S'il est vrai, comme l'a déjà dit Pierre Trudeau, que l'État n'a rien à faire dans la chambre à coucher des citoyens, la réciproque, elle, n'est pas nécessairement vraie. Surtout quand un des ministres les plus en vue du gouvernement entretient des liens avec une ex-femme de Hells Angels.
Depuis des semaines, les principaux médias écrits et électroniques du Canada (dont La Presse qui compte deux des meilleurs spécialistes du crime organisé, André Cédilot et André Noël et, permettez l'auto-floraison, une équipe politique solide) savent que le ministre des Affaires étrangères du Canada, Maxime Bernier, a fréquenté ces derniers temps une jeune femme ayant eu des conjoints motards, dont un a été assassiné en 1996.
Depuis des semaines, ces médias gardaient le pied sur le frein, cherchant à en savoir plus sur la mystérieuse compagne du chef de la diplomatie canadienne avant de publier des articles. Mais l'histoire, depuis quelques jours, faisait de plus en plus de bruit à Ottawa et à Montréal.
Les journalistes étaient au courant, les partis de l'opposition aussi, de même que les collègues ministres de M. Bernier, sans oublier, évidemment, le bureau du premier ministre.
On a finalement éventé la mèche, hier, quand des journalistes ont posé la question à Gilles Duceppe, Stéphane Dion, Denis Coderre
Où est l'intérêt public d'une telle histoire? demanderez-vous peut-être.
Posez la question autrement: est-ce que l'intérêt public est bien servi quand les journalistes, les partis de l'opposition et le gouvernement gardent pour eux une affaire potentiellement embarrassante pour un acteur important de la scène politique? Rappelons ici que nous ne parlons pas d'un obscur simple député dont personne ne parle jamais, mais du chef de la diplomatie canadienne.
Les médias ont posé toutes sortes de questions sur des liens possibles entre André Boisclair, son entourage et le crime organisé quand les histoires de cocaïne de l'ancien chef péquiste ont été étalées sur la place publique. Et il ne faudrait pas poser quelques questions sur les fréquentations de la dame qui risquait d'accompagner le ministre des Affaires étrangères dans les cercles diplomatiques?
Ajoutez à cela que Maxime Bernier a suscité récemment bien des questions quant à son jugement, notamment quand il a affirmé que le gouvernement afghan devrait démettre le gouverneur de Kandahar de ses fonctions. L'affaire des Jos Louis a collé aussi au ministre Bernier et mine depuis des mois sa réputation, même s'il n'est pas entièrement responsable de ce désastre de relations publiques (dans les faits, il s'est fait embarquer dans une mise en scène grotesque orchestrée par le bureau du premier ministre).
On ne peut pas dire non plus qu'il a été très discret sur sa vie privée. En août, son ex-compagne avait fait forte impression dans les très pudiques cercles conservateurs en se présentant à Rideau Hall dans une robe légère, plutôt jolie au demeurant, mais peu adaptée à la cérémonie de prestation de serment de son «boyfriend» au poste de ministre des Affaires étrangères. Avec indulgence et un certain amusement, la plupart des témoins de la scène avaient alors parlé d'une faute de goût. Certains, d'audace. Mais au bureau du premier ministre, on estimait plutôt qu'il s'agissait d'un manque de jugement de la part du jeune ministre.
Manque de jugement que j'avais pu vérifier avec deux collègues journalistes lors d'une rencontre fortuite avec Maxime Bernier, un soir d'octobre dans un restaurant d'Ottawa. Le bonhomme est charmant, certes, mais trop bavard. Ce soir-là, il nous avait raconté ses malheurs de Jos Louis en Afghanistan avec une candeur presque touchante.
C'est quand il a enchaîné plus tard en nous disant qu'il avait appelé plus tôt dans la journée le patron de Quebecor, Pierre Karl Péladeau sur son cellulaire, pour lui souhaiter bon anniversaire que j'avais vraiment tiqué. Je me souviens d'avoir pensé: ce gars-là est vraiment naïf de s'ouvrir à ce point à des journalistes ou alors il manque sérieusement de jugement en pensant nous impressionner avec ses amis riches et puissants
400e de Québec-en-Canada
Le Bloc et le Parti québécois trouvent que le gouvernement fédéral essaye de récupérer le 400e de Québec à des fins politiques en envoyant la gouverneure générale, Michaëlle Jean, au lancement des festivités en France?
Ils auraient intérêt à s'y faire. Comme le dit la chanson: non c'est pas fini, ce n'est qu'un début Au cours des prochains mois, le gouvernement fédéral vivra un véritable «Québec-love».
Après le coup d'envoi du 400e par Michaëlle Jean en France cette semaine, le premier ministre Stephen Harper passera de nouveau vraisemblablement la Saint-Jean-Baptiste (pour la troisième année d'affilée) au Québec.
Il remettra ça, à Québec, le 3 juillet et peut-être même le 1er juillet, puisque le thème de la fête du Canada, cette année, est, eh oui: les 400 ans de Québec, berceau du Canada.
Ce n'est pas tout, M. Harper fera découvrir les merveilles de Québec à ses députés, quelques semaines plus tard, fin août, en y tenant le caucus national de son parti. L'année du Québec au fédéral culminera, évidemment, à la mi-octobre avec le Sommet de la francophonie.
Gilles Duceppe peut bien déchirer sa chemise aux Communes, mais il aurait dû lire les petits caractères de la motion sur la nation québécoise avant de l'appuyer, en 2006.
Celle-ci disait: «Les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni.»
Les anniversaires, c'est bien connu, rapprochent les familles.
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