L’injonction de tolérance : une intolérance travestie !

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« La vraie caractéristique de la vie moderne n’est pas sa cruauté ou son insécurité, mais plutôt sa stérilité, sa morosité, son apathie. »


Une confusion malsaine règne autour de la notion de tolérance. On infantilise les citoyens à vouloir les empêcher de (mal) penser, à leur dicter ce qu’ils peuvent dire, ou pas. Or, tout a des limites. « La tolérance, il y a des maisons pour ça ! », disait Paul Claudel.


Mais de quoi parle-t-on ? Chargées de créer ex nihilo une nouvelle civilisation vide de sens, les groupies de « La Fuite en avant » (LREM) semblent s’inspirer du « paradoxe de la tolérance » décrit par Karl Popper, pour qui la tolérance illimitée mène inéluctablement à sa propre perte (cf. La Société ouverte et ses ennemis). Cette thèse expliquerait pourquoi les « chiens de garde de la bien-pensance » se croient fondés, par médias dominants interposés, à matraquer quiconque évoque une différence.


Or, la tolérance qu’on prétend nous imposer n’a rien de vertueux, puisque c’est une obligation, lourde de sanctions judiciaires et sociales pour les « déviants ». Pourquoi ne pas laisser les outranciers et les hurluberlus se discréditer en misant sur le bon sens et le discernement critique d’une majorité raisonnable et éclairée ? Le bâillonnement n’empêche pas le passage à l’acte ; au contraire, il le provoque. À moins que ne ce soit le but recherché ?


À terme, parachèvement de la société de contrôle, plus besoin de lois écrites. Dans 1984, Winston Smith constate qu’il n’y a plus de crimes quand il n’y a plus de mots pour les nommer : « Ce n’est pas illégal, rien n’est illégal puisqu’il n’y a plus de lois, mais si cette activité était découverte, il y a tout lieu de croire qu’elle serait punie de mort … Au bout du compte, le Parti annoncera que deux et deux font cinq et il faudra bien l’accepter. » De nos jours, la mort est sociale.


Des lois sur les « fake news » à d’autres sur les « fake thoughts », il n’y a qu’un pas. Si l’on permet ces dérives totalitaires, personne n’y éschiappera. Suivant cette logique absurde, même les « intolérants » au gluten feront bien de se méfier du fichage-flicage par mots clés. Car les GAFA à l’intelligence très artificielle font preuve d’intolérance aveugle quand, par exemple réel et actuel, ils censurent des propos critiques d’une loi « liberticide » (mot tabou rejeté) au motif qu’ils inciteraient à la violence.


Oui à l’intelligence libre et responsable. Non à l’injonction qui contrefait la vraie tolérance, celle qui nomme les différences et les prend en considération. Sous peine de connaître le sort de Winston Smith : « Il est possible que les conditions de vie moyennes soient meilleures qu’avant, la seule preuve du contraire étant cette protestation muette qu’on ressent jusqu’à la moelle, cette impression instinctive qu’on vit une vie insupportable et qu’en d’autres temps il devait en aller autrement. La vraie caractéristique de la vie moderne n’est pas sa cruauté ou son insécurité, mais plutôt sa stérilité, sa morosité, son apathie. »