Pour le respect de l’estuaire et du Golfe

L’urgence d’un ralliement des pêcheurs de l’Atlantique

La catastrophe : un signal qui nous mobilisera enfin ?

Tribune libre

La catastrophe qui affecte notamment nos cousins acadiens de Louisiane n’est-elle pas le signal que nous attendions pour enfin nous mobiliser, avec l’ensemble des communautés riveraines du golfe et de l’estuaire du Saint-Laurent, afin de préserver l’intégrité de ces eaux vitales et nourricières ?
Les pêches étant le principal dénominateur commun qui nous concerne – que nous habitions les régions maritimes Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine-Côte-Nord du Québec ou les côtes des provinces voisines de l’Île du Prince-Édouard, de la Nouvelle-Écosse, de Terre-Neuve-Labrador ou du Nouveau-Brunswick –, n’avons-nous pas le bon déblâme (prétexte) pour réclamer solidairement un MORATOIRE PERMANENT ET INTÉGRAL sur la prospection et la mise en valeur des gisements fossiles extracôtiers, ne serait-ce que par précaution, pour protéger justement ce qui n’a pas de prix et assurer une utilisation pérenne des ressources renouvelables que nous prélevons et cultivons sur les côtes et au large de cette mer enclavée davantage que le golfe du Mexique ?
Nos communautés n’ont-elles pas déjà été suffisamment affligées par les « moratoires-après-coup » pour corriger les désastres résultant des imprévoyances et des excès ? Ces erreurs ne devraient-elles pas nous inciter à nous mobiliser cette fois en faveur d’un MORATOIRE PRÉVENTIF ? La prévention et les pratiques exemplaires des homardiers des Îles, on le sait, ont été bénéfiques pour la durabilité des stocks.
Les sociétés de consommation effrénées auxquelles nous participons fidèlement, sous la bannière de la religion du marché libre et du profit illimité, ont développé des pratiques contraires au bon sens, substituant les mesures correctives de restauration-réparation aux vertus préventives de prudence et de modération. Les grands-prêtres que sont les entreprises pétrolières et leurs acolytes – qui sont d’ailleurs les premiers bénéficiaires des billets verts issus de l’exploitation de l’or noir –, réussissent assez bien à nous endoctriner sur le mirage d’un paradis terrestre de la richesse. Ils parviennent à nous rassurer (!) sur la sécurité (!) de leurs installations et des plans d’urgence pour contenir les risques de déversements accidentels.
La belle affaire ! Le niveau de responsabilité (!) des pétrolières et la collusion des gouvernements lorsqu’il s’agit de faire payer les pollueurs pour les dégâts sont bien connus. On n’a qu’à se souvenir comment ça s’est passé suite au naufrage de l’Irving Whale, en 1970 ! Le pollueur s’en est tiré à bon compte et a même récupéré sa barge ! Les sacs de mazout lourd contaminés aux BPC gisent encore dans nos dunes.
La pétrolière BP, à qui la complaisance du gouvernement a laissé la « responsabilité » de prendre les précautions pour éviter de tels désastres, en a profité pour se laver les mains quant aux risques de sa désinvolture. Elle a même été à l’origine de l’allégement des contrôles réglementaires pour l’industrie. Allons-nous croire qu’elle va s’acquitter, comme l’affirme Obama, des frais exorbitants inhérents à ce qui va devenir la pire catastrophe maritime ? Les dizaines de milliards ne seront épongés que très partiellement par les assureurs. La différence viendra, comme dans le cas de l’Irving Whale et de l’Exxon Valdez, des poches des contribuables.
Pour le respect de l’estuaire et du golfe Saint-Laurent, leurs pêcheurs en tête, les populations riveraines doivent se donner la main et se tenir debout !
Raymond Gauthier
des Îles de la Madeleine

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Raymond Gauthier17 articles

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Travailleur social retraité, il a été responsable de l’animation communautaire, de l’alphabétisation et de l’insertion socioprofessionnelle au Centre d’Éducation des adultes (C.S. des Îles). Il est membre fondateur et président du conseil d’administration de la corporation de Développement communautaire Unîle. Environnementaliste de la première heure aux Îles de la Madeleine, il milite depuis plus de 30 ans dans des organisations écologistes et est co-fondateur d’Attention FragÎles. Depuis 2004, il assure une vigilance permanente sur les projets d’exploration-exploitation d’hydrocarbures dans le golfe du Saint-Laurent (terrestres et extra-côtiers), ainsi que sur les dossiers connexes touchant l’énergie à la grandeur du Québec.

Votre région : Îles de la Madeleine





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7 commentaires

  • Raymond Gauthier Répondre

    6 mai 2010

    @ tous les JP Tellier, Pauline Marois, Jean Charest, Nathalie Normandeau et autres prêcheurs de la soi-disant « indépendance énergétique » du Québec, salut.
    Vous est-il déjà arrivé de vous poser la question suivante :
    AVONS-NOUS VRAIMENT BESOIN DE CETTE FORME D’INDÉPENDANCE ÉNERGÉTIQUE QUE VOUS PRÉCONISEZ ???
    Vous prétendez qu’il faut impérativement aller chercher l’or noir extracôtier dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent, parce qu’il vaut mieux contrôler l’approvisionnement et le prix de notre « propre » énergie sale que d’acheter l’énergie sale des autres.
    Vous dites : « Il faudra toujours une source pétrole pour la motorisation au Québec ».
    Il est vrai que le pétrole importé nous coûte la peau des fesses ;
    Donc, vous concluez qu’il faut produire notre propre pétrole pour assurer la motorisation au Québec.
    Votre raisonnement est basé sur une fausse prémisse.
    C’est aussi grotesque que de dire :
    Il y aura toujours des pauvres parmi nous ;
    Or on veut éliminer la pauvreté ;
    Donc la meilleure façon d’éliminer la pauvreté, c’est d’éliminer les pauvres.
    Je vous propose un autre raisonnement :
    Notre dépendance au pétrole est démesurée ;
    Or le déclin de l’ère du pétrole est amorcé ;
    Il nous faudra donc s’empresser de réduire notre dépendance au pétrole.
    Cela veut dire, en bon français, qu’il faut s’enligner autrement que vous et vos acolytes le proposez, i.e. remplacer progressivement les énergies fossiles par des énergies renouvelables pour parvenir le plus tôt possible à se libérer du pétrole.
    Dans mon livre à moi, l’indépendance énergétique, ça consiste à réduire notre dépendance au pétrole et non pas à remplacer la forme périmée d’énergie qu’on importe par le même type d’énergie qu’on pourrait produire au Québec.
    S’affranchir du pétrole, ça prend un certain temps : c’est un peu comme pour s’affranchir du Canada. Mais ça presse qu’on y mette le paquet.
    Raymond Gauthier

  • Archives de Vigile Répondre

    6 mai 2010

    Dans la mer du Nord,il y a harmonisation des intérêts économiques et écologiques entre les parcs marins d'éoliennes,l'extraction du pétrole et du gaz naturel,l'observation des baleines et les capitaines-pêcheurs.
    Plusieurs gouvernements y sont associés.
    Pourquoi pas ce type de réussite dans l'estuaire et le golfe St-Laurent ?
    Il faudra toujours une source pétrole pour la motorisation au Québec.Pourquoi consommer l'énergie étrangère sans contrôle sur le prix et l'approvisionnement ?

  • Serge Charbonneau Répondre

    5 mai 2010

    C'est sans réserve que j'appuie M. Gauthier dans sa lutte pour nous éveiller aux dangers pour notre golfe du St-laurent de l'exploitation pétrolière.
    Trop souvent nous nous retrouvons devant le fait accompli. Ce qui se trame dans notre golfe se fait en douce. De gros intérêts financiers sont en jeu. La protection de l'environnement et la qualité de vie des populations côtières et insulaires deviennent des valeurs "négligeables" pour ces exploiteurs sans limites.
    Dans ce cas-ci, avec ou sans l'Indépendance, le défi demeure le même. Nous ne sommes plus confrontés à un problème de juridiction, mais un problème de valeurs.
    Qu'est-ce qui est le plus important, la qualité de vie des riverains et des pêcheurs ou la rentabilité économique ?
    Il s'en trouvera pour nous rassurer qu'il n'y a aucun "risque". Aucun risque jusqu'au jour où nous constaterons un désastre irréversible.
    Il faut toujours s'efforcer de voir le bon côté des choses. On peut dire que le bon côté de la catastrophe incroyable qui se vit présentement dans le Golfe du Mexique c'est que cette tragédie peut favoriser l'éveil des citoyens sur certains dangers environnementaux reliés à l'exploitation «sans limites » de ce qui reste de ressources naturelles.
    Merci de nous éveiller, M. Gauthier.
    Serge Charbonneau
    Québec

  • Archives de Vigile Répondre

    5 mai 2010

    M Gauthier,
    Fâcher vous pas.
    De par votre localisation vous êtes particulièrement sensible à la question de l'exploitation des ressources faucilles, je le suis aussi. Je viens j'ai lu le livre de M Daniel Breton, Maitre Chez Nous 21 e siècle (MCN21), qui nous propose une stratégie d'État d'envergure avec pour but d'atteindre l'indépendance énergétique:
    http://mcn21.org/le-livre-mcn21/
    J'ai fais la proposition au SPQ-Libre (en assemblée annuelle) de faire une proposition principale au PQ qui porte sur l'indépendance énergétique inspiré de MCN21.
    Je dis que pour être maitre chez nous à cet égard il faut reprendre le contrôle de nos droits d'explorations, si non les choix nous échappent.
    Je suis d'accord avec vous que l'alternance politique n'offre pas nécessairement de garantie contre les manœuvres de manipulations du pouvoir politique par les géants de l'industrie pétrolière; seule la vigilance citoyenne très bien structurée peut nous assuré que le bien publique peut être préserver.
    Si vous avez lue mes textes sur la Caisse vous serez convaincu que j'ai pleinement conscience que notre État est squatté par une gagne de rapaces et qu'il y a urgence pour les citoyens d'organiser une défense de nos grandes institutions (Hydro Qc et la Caisse) et de notre État en général.
    C'est d'ailleurs ce thème de la défense du bien publique en mode urgence qui devrait animé le mouvement: Maintenant.
    J'espère y revenir
    Salutations
    JCPmerleau

  • Archives de Vigile Répondre

    5 mai 2010

    Pour un moratoire sur le forage.
    [« C'est dans la plus totale indifférence que les conservateurs, mais aussi leurs prédécesseurs, les libéraux, ont revu à la baisse les exigences imposées aux grandes entreprises d'énergie ces dernières années.
    Qui se souvient qu'en 2005, le ministre Stéphane Dion a modifié la loi canadienne sur l'évaluation environnementale afin de faciliter le forage exploratoire au large des côtes? On biffait alors l'obligation d'«une étude approfondie» pour la remplacer par un banal «examen préalable».

    Qui s'intéresse aujourd'hui du sort du projet de loi C9, adopté en deuxième lecture, qui affaiblit à nouveau cette loi environnementale? Celle-ci permettra au gouvernement de décider quel projet peut contourner l'évaluation, de «simplifier» les études approfondies et de soustraire de tout examen environnemental «certains projets d'infrastructure» dont le financement provient d'une source fédérale.
    Qui se souciait, de la même manière, des pressions exercées sur l'Office national de l'énergie du Canada, ces derniers mois, par un groupe de pétrolières qui souhaite forer sans puits de sécurité? N'eut été de la marée noire, dont l'ampleur s'explique précisément par l'absence d'un tel puits, la demande aurait probablement été acceptée, sans que personne ne s'en aperçoive.
    À part quelques députés de l'opposition qui veillent au grain loin des caméras, rares sont ceux qui sont allés au front pour empêcher un tel nivellement des exigences par le bas. Ce qui a permis au gouvernement de consentir aux demandes de l'industrie sans grandes difficultés.

    Le gouvernement fédéral a le devoir d'imposer un moratoire sur tout octroi de permis ou de forage, le temps d'un débat public d'urgence devant le comité des ressources naturelles.»]
    Source ; François Cardinal,La Presse,5mai 2010

  • Raymond Gauthier Répondre

    4 mai 2010

    Cher monsieur Pomerleau,
    Êtes-vous à ce point insensible à ce que nous ressentons comme êtres humains - partie de l'écosystème du golfe et en interrelation avec les autres êtres vivants qui l'habitent - pour n'avoir que des propos dénués de compassion chaque fois que j'écris quelque chose sur le sujet ?
    « La première condition pour se doter d'une politique responsable c'est de reprendre possession de nos droits d'explorations pétrolier et gazier qui appartenaient à Hydro-Québec et qui ont été bradé au privé par Charest », dites-vous.

    La première condition pour se doter d'une politique responsable, selon moi, serait de se sentir solidaire des populations riveraines de l’estuaire et du golfe qui devront, tôt ou tard, subir les conséquences de l'irresponsabilité des exploiteurs de ressources et des gouvernements qui les encouragent et les cautionnent, même si nous reprenions enfin possession de nos droits d'explorations pétrolier et gazier qui appartenaient à Hydro-Québec et qui ont été bradé au privé par Charest ? À moins que les Québécois d’ici le Pays nouveau ne décident de faire d’autres choix de société, plus conséquents avec la fin de l’ère du pétrole à bon marché.
    Je suis un indépendantiste de la première heure. Cela ne m'empêche pas d'être critique envers les gens qui ne pensent qu'à court terme, en préconisant le contrôle et l'exploitation de ressources « passées date », alors que le Pays dont nous rêvons dispose d'un potentiel énergétique renouvelable éminemment plus porteur d'avenir. C’est du moins mon opinion.
    Cela dit, je suis de votre avis quant à maîtriser nos ressources naturelles via notre État et à mettre un terme à la dépossession de notre souveraineté collective au bénéfice de l'entreprise privée, comme le fait Charest et comme le ferait Marois si elle était au pouvoir.
    C'est la raison pour laquelle je crois que notre indépendance se fera par le peuple en éveil et non par quelque parti politique que ce soit.
    Mais vous avez droit à votre opinion.
    Salutations cordiales,
    Raymond Gauthier

  • Archives de Vigile Répondre

    4 mai 2010

    La première condition pour se doter d'une politique responsable c'est de reprendre possession de nos droits d'explorations pétrolier et gazier qui appartenaient à Hydro-Québec et qui ont été bradé au privé par Charest.
    JCPomerleau