CHRONIQUE

L’ami devenu gênant

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Le coup de balai suffira-t-il ?






Le premier ministre Couillard a raison de dire que le poste de chef du cabinet est l’un des plus difficiles en politique. L’un des plus ingrats aussi : il ne reçoit aucun crédit pour les bons coups et porte inévitablement le blâme pour les mauvais.


 

Jean-Louis Dufresne sera demeuré en poste durant trois ans et demi, ce qui se situe dans la bonne moyenne. Les sept années que Jean-Roch Boivin a passées aux côtés de René Lévesque constituent une exception. Jean Charest a eu cinq chefs de cabinet en neuf ans.


 

S’il est vrai que le premier lieutenant du premier ministre se retrouve constamment coincé entre l’arbre et l’écorce, et qu’il doit épargner les tâches désagréables à son patron, cela ne signifie pas qu’il doit nécessairement se faire détester du caucus des députés.


 

M. Dufresne semble avoir pris pour modèle Mario Bertrand, dit « L’Abrasif », chef de cabinet de Robert Bourassa entre 1986 et 1989, dont les manières brutales sont demeurées légendaires. Pourtant, son mentor a plutôt été le successeur de M. Bertrand, John Parisella, surnommé « M. Nice Guy », qui entretenait d’excellentes relations non seulement avec les députés de son parti, mais aussi avec ceux de l’opposition. M. Dufresne était sans doute détestable, mais il n’en a pas moins joué son rôle de paratonnerre avec une absolue loyauté.




 

Le premier ministre assure que le cafouillage dans Louis-Hébert, qui risque de faire perdre au PLQ le siège que Sam Hamad détenait depuis 2003, n’a pas été « l’élément majeur » qui a provoqué le départ de M. Dufresne. De toute évidence, choisir Éric Tétrault était une erreur, mais il serait étonnant que cela ait suffi à amener M. Couillard à congédier son ami d’enfance.


 

À l’entendre, ce ne serait ni la grogne des députés ni une quelconque perte de confiance dans le jugement de son chef de cabinet qui aurait motivé sa décision, mais plutôt la nécessité, après la « restauration » des dernières années, de faire entrer le Québec dans une nouvelle phase, celle de la « transformation », qui exigerait un « style » et un « rythme » différents.


 

Il n’a cependant pas expliqué en quoi consistait cette « transformation ». Au début de son mandat, M. Couillard avait conseillé à un aréopage de hauts fonctionnaires et de dirigeants de sociétés d’État la lecture de l’essai The Fourth Revolution – The Global Race to Reinvent the State, qui l’avait personnellement beaucoup inspiré. Après celle de l’État-providence, la quatrième révolution serait celle de la mise en place d’un État plus mince et plus efficace, qui s’appuierait sur les vraies « valeurs libérales ».


 

Si c’est une « transformation » de ce genre qu’envisage le premier ministre, elle paraît difficilement conciliable avec les réinvestissements dans les services publics que plusieurs attendent encore après des années d’austérité. Le moment ne semble pas très approprié pour proposer une nouvelle réingénierie de l’État. Et si c’est malgré tout ce que projette M. Couillard, cela n’explique pas en quoi le « style » et le « rythme » de M. Dufresne le disqualifiaient.




 

Ce qui ne convenait peut-être plus, c’est un passé susceptible de devenir encore plus embarrassant en année électorale. Au printemps dernier, M. Couillard a fait peu de cas des liens de son chef de cabinet avec le grand argentier de Jean Charest, Marc Bibeau, à l’époque où il travaillait chez BCP Consultants, comme du témoignage de l’entrepreneur Paul Sauvé, qui l’avait mêlé aux opérations de financement du PLQ devant la commission Charbonneau.


 
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