L’oracle Bouchard s’est prononcé ! Le rapport du BAPE est « sage ». Sans le réaliser, Lucien Bouchard vient d’infliger le baiser de la mort au rapport du BAPE. En effet, sachant que Lucien Bouchard représente dans le dossier des gaz de schistes la position de l’industrie, et que les intérêts de celle-ci sont aux antipodes des intérêts du Québec, si Bouchard trouve ce rapport « sage », c’est nécessairement que les intérêts du Québec y sont mal servis.
Voilà le résultat pitoyable devant lequel nous place la décision de l’industrie de confier la défense de ses intérêts à un ancien premier ministre. Dans la foulée, Lucien Bouchard a perdu le peu de crédibilité d’homme d’État qui lui restait (après l'affaire Michaud et les Lucides), et l’industrie acquiert une réputation de manipulatrice. J’ignore dans quel cerveau débile ce plan a germé, mais tout le monde y perd : Bouchard, au plan de la crédibilité certainement si ce n’est pas le cas au plan du portefeuille (même si quelqu’un a déjà dit que « sans argent, l’honneur n’est qu’une maladie »), l’industrie, le BAPE, le gouvernement Charest, le Québec et les Québécois. Et le pire, c’est qu’il y a sûrement un « p’tit malin » qui a vendu ça comme une approche où il n’y aurait que des gagnants !
En fait, on nage dans la confusion des genres la plus totale. Un rapport « sage » ! Depuis quand l’opinion d’un justiciable sur son juge est-elle pertinente ? Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Bouchard représente l’industrie et il se permet de se prononcer sur la sagesse de son juge. Comme si cela avait de l’importance... Comme si cela pouvait même avoir plus d’importance que l’opinion du BAPE. Non mais pour qui se prend-il ce Bouchard ? Il n’est plus premier ministre. Il n’est même plus un ex-premier ministre. Il n’est que le porte-parole d’une industrie louche soupçonnée de s’être appropriée par des moyens douteux, et pour une bouchée de pain, le bien des Québécois.
Et le comble de l’indécence est atteint lorsque Bouchard dit que le Québec aura droit à « sa juste part des redevances ». Comme si quelqu’un d’autre pourrait aussi avoir droit à une part ! Est-il en train de suggérer qu’il pourrait avoir droit à une quote-part ? Au point où l’on en est rendu, il faut s’attendre à tout.