On se rappellera l'entêtement du premier ministre Jean Charest, au printemps dernier, à maintenir la baisse d'impôts d'un milliard de dollars promise pour janvier 2008 malgré la menace de renversement du gouvernement. À cause de cet engagement du premier ministre, les libéraux auraient donc été malvenus, cette semaine, d'annoncer leur intention de récupérer le point de TPS abandonné par Ottawa. Mais voilà un gouvernement qui ne peut plus rien demander à Ottawa malgré sa situation précaire.
Lorsque le gouvernement Charest a annoncé des baisses d'impôt, quelques semaines seulement après avoir convaincu Ottawa de s'attaquer au déséquilibre fiscal, ils ont été nombreux à lui rappeler que l'argent aurait dû être consacré à la santé et à l'éducation et non à la réduction des impôts. Au cours de l'été, le premier ministre Stephen Harper lui-même aurait dit que c'en était fini avec les provinces, que le seul déséquilibre auquel il fallait s'attaquer désormais était entre Ottawa et les contribuables.
Cette semaine, l'occasion était belle pour le Québec de rapatrier sans quémander une partie de l'assiette fiscale fédérale à la source du déséquilibre avec les provinces. Pour limiter la grogne populaire qui n'aurait pas manqué de se faire entendre, on aurait pu invoquer l'amélioration des services et des infrastructures, on aurait même pu limiter la hausse de la TVQ à un demi-point de pourcentage, ce qui aurait tout de même rapporté plus d'un demi-milliard supplémentaire par année. L'Ontario était là pour servir de comparaison puisque la taxe de vente y est déjà fixée à 8 %.
En termes strictement économiques, les experts s'entendent pour dire qu'il vaut mieux taxer la consommation des gens que leur travail, surtout au Québec, où les taux d'imposition frappent durement les ménages à revenu moyen et les travailleurs les plus productifs, y compris ceux qui acceptent de faire des heures supplémentaires. À titre d'exemple, un salarié qui gagne 50 000 $ par année au Québec doit céder 15 800 $ aux deux gouvernements en impôts et en charges sociales, soit plus de 31 % de son année de travail. C'est beaucoup!
Par la récupération des deux points de baisse de la TPS abandonnés par Ottawa depuis deux ans, Québec aurait réglé une bonne partie de ses problèmes financiers en ajoutant 2,2 milliards à ses revenus annuels sans rien changer aux conditions de vie des familles. Même les plus pauvres, qu'on dit les plus affectés par les taxes indirectes, y auraient gagné au change puisque Ottawa a maintenu son crédit de TPS au niveau antérieur malgré la diminution de la taxe.
Si le gouvernement Charest a choisi de ne pas suivre la recommandation des experts, c'est qu'il n'a pas la capacité politique d'agir, on le comprend. Lui qui a annoncé des baisses d'impôt pour janvier prochain se serait fait reprocher de reprendre d'une main ce qu'il donne de l'autre. Pourtant, hausser la TVQ en échange d'une baisse d'impôt, n'est-ce pas précisément ce qu'avait fait l'ancien ministre des Finances, Bernard Landry, en janvier 1998, sans coup férir?
Il est maintenant trop tard pour revenir en arrière. Les consommateurs peuvent s'en réjouir puisqu'ils profiteront d'un léger répit sur les deux tableaux. Mais une fois de plus, quelle belle occasion ratée de combler une partie de l'écart qui subsiste entre la capacité du Québec et celle d'Ottawa de percevoir les revenus nécessaires pour assumer pleinement leurs responsabilités respectives!
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