Politique québécoise

L'ADQ en montée

CAQ - Coalition pour l’avenir du Québec


L'Action démocratique était en congrès ce week-end. C'était sa première véritable rencontre de militants depuis le départ de Mario Dumont de sa direction. Les choses se sont bien passées, grâce au nouveau chef, Gérard Deltell, qui a redonné sa cohésion au parti. À nouveau, l'ADQ semble avoir un avenir.
Délaissée brutalement par les électeurs après qu'elle eut été propulsée opposition officielle en 2007, l'ADQ semblait ne plus avoir d'avenir du tout ces trois dernières années. Début 2010, elle touchait le fond avec 6 % des intentions de vote. Elle a aujourd'hui retrouvé sa position historique avec 18 % des intentions de vote. Signe de sa vitalité, elle recrute à nouveau quelques penseurs de la droite.
À deux ans du prochain scrutin, le moment est venu pour les adéquistes de réfléchir sérieusement à l'avenir de leur formation. L'ADQ pourrait poursuivre sa route seule. Les électeurs ont parié une fois sur ce parti. Ils ont été amèrement déçus. Il serait étonnant qu'ils renouvellent l'expérience. L'échec sera d'autant plus certain si la Coalition pour l'avenir du Québec (CAQ) de François Legault se transforme en parti politique. Elle pourrait, et c'est l'autre choix qui s'offre à elle, répondre aux appels à se joindre à celui-ci.
Une fusion ADQ-CAQ est d'ailleurs ce que semble souhaiter un électeur adéquiste sur deux, selon un sondage Léger Marketing-Le Devoir. Ils voient même François Legault à la tête de ce nouveau parti. La sagesse populaire parle ici. D'emblée, François Legault a l'expérience ministérielle, politique et d'affaires qui lui donne une autorité que n'a pas Gérard Deltell. Lui-même le comprend sans doute et, peut-être, souhaite-t-il travailler avec celui qu'un de ses collègues députés a qualifié du «plus adéquiste des péquistes».
Le problème de Gérard Deltell est qu'il ne peut rien dire ouvertement. Si fusion il doit y avoir, elle doit être le plus possible à son avantage. Le risque est d'être avalé par son partenaire. Cela s'est vu au Parti progressiste conservateur lors de sa fusion avec l'Alliance canadienne. La réalité est que le nouveau Parti conservateur est devenu l'affaire du chef allianciste Stephen Harper. Il lui faut être prudent.
L'ADQ a pour elle d'avoir des militants, une organisation électorale et quelques députés, ce qui manque à François Legault. Cela se monnaye certainement, mais elle a pour sa part besoin de la popularité et de la capacité de l'ancien ministre péquiste d'attirer des électeurs péquistes comme libéraux, ce qui a aussi une forte valeur. Tout est là pour réaliser un mariage de raison parfait, la raison étant bien sûr l'attrait du pouvoir qui pourrait être à portée de main.
Tranquillement, les deux groupes se rapprochent. Ainsi, on a vu ce week-end les militants adéquistes rejeter plusieurs propositions de leur commission politique parce qu'elles étaient trop à droite. François Legault, qui se voit comme de centre droit, ne peut s'allier à une ADQ qui se radicaliserait encore plus qu'elle ne l'est. Il sait que le pouvoir se trouve au centre, non dans les extrêmes. Mais l'Action démocratique est pour une partie de ses militants un parti idéologique. Pour eux, la fusion serait un abandon de leurs valeurs. La raison compte peu. C'est ici que commencent les difficultés pour Gérard Deltell.
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bdescoteaux@ledevoir.com


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