L’affaire Woerth-Bettencourt - Le pourrissement

C’est bien simple: l’affaire Bettencourt met en relief le pourrissement à la vitesse grand V de l’édifice Sarkozy.

Élection présidentielle française



Histoire de détourner le regard du citoyen français embrumé par l’affaire Woerth-Bettencourt, l’Élysée «démissionne» lundi deux ministres dans l’espoir que ce contre-feu fasse illusion. Bien. Le lendemain, badaboum! L’ex-comptable de la patronne de L’Oréal confie par le menu combien et comment les Bettencourt ont arrosé la droite française. Et notamment le grand chef: Nicolas Sarkozy.
Afin que chacun s’y retrouve, on va commencer par la présentation des principaux acteurs, en suivant leur ordre d’entrée sur scène, du plus gros scandale politico-financier de l’ère Sarkozy. Il y a tout d’abord Eric Woerth qui, avant d’être ministre du Travail chargé de sabrer le régime des retraites, était ministre du Budget et donc responsable de la division des impôts. Il y a ensuite sa femme Florence, dont la spécialisation dans «l’optimisation fiscale» lui avait valu d’être engagée par le clan Bettencourt alors que son mari se drapait au même moment dans le costume de l’incorruptible faisant la chasse à ces fortunés de la vieille France ayant une inclination pour les paradis fiscaux.
Il y a ensuite le majordome de Mme Bettencourt, qui enregistre des conversations au cours desquelles on apprend que le chambellan chargé de sa fortune se félicite d’avoir engagé Florence parce qu’elle est justement la femme d’Éric. Il y a Sarkozy, bien sûr. Il y a un procureur général qui ne cache pas son amitié avec ce dernier et qui, de par sa fonction, est le patron de la juge d’instruction qui enquête sur les magouilles «fiscalo-avaricieuses» de Mme L’Oréal et ses vassaux. Il y a enfin la comptable.
Parmi les extraits de son témoignage, on a retenu celui-ci qui tient d’ailleurs du théâtre de boulevard: «Nicolas Sarkozy recevait aussi son enveloppe [...] Ça se passait généralement après le repas, tout le monde le savait dans la maison. Comme M. et Mme Bettencourt souffraient tous les deux de surdité, ils parlaient très fort.» Comme quoi la surdité est au service de la vérité. Espérons qu’elle sera aussi au service de la justice.
Dans cette histoire où l’impunité, l’indécence et la cupidité sont les valeurs reines des protagonistes, on a retenu cette phrase de Florence Woerth parce qu’elle en dit long sur la quatrième valeur phare de ces messieurs-dames: le cynisme. Qu’a dit Mme Woerth? Elle a «sous-estimé ce conflit d’intérêts». Madame est l’épouse d’un politicien réputé avoir le sang si froid qu’il a «tué» ses deux parrains politiques. Madame est la femme d’un homme, on ne vous l’a pas encore signalé, qui fut le trésorier de la campagne électorale de Sarkozy et, à ce titre, grand chef du premier cercle réunissant les fortunés qui allouaient des espèces sonnantes au candidat «Sarko» en espérant des retours d’ascenseur remplis de déductions fiscales et... Et elle nous dit aujourd’hui avoir sous-estimé... Madame comme monsieur, comme tous les députés et ministres UMP qui montent sur les barricades pour louanger les talents de Woerth et sa probité, se foutent de la gueule des Français. C’est à pleurer!
C’est bien simple: l’affaire Bettencourt met en relief le pourrissement à la vitesse grand V de l’édifice Sarkozy.


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