Un mois après son retour sur une scène politique dont il n’avait jamais quitté les coulisses, 75 % des Français estiment que Nicolas Sarkozy a raté son retour, 77 % que s’il a beaucoup parlé, c’était pour ne rien dire et 24 % seulement des sondés, contre 45 % à Alain Juppé, souhaiteraient le voir représenter la droite lors de la prochaine élection présidentielle.
La situation paraît donc assez claire, et la partie on ne peut plus mal engagée pour l’ancien président de la République. Pourtant, il faut le reconnaître, celui-ci fait salle comble chaque fois qu’il se produit en soirée, notamment sur la Côte d’Azur, de jeunes militants arborent fièrement des tee-shirts à son effigie, des personnes d’âge mûr, apparemment équilibrées, se bousculent pour être prises en photo à ses côtés, ses propos déchaînent les acclamations, des groupies en extase tombent en pâmoison rien qu’à le voir et à l’entendre, des adorateurs au bord des larmes tentent de l’approcher, de le toucher, d’agripper au moins sa manche ou sa montre, le même sondage qui le donne battu en 2017 nous apprend que 54 % des sympathisants de l’UMP le préfèrent à Juppé, qui n’en séduit que 30 % et nul ne doute que, le 29 novembre prochain, les adhérents du parti lui assureront une élection de maréchal.
Comment expliquer une telle distorsion entre la masse des Français et la grande majorité des Zuemmepés ? Les résultats, encore confidentiels, d’une étude menée par une équipe de chercheurs qualifiés et impartiaux fournit enfin l’explication scientifique d’un phénomène qui défie la raison et devant lequel les observateurs restaient jusqu’à présent perplexes.
L’ADN des Zuemmepés a enfin parlé. Il apparaît que les membres de cette population sont porteurs d’une malformation génétique qui se traduit par une altération profonde et permanente de leur perception, de leur vision, de leur jugement et de leur mémoire. Ainsi s’explique enfin que lorsqu’on leur demande de décrire et de qualifier leur champion, ils le voient « grand » (100 %), « rassembleur » (100 %), « efficace » (100 %), « cohérent » (100 %), « désintéressé » (100 %), « franc » (100 %), qu’ils le suivent sans sourciller dans les variations et les virages de son parcours, qu’ils gardent un souvenir positif de son quinquennat au point de souhaiter qu’il puisse de nouveau sévir pendant cinq ans et qu’ils s’apprêtent à le remettre en selle à la fin de ce mois.
Les savants qui ont réalisé ce beau travail divergent sur l’origine de cette addiction. Pour les uns, elle ne saurait résulter que d’une longue suite de mariages consanguins qui se serait traduite par une dégénérescence politique ; pour les autres elle tient seulement à l’absence d’un gène qui immunise ses porteurs contre un certain type de propagande. Quoi qu’il en soit, ayant identifié le mal, ils en cherchent évidemment le remède et ne désespèrent pas d’aboutir.
À la lumière du sondage précité (paru dans Le Parisien daté de ce samedi), les risques de contamination et d’extension de l’épidémie paraissent heureusement limités. La présidence de l’UMP n’est pas la présidence de la République française. Si la tribu des Zuemmepés est résolue à porter son chef sur le pavois, il n’en est pas de même – on l’a vu – des Français dans leur ensemble. Or, par bonheur, si les Zuemmepés sont presque tous français, les Français, pour la plupart, ne sont pas Zuemmepés.
L’idole des Zuemmepés
Ouf !
Dominique Jamet36 articles
Il a présidé la Bibliothèque de France et a publié plus d'une vingtaine de romans et d'essais.
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