La bâtonnière doit quitter son poste, selon une majorité de Québécois

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Un sondage très révélateur des intérêts de Power Corporation dans le dossier

Un peu plus de la moitié des Québécois croient que Lu Chan Khuong devrait quitter ses fonctions de bâtonnière dans la foulée de la déjudiciarisation d'une plainte policière pour vol à l'étalage, suggère un sondage CROP-La Presse.
Loin de vouloir démissionner, l'avocate a mis hier en demeure tous les membres du conseil d'administration du Barreau, leur demandant de la réintégrer dans ses fonctions et de s'excuser publiquement auprès d'elle.
Une courte majorité des répondants au coup de sonde (53%) ont affirmé à CROP que Mme Khuong «doit démissionner», alors que 26% ont fait valoir l'inverse. Un peu plus d'un sondé sur cinq (21%) a dit ne pas savoir quoi répondre.
Les résultats sont un peu différents à Québec, où Me Khuong pratique. Quarante-six pour cent des 205 répondants de la Vieille-Capitale voudraient qu'elle démissionne, contre 32% qui l'appuient.
«Dans ceux qui se prononcent, la tendance est claire vers la démission», a fait valoir Céline Berre, vice-présidente de CROP. En ce moment, le climat social «est clairement à l'éthique» au Québec et, dans plusieurs situations, «s'il y a un doute la personne doit démissionner» selon l'opinion publique.
La question posée par la firme dans le cadre d'un sondage non probabiliste était la suivante: «Le Barreau du Québec traverse actuellement une crise. Suite à une plainte à la police pour vol à l'étalage en 2014, dossier pour lequel elle a obtenu une déjudiciarisation et plaide la distraction, la bâtonnière fait face à une demande de démission de la part de son conseil d'administration. Croyez-vous qu'elle doit démissionner?»
Le sujet, inséré dans un sondage portant sur des questions diverses, a été abordé avec 996 répondants, de lundi soir dernier à hier matin.
«La question est tendancieuse telle que posée, elle est susceptible d'apporter ce résultat-là», a réagi Jean-François Bertrand, l'avocat de Mme Khuong. Selon lui, CROP n'aurait pas dû évoquer la «plainte à la police» déposée contre la bâtonnière. Il a aussi fait valoir qu'un sondage maison sur un site d'information juridique s'était conclu avec 83% d'appuis pour sa cliente.
Mise en demeure et vague d'appuis
Par ailleurs, l'équipe de la bâtonnière élue est passée à l'offensive, hier, en mettant en demeure le conseil d'administration du Barreau de réintégrer sa cliente et de lui offrir des excuses.
Dans sa lettre envoyée aux membres du C.A., Me Bertrand qualifie la décision de suspendre la bâtonnière de ses fonctions d'«intempestive, illégale et déraisonnable».
C'est que le conseil d'administration n'avait pas le droit de la suspendre, encore moins sans lui donner le temps de faire valoir sa version des faits et pour des faits qui ne méritaient pas ce genre de décision, a expliqué Me Bertrand en entrevue. «Du début jusqu'à la fin du processus, ç'a été fait de façon bâclée, a-t-il ajouté. On la traite comme une vulgaire criminelle.»
L'avocat ajoute que sa cliente a été «réconfortée par la vague d'appuis» qu'il a qualifiée «d'unanime à toutes fins pratiques» depuis sa suspension du poste de bâtonnière. «Elle va continuer sa bataille, elle veut reprendre son poste, elle veut instaurer le programme pour lequel elle a été élue.»
La section québécoise de l'Association du Barreau canadien a d'ailleurs diffusé hier un communiqué qualifiant les motifs de la suspension d'«insuffisants et contraires aux principes de justice fondamentaux qui animent notre profession pour justifier cette décision». Elle a appelé à l'ouverture d'une enquête sur la publication d'informations sur la déjudiciarisation de procédures criminelles.


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