L’épuration, c’est ce qui s’est passé au lendemain de la libération de la France, en août 1944.
L’occupant parti, les Français ont commencé à régler leurs comptes.
Tu étais trop ami avec l’ennemi ? Paf, tu perdais ton poste. Tu avais osé travailler dans un bar fréquenté par les boches ? On inscrivait ton nom sur une liste noire.
Tous ceux qui étaient soupçonnés de s’être un peu trop penchés du mauvais côté de 1940 à 1944 durent rendre des comptes. Plusieurs perdirent leur emploi. D’autres prirent le chemin de la prison.
On épurait la France, les amis. On décrassait, on purifiait, on se débarrassait de la racaille.
LA CHASSE AUX COLLABOS
Dans Uranus, roman sulfureux paru en 1948 (et transposé à l’écran en 1990), Marcel Aymé peint un portrait décapant de la France à l’heure de l’épuration.
Pour chaque véritable collaborateur lynché en public, combien de Français honnêtes ont tout simplement été victimes d’une vendetta, d’un règlement de comptes personnel ?
Le boucher du coin a couché avec ma femme ? Je vais le dénoncer comme collabo, le salaud ! L’épicier a une bouille qui ne me revient pas ? Je vais l’accuser de tractation avec l’ennemi et le balancer aux résistants !
On n’avait même pas besoin de preuve solide pour faire le ménage. Une allégation, une vague rumeur, et on te mettait dans le même panier que les pires crapules.
Bref, ce n’était pas joli, joli.
Plusieurs profiteurs et de nombreux jaloux sautèrent sur l’occasion pour détruire la réputation d’innocents qui n’avaient rien à se reprocher.
L’AUTRE LIBÉRATION
Aujourd’hui, on assiste à un autre genre de libération.
On se débarrasse de l’homme blanc hétérosexuel qui maintient l’Occident sous son joug depuis trop longtemps. Allez, dégage ! Décampe, on n’est plus capable de te voir en peinture !
C’est maintenant aux femmes et aux minorités sexuelles et « racisées » de sortir de l’ombre et de prendre le devant de la scène.
Et pourquoi pas ? La roue tourne, les choses changent, l’Histoire avance. L’heure est maintenant à l’épuration, aux procès d’intention et aux exécutions sommaires.
Là encore, pas besoin de preuve solide pour vouer les salauds aux gémonies : une rumeur, une allégation, et paf, on te traite d’homophobe, de raciste, de misogyne ou même d’agresseur sexuel. On te marque au fer rouge, et on te laisse te démerder avec ta réputation en lambeaux.
LES PARIAS
Un peu partout, dans les universités, des professeurs auparavant respectés sont maintenant traités comme des parias, des fachos.
On les pointe du doigt, on les traite de tous les noms.
Là encore, pour chaque coupable qui n’a que ce qu’il mérite, combien d’innocents condamnés à la cour du tribunal populaire ?
Que voulez-vous, quand on épure, on n’a pas le temps de mettre des gants blancs. La présomption d’innocence devient un obstacle. Faut faire le ménage, passer la gratte ! Aux condamnés de prouver qu’ils n’ont rien à se reprocher ! Le simple fait que des rumeurs circulent sur leur personne n’est-il pas la preuve qu’ils sont coupables ?
Après tout, il n’y a pas de fumée sans feu...
C’est l’épuration, les amis ! La chasse à la vermine ! Faut ce qu’il faut pour préparer un monde meilleur...