Nouvel affrontement entre l’aspirante bâtonnière Lu Chan Khuong et le Barreau du Québec. Me Lu Chan Khuong accuse les administrateurs d’avoir encaissé illégalement une somme de 500 000 $ grâce à leurs jetons de présence.
«Le fait de verser 800 $ par présence et 400 $ pour un téléphone, même si ça dure 20 minutes, ça fait 1200 $ quand même, c’est illégal. C’est comme cela que j’interprète l’illégalité», affirme Me Lu Chan Khuong, qui somme la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, d’intervenir.
En pleine campagne électorale, alors qu’elle aspire à diriger son ordre professionnel, Me Khuong s’est entourée des avocats Pierre Chagnon et Louis Fortier afin de dénoncer le «manque de transparence» et de «rigueur» des membres du Conseil d’administration du Barreau du Québec qui auraient touché illégalement 500 000 $ en faisant passer leur rémunération de 300 à 800 $ par présence aux réunions et à 400 $ par présence téléphonique, comme le révélait TVA Nouvelles mardi. L’avocat Marc Bellemare a d’ailleurs mis les administrateurs en demeure de rembourser cette somme.
Manque de «rigueur» et de «transparence»
«Pour modifier le montant, il faut procéder par modification de règlement de la conduite des affaires du Barreau et ensuite soumettre la modification à l’Office des professions. Après, on pourra augmenter le montant accordé en jetons de présence, explique Me Khuong. Or, cet exercice n’a pas été fait et ce manquement-là témoigne d’un manque de rigueur de la part des gestionnaires et des administrateurs du Barreau», avance-t-elle.
«Ce n’est pas normal qu’on doive aller en vertu de l’accès à l’information pour récupérer des informations aussi élémentaires et je vous dirais que l’absence de réponse du Barreau à cette mise en demeure envoyée il y a quatre jours démontre bien [son] mépris pour la transparence et ses 26 000 membres.»
Me Chagnon abonde dans le même sens et somme le Barreau de reconnaître ses torts. «Si les conclusions de Me Belleau et de Me Bellemare s’avèrent, j’implore le Barreau de reconnaître qu’il s’est trompé», dit l’avocat qui a été bâtonnier du Québec de 2009 à 2010. «Il l’a déjà reconnu dans le passé et il peut encore le reconnaître actuellement et mettre en œuvre les correctifs nécessaires pour redresser la situation.»
Les trois avocats s’entendent pour dire que le Barreau doit récupérer les 500 000 $, dans un climat où la confiance de ses membres s’effrite depuis un moment déjà, selon Me Khuong.
«On est à un point de non-retour. Si on ne fait pas de changement, personne ne va croire en la justice, avance-t-elle. La confiance n’est plus en le système, la confiance n’est plus en les membres qui se disent: “On paie nos cotisations, on va faire nos 30 heures de formation continue, mais on ne veut plus rien savoir du Barreau.” La confiance n’y est plus, parce que le dialogue n’est pas là.»
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