour inclusivement.

Je connais sûrement moins bien que Stéphane Dion l’Acte de l’Amérique du Nord Britannique. Heureusement. Cela me permet de ne pas me noyer dans les détails où s’égarent les constitutionnaleux, quand, pour masquer l’essentiel, ils soulèvent des nuages de poussière dans la cave et le grenier de ce building. Quelques radiographies me permettent de voir clairement le squelette de cette patente-potence qu’on m’a imposée pour m’y suspendre comme on y a pendu Louis Riel. Beau joueur, défenseur du fair play britannique et du canadian multiculturalism, après l’avoir tenu pendu pendant plus de cent ans au bout de sa corde, le Canada l’a dépendu pour en faire un Père de la Canadian Confederation avec sa corde au cou. Faut l’faire ! Et ils l’ont fait.

Jetons un coup d’oeil sur la photo de famille de ceux qu’on a pompeusement surnommés « Les Pères de la Confédération ».

Voyez : ils sont là, les 36 géniteurs barbus : 32 Britishs futurs Canadians pure wool et 4 francofuns moitié ceci et moitié cela : É.-P. Taché, George-É. Cartier, H.L. Langevin, J.C. Chapais. Assez délavés, ces francofuns, pour que le British Empire trouve tout naturel de les sirer : par exemple, Sir George-Étienne Cartier (sans s, please, ça fait plus sérieux). Ce triste siré inventa la célèbre définition qui résonne toujours comme un grelot sous le front de tant de francofuns glorieux : « Un Canadien français, c’est un Anglais qui parle français. »

And now, ladies and gentlemen, let the game begin, je veux dire la farce des « deux peuples fondateurs ». La future province de Québec comptait alors 34% des gens à confédérer. Elle aura 6 représentants dont 2 Britishs pure wool : Sir Alexander Tilloch Galt et Thomas D’Arcy McGee. Le New Brunswick et la Nova Scotia comptaient 19% des confédérables, mais ils auront droit à 14 géniteurs, britishs de A à Z. À quatre, plus précisément à deux et demi, les francophones devraient pouvoir tenir leur bout de la corde contre les 32 anglophones et nous engendrer une Canadian Confederation où les deux peuples fondateurs seront équitablement représentés. « Vas-y : t’es capab ! »

Un siècle plus tard, avec Lord Elliott Trudeau, lauréat Durham, il y aura une mise à jour, un recyclage, un rechapage de cette British Canadian Confederation. La finale s’est déroulée dans « la nuit des longs couteaux », où le Québec, seul contre dix, s’est fait imposer l’actuel CPC (Canadian Confederal Patchwork). Et depuis cette nuit glorieuse pour les traîtres, les Québécois vivent en portant au front le fleuron glorieux d’une Constitution qu’ils ont refusé de signer.

Deux de nos plus éminents traîtres francofuns furent les artisans les plus acharnés de cette deuxième exécution, pour la joie du ROC en block. Un troisième francofun, Stéphane Dion, fut chargé par le traître en second d’enrober et plastifier le patchwork dans le Bill C-20, spotlight destiné à éclairer for ever and ever, hallel-yes, le Canadian Patchwork.

Jetons maintenant un coup d’oeil sur un autre tableau pour vérifier comment leur patente a fonctionné de 1867 à aujourd’hui inclusivement. C’est une autre radiographie de ton épopée de colonisé. Le tableau en question, c’est celui de l’immigration. Le journaliste Jules Fournier, en se servant des chiffres officiels proclamés par le Canada, disait ceci en 1906 :

« Ce contre quoi nous protestons, c’est que l’on fasse du développement du pays le point d’appui d’une vaste conspiration montée contre notre race, avec la complicité, consciente ou inconsciente, de nos ministres et députés canadiens-français.

Sur 580,222 immigrants arrivés chez nous, depuis 1901, le ministère de l’Intérieur s’est arrangé de façon à ne laisser pénétrer au pays que 7,158 Français et Belges. SEPT MILLE sur CINQ CENT QUATRE-VINGT MILLE. Tous les autres parlaient anglais, hongrois, russe ou juif, mais pas un d’entre eux ne savait un traître mot de français. Au reste, voici, année par année, le nombre de Français et Belges venus au Canada, à côté du chiffre total de l’immigration :

Anglais, Améri- Français
cains, etc. Belges

1901-02 49,149 492
1902-03 67,379 654
1903-04 128,364 1,240
1904-05 146,266 2,392
1905-06 189,064 2,380

Comme on le voit, jusqu’ici le gouvernement a parfaitement réussi à éloigner du pays tous les gens qui parlent notre langue. »

Si tu n’es pas un francofun désossé et « rendu ailleurs », vois-tu que ces deux guets-apens avaient pour but de te castrer, de t’asphyxier et finalement de te dissoudre dans la Canadian Younité, avec les Chinois de Vancouver, les Tamouls de Toronto et les Doukhobors du Canadian Far Wouest ?

Souriez : le Canada vous aime ! Comme le Canadian-québécois Couillard s’égosille à vous le chanter, au moins deux fois par semaine, en duo avec Arthur Porter. Sous la direction du chef d’orchestre Justin Le Cool en manches de chemise roulées.

Squared

Viateur Beaupré32 articles

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Professeur à la retraite. Écrivain. Horticulteur, pêcheur et chasseur. Se bat depuis quarante ans pour défendre le français et l’indépendance du Québec.

Sept-Ïles





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1 commentaire

  • François A. Lachapelle Répondre

    16 mars 2016

    Bravo Viateur Beaupré pour cette belle illustration "du fair play britannique et du kénudiune multi-coltursshhh" (étirer la prononciation du sshhh").
    Heureusement qu'aucun senseur d'Ottawa n'a caviardé ton texte qui devrait être publié dans tous les journaux anglais du Canada et signé " Honi soit qui mal y pense !" (Ordre de la Jarretière).
    Je souhaite qu'un bédéiste illustre ton texte par une belle bande dessinée diffusée sur le net.
    Par mon immersion en Estrie à l'adolescence, plus particulièrement à Sawyerville à l'est de Sherbrooke sur la route du New-Hampshire, je me régale du passage suivant de votre texte, je cite: « And now, ladies and gentlemen, let the game begin, je veux dire la farce des « deux peuples fondateurs ». La future province de Québec comptait alors 34% des gens à confédérer. Elle aura 6 représentants dont 2 Britishs pure wool : Sir Alexander Tilloch Galt et Thomas D’Arcy McGee
    La résistance a ses mérites et mon séjour dans l'armée kanédiune me permet d'écrire que des Anglais du Canada respectent beaucoup, mais en silence, la résilience des Québécois malgré toutes les tentatives de les écluser.
    " Vive le Québec libre" a encore son impact à Ottawa et à Toronto ma chère outre la rivière des Outaouais. Il s'agirait que cette parole prophétique le soit aussi chez nous auprès des Québécoises et des Québécois.