Avant la fin de 2005, le gouvernement de Jean Charest avait choisi de mettre le couvercle sur la marmite de deux dossiers chauds - les négociations du secteur public et la réforme des services de garde - dans l'espoir que 2006 débute du bon pied, dans un climat social plus serein. Sauf que la nouvelle année ne s'annonce pas plus tranquille que la précédente. Au contraire.
En 2006, le gouvernement entre dans sa quatrième année de mandat. Autant dire que le temps commence à manquer pour regagner la confiance des électeurs, avant le déclenchement du prochain scrutin, prévu au printemps 2007.
Plusieurs engagements pris lors de la dernière campagne électorale, puis par le gouvernement, n'ont pas encore été réalisés. Encore là, le temps commence à manquer, si Jean Charest veut se présenter devant les électeurs avec l'assurance de celui qui tient ses promesses.
Toute une série de politiques, lois et mesures sont donc attendues dans les prochains mois.
Dès que la campagne électorale fédérale aura pris fin, le 23 janvier, le gouvernement aura les coudées franches pour entreprendre un des débats les plus potentiellement explosifs de son administration, à savoir quelle place il convient d'accorder au secteur privé dans le système de santé, pour se conformer au jugement Chaoulli de la Cour suprême... sans remettre en question le caractère public du système.
Cet exercice, qui pourrait ressembler à la quadrature du cercle, risque d'être d'autant plus périlleux qu'il devra avoir lieu en un temps record. Le gouvernement n'aura que quatre mois pour déposer un document de consultation, tenir une commission parlementaire élargie et apporter des modifications législatives.
Parallèlement, il faut s'attendre à ce que le premier ministre Charest procède à un remaniement mineur de son cabinet, avant le printemps. Il devrait alors profiter de l'occasion pour faire accéder au cabinet le nouveau député d'Outremont, Raymond Bachand, et lui confier un portefeuille économique.
Parmi les autres changements à venir, il ne faudrait pas se surprendre de voir la ministre de la Famille, Carole Théberge, accéder à d'autres fonctions, tellement sa réforme des services de garde, adoptée grâce au bâillon avant Noël, a pris des airs de véritable chemin de croix.
à ce propos, il faudra voir comment les centres de la petite enfance, mécontents de la réforme, sauront s'adapter, au cours de l'année, aux nouveaux bureaux coordonnateurs qui s'apprêtent à gérer la garde familiale.
Une autre inconnue consiste à savoir si les syndiqués du secteur public vont avaler sans broncher la loi spéciale qui impose leurs salaires et conditions de travail pour six ans. Les centrales préparent une riposte, mais ne peuvent désobéir à la loi sans encourir de lourdes amendes.
D'ici le mois de mars, le gouvernement doit aussi déclencher une élection complémentaire dans Sainte-Marie-Saint-Jacques, une forteresse péquiste. Le premier ministre Charest a offert au nouveau chef péquiste, André Boisclair, de ne pas lui opposer de rival libéral s'il souhaitait entrer dès maintenant à l'Assemblée nationale, mais ce dernier a décliné l'offre.
Parmi les politiques gouvernementales rendues publiques à court terme, mentionnons la stratégie énergétique. On saura enfin quelle place le gouvernement va donner aux mesures d'efficacité énergétique, à l'expansion des énergies douces comme l'éolienne, ainsi qu'à l'exploitation des petites centrales. Surtout, on saura comment Québec entend s'y prendre pour accroître la marge de manoeuvre d'Hydro-Québec, afin que la société d'Etat puisse répondre à la demande sans devoir importer de l'électricité.
S'il est une autre politique très attendue, c'est bien la stratégie sur les changements climatiques, que le ministre du Développement durable, Thomas Mulcair, n'a pu livrer à temps, lors de la récente conférence de l'ONU, en raison d'un différend profond avec son homologue fédéral, Stéphane Dion. On attend aussi sa loi sur le développement durable.
Quant à elle, la ministre des Relations internationales, Monique Gagnon-Tremblay, doit rendre publique la nouvelle politique internationale du Québec. Parallèlement, Québec continue à revendiquer auprès d'Ottawa davantage d'autonomie en ce domaine, voulant notamment parler de sa propre voix dans certains forums internationaux.
Jusqu'à maintenant, cependant, Ottawa a réservé à Québec un accueil glacial à ses revendications.
Il faudra voir aussi comment le nouveau gouvernement fédéral répondra aux aspirations du Québec quant à divers sujets: le déséquilibre fiscal, le financement de l'éducation post-secondaire et la révision du système de péréquation, pour ne nommer que ceux-là.
Parmi les autres politiques attendues, figurent une politique jeunesse, une politique de conciliation travail-famille et la réforme du secteur collégial.
Mais s'il y a un dossier qui fera jaser en 2006 et qui risque de donner du fil à retordre au gouvernement, c'est assurément le déménagement éventuel du casino sur le site du bassin Peel, près du centre-ville de Montréal, un projet gigantesque évalué à 1,2 milliard $ et qui soulève déjà la controverse.
D'autres engagements, jusqu'à maintenant laissés plus ou moins en plan, apparaissent sur la liste des choses à faire cette année... ou dans un prochain mandat: éliminer les listes d'attente en santé, procéder à une [réingénierie] de l'Etat et réduire sa taille, de même que diminuer de 5 milliards $ le fardeau fiscal de tous les Québécois, malgré une marge de manoeuvre quasi inexistante.
Bref, pas de répit en 2006 pour le gouvernement Charest, qui devra aussi trouver le temps de préparer son nouveau programme électoral. Et contrairement à 2003, il devra cette fois non seulement dire ce qu'il veut faire, mais aussi défendre ce qu'il a fait ou renoncé à faire.
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