(New York) Au moment même où les républicains officialisaient leur mainmise sur le Congrès américain, la Maison-Blanche a assombri leurs célébrations, mardi, en annonçant l'intention du président d'opposer son veto à un projet de loi autorisant la construction de l'oléoduc Keystone XL.
«Si cette loi est votée par le Congrès, le président ne la signera pas», a déclaré le porte-parole de la Maison-Blanche, Josh Earnest, en insistant sur la nécessité de respecter le processus administratif en cours.
L'annonce de la Maison-Blanche est survenue durant la prestation de serment du nouveau Congrès, dont les deux chambres sont désormais contrôlées par les républicains. Depuis leur triomphe aux élections de mi-mandat, ceux-ci se sont promis d'adopter rapidement un texte qui donnerait le feu vert au projet du groupe TransCanada, dont ils ont fait un symbole politique.
La Chambre des représentants doit d'ailleurs tenir vendredi un premier vote sur le pipeline qui doit transporter le pétrole brut des sables bitumineux de l'Alberta jusqu'aux raffineries du golfe du Mexique. Le Sénat doit lui emboîter le pas à une date non fixée.
L'administration Obama procède depuis plus de six ans à une évaluation du projet Keystone XL. Au cours des derniers mois, ce processus administratif a été suspendu à la décision de la Cour suprême du Nebraska dans une cause concernant le tracé du pipeline.
«Le fait est qu'une évaluation complète de ce projet ne peut être complétée avant que ce litige au sujet du tracé n'ait été tranché et que nous sachions à quoi ressemblera vraiment le tracé final du pipeline», a déclaré le porte-parole de la Maison-Blanche, mardi.
Bénéfices mis en doute
Au cours des dernières semaines, Barack Obama a, de son côté, exprimé ses doutes sur les bénéfices que pourrait apporter la construction de l'oléoduc de TransCanada. Il a minimisé non seulement le nombre d'emplois susceptibles d'être créés par le projet, mais également ses retombées sur les prix de l'essence.
«Cela ne profiterait que très marginalement au consommateur américain», a-t-il déclaré lors de sa dernière conférence de presse de 2014.
En opposant son veto à un projet de loi sur le projet Keystone XL, le président confirmerait la nouvelle combativité dont il fait montre depuis la raclée électorale subie par son parti le 4 novembre dernier. Cette décision s'ajouterait à plusieurs mesures qui ont ulcéré les républicains, de la régularisation de millions de clandestins à l'accord avec la Chine sur le climat, en passant par le rétablissement des relations diplomatiques avec Cuba.
Reste à voir si son veto sur Keystone XL changera l'approche des républicains. Ceux-ci se promettent d'utiliser leur nouvelle mainmise sur le Congrès pour défier le président sur d'autres fronts. Ils entendent notamment tenir un vote rapide pour démanteler en partie ou en totalité la loi sur l'assurance maladie promulguée en 2010.
Un tel vote illustrerait l'influence des conservateurs purs et durs au Congrès. Ceux-ci ont tenté mardi de déloger John Boehner de son poste de président de la Chambre des représentants, le jugeant trop conciliant à l'égard de la Maison-Blanche. Ils avaient besoin de convaincre 30 républicains de voter contre leur chef pour forcer la tenue d'un deuxième tour de scrutin. Ils n'en ont convaincu que 25.
Réélu pour un troisième mandat à titre de président de la Chambre, John Boehner n'a pas manqué de critiquer la menace d'un veto présidentiel dans le dossier de l'oléoduc Keystone XL.
«Après avoir passé plusieurs années à inventer toutes les excuses possibles, le président a finalement été honnête avec les électeurs sur sa position réelle. Sa réponse est non aux infrastructures américaines, non à plus d'énergie américaine et non à plus d'emplois américains», a déclaré le président de la Chambre dans un communiqué.
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