L'élection décisionnelle de Claude Bariteau

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Quitter le monde de l'imaginaire pour fonder le Québec

Claude Bariteau, Le Devoir mardi 18 octobre 2005


En pratique, élection décisionnelle veut dire que toute personne qui vote
pour le Parti Québécois s'est déjà mis d'accord avec une prise de position
publiquement exposée par le Parti, avant l'élection, en toutes lettres dans
tous ses communiqués officiels, sans équivoque aucune. Cette prise de
position s'exprime comme suit:



VOUS VOTEZ POUR LE PARTI QUÉBÉCOIS.



PAR CE VOTE, VOUS DÉCIDEZ CE QUI SUIT`:



1. Vous reconnaissez le Québec comme le foyer national d'un peuple
dont vous faites partie ou dont vous avez décidé de faire partie.



2. Vous reconnaissez le Québec comme un État, naturel et légitime,
à qui vous accordez toute votre loyauté. Vous ne reconnaissez pas
le Québec comme une province, un espace inféodé à un pouvoir
unitaire et arbitraire artificiellement constitué à Ottawa pour
servir les
intérêts et les fins d'une oligarchie. Votre décision s'appuie sur
les
statuts naturels des peuples, des Nations et des États.



3. Vous ne reconnaissez pas le gouvernement fédéral à Ottawa comme
votre État légitime, peu importent les pouvoirs qu'il puisse
maintenir
pour inféoder le Québec et vous inféoder par le fait même.



4. Vous appuyez l'État du Québec dans sa démarche pour
se défaire de l'État centralisateur, unitaire, arbitraire et
illégitime d'Ottawa.



5. Vous vous rendez compte qu'il existe deux États au Québec: l'État
naturel
du Québec avec sa capitale nationale, Québec, fondée en
1608, et l'État impérial, unitaire et inutile d'Ottawa, fondé en
1867
au service d'une oligarchie qui se maitient en place depuis ce
temps. Entre ces deux États, il y en a un
de trop et il faut l'éliminer. Certes, on pourrait garder le seul
État d'Ottawa,
mais comme l'expérience l'a prouvé au cours des 198 dernières
années,
cet État serait au service de l'Ontario et de l'Oligarchie de Bay
Street,
non au service du Québec, qui y serait encore plus inféodé qu'il ne
l'est maintenant. Donc, l'État centralisateur d'Ottawa doit être
éliminé,
complètement éliminé. Les demi-mesures ne valent rien.



Il n'y a pas à y revenir. Si vous avez pris une autre décision que celle que
nous venons d'articuler sans ambiguïté, alors votez pour un autre parti.



Cette décision initiale prise, les référendum qui suivront porteront sur la
Constitution à donner au Québec et d'autres problèmes connexes.



Voilà ce à quoi veut en venir Claude Bariteau dans son appréciation du
contexte et son appréhension des situations à venir, selon sa perspective
d'anthropologue.



Cette position est analogue à celle de la géopolitique et des principes qui
gouvernent la stratégie d'État. Ce qui diffère, c'est l'appréciation du
contexte.


En géopolitique, cette appréciation se fonde sur les jeux d'intérêts, de
rapports de forces et de nécessités liées à l'effectivité des États comme
tels. De plus, la géopolitique se préoccupe des statuts territoriaux de
fait (de facto) et de droit (de jure), de même que les principes universaux
qui régissent toute stratégie d'État.



Les éléments de base qui appuient l'appréciation géopolitique comprennent:



1. Le Québec est le foyer national d'un peuple, par continuité et par
filiation. Il est inutile pour Ottawa de dépenser des milliards pour
essayer de prouver le contraire parce que la preuve est déjà inscrite dans
la géographie, l'histoire, l'anthropologie et la sociologie.



2. Le Québec est une Nation par le fait d'une osmose territoriale réussie au
terme de 400 ans de travail et d'investissements, travail qui comprend
l'exploration, le défrichement, la mise en valeur et le développement d'un
territoire difficile sur le plan géographique, mais naturellement protégé
par ses obstacles. Le succès de cette osmose est présent dans l'aménagement
du territoire du Québec et les expansions tentaculaires de l'État et de la
Nation du Québec à partir de la région noyau des basses terres du Saint
Laurent vers les régions adjacentes des Laurentides et des Appalaches et de
là vers les régions plus périphériques et éloignées.



Cette réussite procède des facteurs de continuité présents dans le
territoire, la géographie étant le premier élément de continuité des
Nations. Elle émane de la filiation initiale des colons de Nouvelle France
et de leurs descendants, qui se sont peu à peu identifiés au Québec en dépit
des efforts multipliés des United Empire Loyalists et des Orangistes
d'Amérique Britannique du Nord pour les déphaser et les fossiliser. Les
habitants du Québec se sont originellement identifiés comme Canadiens, mais
cette identité leur a été usurpée pour devenir un piège pour mieux les
soumettre au pouvoir centralisateur, unitaire et arbitraire d'Ottawa. D'où
la naissance de l'identité Québécoise, plus conforme à la réalité et au
réel, à partir de la Révolution tranquille qui débuta en 1960.



3. Le Québec est un État naturel comme conséquence de tout ce qui précède.
La continuité, la filiation, l'osmose territoriale et les symbioses
réalisées entre la région noyau et les régions adjacentes, auxquels s'ajoute
la création d'institutions originales
par et pour les Québécois, y compris leur propre Parlement et leurs propres
ministères sont les composantes de l'État du Québec, lequel État existe bel
et bien de fait (de facto) et de droit (de jure). L'État centralisateur
d'Ottawa est un État arbitraire au service d'une oligarchie et de son
brandon politique.



LES PRINCIPES



Un principe se rapporte au réel, non au virtuel. Un principe est l'élément
intangible du réel, ce par quoi l'intention se fait acte. Un principe n'est
pas une théorie et ne doit pas être confondu avec une idéologie non plus. Un
principe est relationnel en ce sens qu'il transcende le rationnel.



Les principes suivants sont des universaux qui gouvernent toute stratégie
d'État digne de ce nom:



1. Appréciation rigoureuse, compétente, correcte et objective du contexte et
de la situation. Ce principe est le point de départ du discernement qui
permet de trouver les solutions qui conviennent à un problème d'envergure.
Sa mise en pratique exige de la Présence. Or, la mise en pratique de ce
principe fondamental est inhibée par le fait que deux États se superposent
et s'opposent au Québec.



2. Détermination et maintien d'objectifs praticables et réalisables en
termes de temps et d'espace. C'est l'agir qui se concrétise. La mise en
pratique de ce principe est inhibée par le fait que deux États se
superposent et s'opposent au Québec.



3. Maintien du moral. Le moral est comme le courant électrique qui fait
fonctionner un système complexe. À défaut, les meilleurs systèmes ne
fonctionnent pas.
Le moral humain est semblable,quoiqu'intangible et difficile à saisir.
Démoralisée, une population cesse de fonctionner. Elle paralyse. La présence
au Québec de deux États qui s'opposent ne peut aider le moral de personne.



4. Concentration de l'effort dans l'espace et dans le temps. Nul ne dispose
de tous les moyens et toutes les énergies. Nous sommes tous limités dans
l'action, souvent dans les projets les plus légitimes et les plus louables.
D'où nécessité de décider où, quand et comment on va concentrer l'effort
pour régler un problème d'envergure comme ceux qui confrontent l'État.
Lorsque deux États s'opposent sur un territoire qui ne peut en accommoder un
seul, la mise en pratique de ce principe devient presqu'impossible.



5. Économie de l'effort. Corollaire du principe de concentration de
l'effort, l'économie de l'effort exige une emploi judicieux des moyens
disponibles. Il s'agit d'accomplir davantage avec une économie de moyens et
d'efforts. L'État n'a pas le choix. Ce principe s'oppose au gaspillage des
ressources qui ruine l'État et la population qui en dépend. C'est ce qui
arrive au Québec, confronté à deux États qui s'opposent. C'est une erreur
stratégique grave de tout évaluer en termes d'argent versé dans un projet,
alors que ni le contexte, ni la situation ne sont clairement perçus, ni les
objectifs clairement définis. Cette erreur est présente au Québec, où deux
États se confrontent sans complémentarité.



6. Simplicité. Très difficile d'être simple. Plus facile d'être simpliste.
La simplicité est complètement dans la Présence, qui signifie esprit de
présence et présence d'esprit. Impossible lorsqu'on est confronté à deux
États superposés et opposés qui compliquent les relations et l'agir.Un des
deux États doit disparaître.



7. Souplesse, ou flexibilité. Ce principe signifie qu'il faut s'adapter à
des imprévus et des conditions changeantes sans perdre de vue l'objectit ni
le plan initial. Il ne peut y avoir de souplesse lorsque deux États opposés
compliquent la vie à tout le monde.



8. Sécurité. Ce principe signifie que toute vie est exposée à l'adversité et
à l'arbitraire et qu'il est nécessaire de prendre ses précautions en
conséquence afin de gérer l'arbitraire et en prendre le contrôle.
Autrement, on devient un pion dans les combinaisons des autres. Impossible
de mettre ce principe en pratique dans les conditions actuelles, alors que
l'État arbitraire d'Ottawa est en position de force parce qu'il détient un
contrôle quasi absolu sur la fiscalité et les communications, de plus,
travaille à augmenter son contrôle afin de mieux inféoder les provinces,
destinées en partant aux statuts d'États naturels, de fait et de droit. La
présence au Québec d'un seul État, l'État du Québec, au service de tous les
Québécois, s'impose impérieusement et permettra de mettre en pratique le
principe de sécurité sans compromettre les autres principes, notamment le
maintien du moral, la concentration et l'économie de l'effort.



9. Surprise. Corollaire au principe de sécurité, la surprise consiste à
placer convenablement l'adversaire devant le fait accompli. Or ce fait est
déjà accompli. Le Québec est déjà le foyer national d'un peuple et l'assise
de son État naturel et optimal, celui qui existe et subsiste, non par
arbitraire, mais par continuité et filiation. Ce fait accompli, il faut que
le Québec l'impose à la face du monde et devant le pouvoir arbitraire
d'Ottawa.



10. Coopération. Principe cardinal dans la conduite des affaires de l'État,
le principe de coopération ne peut être mis en pratique lorsque l'adversité
est présente et active, sous la forme d'un État dominant, arbitraire et
unitaire, qui impose sa loi et son agenda à l'État naturel du Québec. Un de
ces deux États est appelé à tomber et c'est ce que tous les Québécois
doivent prévoir et assumer avant que la catastrophe arrive.



11. Coordination. La coordination n'est jamais acquise, ni automatique.
Comme la coopération. C'est pourquoi il est nécessaire de l'élever au niveau
d'un principe.


La coordination est nécessaire, possible et réalisable lorsqu'une population
occupant un milieu géographique tel le Québec ne possède qu'un seul État, le
sien
propre, voué à l'intérêt général. Elle n'est pas possible lorsque deux États
se confrontent.



12. Administration et logistique. Principe de base et de départ de tout le
reste.


Ce principe est faussé en partant parce qu'au Québec,deux États se
confrontent. La confusion va durer tant qu'un des deux États ne s'effacera
pas et laissera l'autre prendre charge des affaires, toutes les affaires.
L'État qui s'effacera, qui doit s'effacer et qui va s'effacer, bon gré mal
gré, c'est Ottawa, dont personne n'a réellement besoin dans les conditions
actuelles et à venir, à travers tout cet espace continental qu'on appelle
Canada. Toutes les provinces possèdent ce qu'il leur faut pour s'assumer en
tant qu'États et le Québec doit prendre l'initiative, parce que sa
progression naturelle vers le statut d'État est la plus ancienne et la plus
expérimentée.



Voilà la perspective géopolitique, fondée sur les principes de la stratégie
d'État. Elle est complémentaire à la perspective anthropologique exposée par
M. Claude Bariteau.

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René Marcel Sauvé217 articles

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J. René Marcel Sauvé, géographe spécialisé en géopolitique et en polémologie, a fait ses études de base à l’institut de géographie de l’Université de Montréal. En même temps, il entreprit dans l’armée canadienne une carrière de 28 ans qui le conduisit en Europe, en Afrique occidentale et au Moyen-Orient. Poursuivant études et carrière, il s’inscrivit au département d’histoire de l’Université de Londres et fit des études au Collège Métropolitain de Saint-Albans. Il fréquenta aussi l’Université de Vienne et le Geschwitzer Scholl Institut Für Politische Wissenschaft à Munich. Il est l'auteur de [{Géopolitique et avenir du Québec et Québec, carrefour des empires}->http://www.quebeclibre.net/spip.php?article248].





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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    30 mai 2009

    Essayons d'influencer le parti Québécois qui est le seul parti souverainiste qui a des chances de prendre le pouvoir à Québec puis par différentes mesures (rétablir et corriger le cours d'histoire du Québec au secondaire, promouvoir la souveraineté, référendum ou élection référendaire, etc) d'entreprendre notre marche vers l'indépendance.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 mai 2009

    Félicitations pour votre action et pour ce texte qui expose de manière générale une foule de données dont il faut tenir compte quand il est question de réfléchir à notre situation géopolitique dans le but d'incarner dans le réel la VOLONTÉ EN ACTE, comme vous dites, du peuple souverain du Québec. Cela participe à notre intelligence commune de l'action à entreprendre, ou à poursuivre.
    Élection décisionnelle
    J'adhère tout à fait à ce que vous décrivez. Une campagne électorale qui permet d'exposer une série d'engagements concernant un « Plan d'action de souveraineté » à mettre de l'avant par le Parti québécois.
    J'ajouterais à cette proposition le fait que ce Plan soit par le PQ, ou vice-versa, mis de l'avant par une UNION souverainiste réunie autour d'un Programme commun de souveraineté.
    Vos propositions vont tout à fait en ce sens et les prochains mois pourraient être consacrés à l'exposition des différentes propositions, et à leur discussion, afin que surgisse un Programme commun de souveraineté endossé par toutes les composantes de la mouvance souverainiste dès lors unies et solidaires. Pour ensuite emporter l'adhésion de tout un peuple lors ce cette campagne électorale à venir.
    D'ici là, cette discussion et différentes actions initiées par diverses composantes de la mouvance souverainiste participeraient à la progressive mais déterminée croissance de notre mobilisation déployée avec de plus en plus de communication solidaire interne et de synergie, de manière à ce que chaque composante donne son appui aux initiatives des uns et des autres, et vice-versa.
    Les grandes organisations souverainistes, partis politiques et collectifs, doivent donner leur appui à des manifestations personnelles ou collectives citoyennes, comme :
    - la Marche du 24 mai dernier ( La réussite incontestable de la Grande marche du 24 mai - Jean-François Vallée ) ;
    - la Lettre ouverte à madame Marois de madame Hébert ;
    - la proposition de rassemblement de M. Michel Laurence autour d'un RIN-2 ( Pourquoi vouloir ressusciter le R.I.N. ? ),
    - La Marche de Vigile du 24 juin à tenir le 23 juin à Québec, proposée dans la foulée du tollé général ayant fait reculé la CCBN. Proposition appuyée par 221 signatures, exigeant entre autres choses le fait de Rapatrier les Plaines ( 339 signatures ) et pour scander QUITTEZ LE QUÉBEC aux fenêtres de la Citadelle dans le Vieux-Québec, résidence d'été de la Gouverneure générale du Canada comme l'a proposé M. Pierre Cloutier, ( L’indépendance est en marche et rien ne pourra l’arrêter ! ).
    Le tout se terminant à 18h heure légale du début de la Fête nationale du peuple souverain du Québec Dès après, nous pourrions ainsi prendre symboliquement possession de cette partie de notre territoire national toujours sous tutelle canadianisatrice et ce, au nom du peuple souverain du Québec et dans la célébration en musique et en chanson de notre rassembleuse fierté nationale lors du spectacle sur les Plaines débutant en soirée.
    Une proposition qui doit pour se concrétiser recevoir l'appui d'une ou de plusieurs organisations souverainistes capables de l'organiser et encadrer. si d'aucuns se présentent sur le boul, Laurier à la sortie des ponts le 23 juin à 15h, il sera question d'une manifestation spontanée. Ce n'est pas l'idéal.
    2 semaines pour que se manifestent des organisations endossant l'encadrement. Si cela vous intéresse, faites pression sur vos organisations.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 mai 2009

    Quand le PQ adoptera ça, je lui donnerai non seulement mon vote mais toutes mes énergies à sa promotion. Je deviendrai alors un militant péquiste indéfectible et généreux.