L’art d’ignorer la vraie solution

IDÉES - la polis


La chef du Parti québécois, Mme Pauline Marois, propose de limiter le nombre de mandats du premier ministre et des maires comme un des moyens «pour assainir les mœurs politiques au Québec (…) et rétablir une éthique sans faille». Elle veut ainsi accélérer le renouvellement du personnel politique.
Cette proposition improvisée serait difficilement applicable dans un système de démocratie parlementaire comme le nôtre, ont noté des observateurs. Elle est surtout mal avisée parce qu’elle laisse de côté le meilleur moyen pour renouveler le personnel politique : remplacer le scrutin majoritaire actuel parle un scrutin de type proportionnel. Ce dernier, en plus de faire en sorte que chaque vote compterait et d’assurer que tous les partis obtiendraient une représentation parlementaire équitable, aurait également pour effet d’amener du sang neuf à l’Assemblée nationale et dans les conseils municipaux.

Ainsi, à Laval, si les dernières élections avaient été régies par un scrutin proportionnel, l’administration du maire Vaillancourt devrait rendre des comptes puisque le conseil de ville compterait une dizaine de conseillers d’opposition. Des dizaines d’autres exemples sont aussi probants. Qu’on se souvienne de la main mise complète du maire Drapeau sur le conseil municipal montréalais et du long règne du premier ministre Duplessis dont les majorités parlementaires étaient gonflées artificiellement par le mode de scrutin.
Mais voilà, le sang neuf ne proviendrait surtout pas des deux partis dominants actuels (libéraux et péquistes) qui sont quasi assurés d’alterner au pouvoir parce que le mode de scrutin actuel défavorise systématiquement les tiers partis et réussit la plupart du temps à les éliminer de la scène électorale. Alors, les libéraux et les péquistes, malgré leurs engagements formels, s’entendent désormais comme larrons en foire pour mettre de côté un des principaux éléments pouvant contribuer à l’assainissement de nos mœurs politiques. Ils préfèrent se lancer dans des improvisations farfelues comme l’a démontré l’actualité récente..

Il fut un temps ou, sous le leadership de René Lévesque, le Parti québécois prônait vigoureusement l’instauration d’un scrutin proportionnel. Ce dernier avait même préparé un projet de loi en ce sens qui fut malheureusement écarté par le caucus des députés en 1984. Malgré tout, un engagement à ce sujet figure toujours dans le programme de la formation. Il y est depuis 1969. Mais il semble bien qu’il sera purement et simplement supprimé lors du prochain congrès. Quelle désolation! Et on tente de nous convaincre qu’un gouvernement péquiste apporterait un véritable changement…
Paul Cliche,
_ Montréal
_ 15 décembre 2010

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Membre fondateur du Mouvement pour une démocratie nouvelle et auteur du livre Pour une réduction du déficit démocratique: le scrutin proportionnel ; membre de Québec Solidaire; membre d’ATTAC Québec; membre à vie de la Société Saint-Jean Baptiste de Montréal.





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