L'étapisme furtif

Alimenter, enraciner l'indépendance: voilà à quoi se consacrerait en priorité, selon Gérald Larose, un prochain gouvernement du Parti québécois. Est-ce aussi le plan de Mme Marois?

Furtif? Comment faut-il le dire? Ces "gestes de souveraineté" seront ouvertement posés comme autant de pas dans la "marche inéluctable" vers l'indépendance. L'histoire conflictuelle Canada-Québec s'accomplit sous nos yeux.


Après «séparation», «indépendance», «souveraineté-association», «pays», «rupture», voici que le mot «référendum» est désormais banni du vocabulaire des dirigeants du Parti québécois. Aux prochaines élections, le PQ demandera aux Québécois le mandat de faire des «gestes de souveraineté».


Que seront ces «gestes de souveraineté»? Tout dépend du stratège consulté. Pour Louis Bernard, toutes les mesures visant à affirmer l'autonomie du Québec ont été des «gestes de souveraineté», de l'adoption du fleurdelisé par Maurice Duplessis jusqu'au rapatriement des congés parentaux par Jean Charest, en passant par la mise sur pied du Régime des rentes du Québec par Jean Lesage. Autrement dit, un gouvernement Marois se comporterait comme tous les gouvernements québécois l'ont fait dans le passé, y compris les plus fédéralistes d'entre eux.
Pas du tout, explique l'inspirateur de ce énième virage péquiste, Gérald Larose. Pour lui, le prochain gouvernement du PQ «transformerait la gouvernance provinciale en gouvernance souverainiste», c'est-à-dire qu'il multiplierait les mesures visant à «fonder les assises du Québec souverain».
À ses militants, la chef du PQ dira qu'il s'agit de préparer le terrain pour la souveraineté. Aux électeurs inquiets, Pauline Marois jurera que non, non, des «gestes de souveraineté», ça ne mène pas à l'indépendance. Car il existe une autre nuance: il y a les «gestes de souveraineté» et les «gestes ultimes de souveraineté». Limpide, non?
Certains s'amusent de ces gesticulations péquistes. Ils commettent une grave erreur. Ces mots révèlent une nouvelle stratégie. Une stratégie à deux pinces.
Multiplier les «gestes de souveraineté», c'est d'une part adopter la tactique du picador: harceler Ottawa de revendications et de provocations dans l'espoir que le fédéral se braque, d'où crise, humiliation, référendum.
Les «gestes de souveraineté», c'est d'autre part la voie homéopathique vers la rupture. C'est amener les Québécois, à doses infinitésimales, à quitter l'univers mental canadien pour celui d'un pays indépendant. Une fois que le Québec aura sa constitution, sa citoyenneté, etc., le fossé à franchir pour atteindre la souveraineté complète paraîtra moins effrayant. C'est de l'étapisme furtif.
Gare aux fédéralistes osant prétendre que le PQ veut subrepticement entraîner les Québécois vers l'indépendance; on les accusera de mener «une campagne de peur». Pourtant, comme l'écrivait M. Larose dans L'Action nationale, «les mots ont un sens». «Gestes de souveraineté» ne peut pas vouloir dire la même chose que «gestes d'autonomie». Gouverner comme Jacques Parizeau, ce n'est pas gouverner comme Robert Bourassa!
«La gouvernance souverainiste, de manière systématique, devra cibler des politiques et des institutions à ériger pour alimenter ce projet central, l'enraciner dans les débats, lui donner son véritable sens et accumuler de l'expérience et des acquis qui appelleront la complétion du processus», explique le président du Conseil de la souveraineté.
Alimenter, enraciner l'indépendance: voilà à quoi se consacrerait en priorité, selon Gérald Larose, un prochain gouvernement du Parti québécois. Est-ce aussi le plan de Mme Marois?
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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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