Congrès du Parti québécois

L'éducation doit devenir un projet national

PQ - XVIe congrès avril 2011



L’étudiant moyen travaille et s’endette de plus en plus. Au surplus, ce fléau du surendettement étudiant grandissant frappe cette même génération qui est appelée à encaisser les coups et les coûts du vieillissement de la population.

Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir


Des annonces de hausses des droits de scolarité dans le budget provincial aux promesses électorales fédérales, il semble que la question de l'éducation brûle plusieurs lèvres par les temps qui courent, et pour cause: géré à la petite semaine, à la pièce, sans vision d'avenir cohérente ni vue d'ensemble, le système d'éducation — qui était associé à un projet de société porteur à compter de la Révolution tranquille — est aujourd'hui mis à mal.
Nous croyons que notre système d'éducation doit voir au-delà du rôle de formateur individuel pour redevenir un outil d'émancipation sociale et économique. L'éducation doit redevenir l'idéal, le projet que s'approprieront les Québécois, le fondement et le fer de lance de notre société. Mais, pour cela, il faut miser sur ses finalités, ses résultats.
Le plein potentiel de chacun
Voilà un premier objectif qui devrait couler de source: que chacun puisse recevoir la meilleure formation qui soit, celle qui lui permette de se développer à son plein potentiel individuel tout en assurant une base commune forte et solide pour tous. Ça semble naturel, juste, mais ce n'est clairement plus un acquis aujourd'hui.
Le monde change, l'éducation doit s'adapter. Pensons à différentes transformations sociales avec lesquelles l'éducation au Québec doit jongler. En 2011, les enfants ont accès, comme aucune autre génération avant eux, aux bénéfices formidables d'Internet et des nouveaux moyens de communication... mais ils sont également exposés à ses facettes moins reluisantes. La plus grande accessibilité à du matériel pornographique, par exemple, module en partie les comportements et habitudes chez les jeunes au moment où ceux-ci, en pleins changements physiques et identitaires, sont les plus fragiles et vulnérables dans leurs rapports sociaux.
Notre génération est marquée par une incidence croissante, voire même une réapparition, de certaines infections transmises sexuellement: il est légitime que de plus en plus d'associations réclament un retour des cours d'éducation sexuelle, créés et dispensés par des professionnels.
Décrochage et endettement
Le fléau du décrochage scolaire au Québec est en hausse, et l'école publique est à bout de souffle et à court de ressources dans l'encadrement des élèves en difficulté. Pendant que l'Ontario se permet de prolonger la période de fréquentation scolaire obligatoire des jeunes jusqu'à 18 ans, nous les laissons tomber à 16 ans, même sans diplôme en main: comment est-ce possible en 2011?
De plus en plus de Québécois poursuivent leurs études au-delà du secondaire. Cependant, après avoir connu l'accessibilité du réseau collégial, ceux-ci se heurtent aux défis de l'accessibilité aux études universitaires, tels que la multiplication incontrôlée des frais afférents et la hausse des droits de scolarité. Résultat? L'étudiant moyen travaille et s'endette de plus en plus. Au surplus, ce fléau du surendettement étudiant grandissant frappe cette même génération qui est appelée à encaisser les coups et les coûts du vieillissement de la population.
Malgré un endettement moyen de plus de 15 000 $ à la sortie des études, c'est cette génération qui sera appelée à assurer la relève de nos PME, de nos entreprises agricoles et de notre économie sociale tout en continuant à financer des systèmes de santé et de retraite de plus en plus coûteux. Ce frein à la persévérance scolaire, l'exode de nos cerveaux et les retombées économiques maximales de l'éducation universitaire doivent devenir les cibles à atteindre: ayons l'audace de nous donner les moyens d'étudier, au Québec, sans nous surendetter, en nous dotant d'une véritable politique d'aide financière gouvernementale modulée selon les besoins réels des étudiants et plafonnant l'endettement des générations montantes.
Pendant ce temps, la question du gel/dégel impose les droits de scolarité comme seule réelle variable du financement des universités. Nous croyons légitime de remettre en question ce modèle. Nous nous questionnons aussi sur le concept même de sous-financement: il est évident que les universités québécoises souffrent d'un manque chronique d'injection de fonds, mais lorsqu'on constate certaines bavures administratives, que ce soit des questions de parachutes dorés, de primes ou d'investissements douteux dans des éléphants blancs immobiliers, nous croyons que ce sous-financement doit être relativisé et que les causes de ce sous-financement doivent être revues.
La force de notre différence
La mondialisation n'est pas synonyme d'uniformisation, mais une formidable occasion pour le Québec de s'affirmer, dans le monde, mais chez lui d'abord.
Notre idéal d'intégration n'a jamais été celui d'une assimilation ou d'un effacement des différences culturelles des nouveaux arrivants. Nous souhaitons une école publique non pas exclusive, mais inclusive et qui permette d'aller au-delà du simple respect des différences individuelles, pour que «devenir Québécois» signifie aussi s'intégrer à la nation québécoise. Bref, ne laisser personne derrière et aller de l'avant.
Cette intégration doit rejeter le principe même des écoles passerelles linguistiques au primaire et secondaire et favoriser encore davantage les cours à vocations identitaires, comme nos cours d'histoire. La vision individualiste de l'intégration, qui trouve son fondement dans le multiculturalisme et qui est trop souvent véhiculée par des cours comme Éthique et culture religieuse, doit se réorienter davantage sur notre identité.
De la même façon, en s'éduquant, on s'enrichit collectivement et, pour favoriser le plus de retombées collectives, cet enrichissement doit se faire par la langue commune du Québec. Il n'est pas conséquent, alors, de financer à même les fonds publics des mesures qui nuisent directement et indirectement au marché du travail francophone. Le financement des études techniques et collégiales en anglais à d'autres que nos minorités anglophones historiques en est un exemple flagrant.
N'écarter aucun moyen
Pour atteindre ces fins, le Québec ne doit plus voir l'éducation comme une simple compétence provinciale, acceptant les intrusions du gouvernement du Canada qui en découlent, et ce, notamment en cette période électorale. Le gouvernement du Québec doit être en mesure d'établir des politiques à long terme, flexibles, basées sur des consensus établis et qui surtout assurent des résultats.
Une fois ces bases bien ancrées, il est du devoir du gouvernement du Québec de n'écarter aucun moyen pour en assurer le financement et en faciliter l'application. Il s'agit simplement, en somme, de faire de notre système d'éducation un véritable projet d'Éducation nationale.
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Ont signé ce texte les militants jeunes péquistes suivants: Karina Maryse Auger, Alexandre Banville, Marie-Michèle Dubeau, Charles Fraser-Guay, Mathieu Leblanc-Laberge, Alexandre Mailloux, Brian Martel, Christine Normandin, Frédéric Roiné, Vincent Roy, Frédéric St-Jean, David Tardif, Stéphanie Turcot, Julien Verville. De même que les deux candidats à la présidence du Parti québécois Raymond Archambault et Daniel Turp.


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