L'acte de contrition

La Lettre du cardinal Marc Ouellet



Dans une lettre ouverte qui - rare occurrence de nos jours - a propulsé un prince de l'Église au centre de l'arène médiatique, le cardinal Marc Ouellet a, à l'image du défunt Jean-Paul II, demandé pardon pour les fautes passées de l'institution catholique.

Il a condamné l'attitude de l'Église et/ou de ses mandataires, avant 1960, vis-à-vis des juifs, des minorités frappées de racisme, les autochtones, les homosexuels, les femmes et les enfants. (Le problème avec les listes, en particulier avec un martyrologe, est qu'on oublie toujours quelqu'un: ainsi, les orphelins de Duplessis, négligés, ont réagi avec dépit.)
À l'échelle locale, il s'agit d'un précédent. Un précédent heureux. Mais ce serait encore mieux si on pouvait être sûr que, dans 47 ans, l'Église catholique n'aura pas à présenter de nouvelles excuses pour ses pompes et ses oeuvres actuelles.
Sûr qu'il existe un «ferme propos», en somme.
On a soupesé, hier, la question de savoir si l'archevêque de Québec ne parlait qu'en son nom personnel. Or, d'une part, Marc Ouellet est un pur produit spirituel du Vatican, branché sur le haut voltage doctrinaire généré par Benoît XVI - mais pas forcément en phase avec l'épiscopat canadien, et encore moins avec une société devenue foncièrement laïque. D'autre part, l'affaire ne se déroule pas sur le parvis de l'église paroissiale: le cardinal répond aussi des actes, à l'échelle planétaire, de l'institution qu'il représente.
Par exemple, à l'image de presque toutes les grandes institutions religieuses, l'Église catholique n'a pas réglé son problème avec les femmes.
Celles-ci ne peuvent toujours pas être ordonnées. Elles n'ont accès à la contraception ou à l'avortement que dans le péché. Le simple préservatif demeure un objet diabolique ce qui est une excommunication criminelle sur ces continents où, à la fois, l'Église compte le plus grand nombre d'adhérents et où le sida fait les plus lourds ravages: l'Afrique et l'Amérique latine, qui comptent 600 millions de catholiques, les plus fervents et prosélytes, déplorent aussi 30 millions d'adultes infectés.
Certes, il est légitime pour le primat de l'Église canadienne de présenter, à ce moment-ci, son point de vue.
Marc Ouellet a récemment témoigné devant la commission Bouchard-Taylor. Il y a certainement senti le malaise qu'éprouvent de nombreux Canadiens-français catholiques devant la transformation rapide de «leur» société. D'où le sens premier de sa lettre ouverte, qui est d'offrir une bouée de sauvetage aux naufragés de l'identité: le retour de la religion dans les écoles.
Il faut le remercier de sa suggestion. Et y opposer un non catégorique.
Déjà, comme nous l'avons déploré ici, une demi-douzaine de dieux et prophètes divers vont subrepticement se glisser à nouveau en classes, l'an prochain, à la faveur d'un nouveau programme d'«éthique et de culture religieuse». C'est plus que les enfants ne devraient être obligés d'en supporter sous ce toit. Ils ont d'autres choses à apprendre, à commencer par un code moral fondé sur la dignité de l'être humain.
Ce qui inclut les juifs, les autochtones, les homosexuels, les femmes, les enfants et les autres.
- source


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé