IDENTITÉ

L’élasticité de la nation

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Enfumage total ! L'auteur de l'article fait exactement ce qu'il dit qu'il ne faut pas faire






Les récents débats identitaires au Canada ont ceci de bien qu’il est possible d’articuler des visions très variées du pays sans presque jamais risquer d’être contredit. À l’Île-du-Prince-Édouard, vous pouvez prétendre que le Canada est un pays composé de dix provinces égales, et tout le monde s’en félicite. À Kahnawake, vous pouvez proclamer fièrement que vous êtes une des 60 nations indigènes du Canada. Plusieurs Ontariens croient fermement que le pays est un ensemble multiculturel comprenant deux langues officielles. Au Québec, certains croient plutôt que les Québécois forment une nation à l’intérieur d’une fédération multi ou plurinationale.


 

C’est ainsi que le politologue Alain-G. Gagnon, partant pour Paris, peut insister sur le fait que le « Québec forme aujourd’hui une nation qui est reconnue par à peu près tous les acteurs politiques au pays et, sur la scène internationale, il n’y a personne qui remet en question l’existence de la nation québécoise au sein d’une fédération plurinationale » (« Exporter le modèle québécois », Le Devoir, 5 janvier, 2017).


 

Il est vrai que, depuis plusieurs années, il est devenu commun au Québec d’affirmer que le Canada est une fédération à l’intérieur de laquelle prennent place plusieurs nations. On l’entend tellement répéter que cette idée prend l’allure d’un slogan qui aurait une valeur en soi. Pourtant, quelques exceptions mises à part, cette vision du Canada est rarement affirmée à la Chambre des communes et jamais aux Nations unies. À peu près partout, le Canada est reconnu comme une nation au singulier.


 

Fédération plurinationale


 

La véracité de la vision du Canada articulée par Alain-G. Gagnon repose largement sur la définition de la nation qu’il adopte. Or, nous pouvons obtenir une meilleure idée du concept qu’il privilégie en revenant à ses propos : « Dans l’espace géopolitique canadien, dit-il, le fait que nous ayons des Premières Nations, une nation québécoise, une nation acadienne, une nation canadienne-anglaise qui n’ose pas trop souvent parler d’elle de cette façon, il y a vraiment un enjeu super intéressant. » Il est quand même curieux de noter que les membres de la « nation canadienne-anglaise » ne parlent pas souvent d’eux-mêmes dans cette fédération plurinationale censément « universellement » reconnue dont ils font partie.


 

La définition de ce qu’est une nation semble ici très élastique. La langue serait la pierre angulaire de la « nation canadienne-anglaise ». Ce serait l’ethnicité qui définirait les peuples autochtones et les Acadiens. Enfin, ce serait l’espace géographique qui circonscrirait la nation québécoise.



Du point de vue constitutionnel, le Canada ne se reconnaît pas comme une fédération multi ou plurinationale

Jack Jedwab

 

Mettons de côté l’absence d’une symétrie dans ces définitions. Contentons-nous de souligner que l’on compte au moins 63 nations dans la fédération plurinationale canadienne (en tenant compte d’environ 60 nations autochtones).


 

Il y a un autre petit problème lié à la vision plurinationale du Canada : certains citoyens canadiens risquent de se retrouver sans appartenance nationale. Est-ce que, pour Gagnon, un Franco-Ontarien ou un immigrant provenant de Chine font partie de la « nation canadienne-anglaise » ?


 
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