Karim Benessaieh - Justin Trudeau n'aura mis que quelques jours après son entrée officielle en politique pour y aller d'un premier coup d'éclat.
Lors d'un discours où il a reçu une ovation debout, vendredi au Nouveau-Brunswick, le fils de l'ex-premier ministre Pierre Elliott Trudeau s'est ouvertement prononcé contre le bilinguisme et a prôné l'abolition des systèmes d'éducation distincts francophones et anglophones.
Devant une foule enthousiaste de quelque 2000 enseignants de niveau primaire, Justin Trudeau s'en est également pris aux souverainistes québécois, qu'il a comparés à des écoliers «braillards qui se plaignent pour obtenir plus d'attention».
Selon le Telegraph-Journal de Saint-Jean, Justin Trudeau a déclaré : «Le Québec ne se séparera pas, jamais. Le séparatisme est un mythe qui a été créé.»
L'essentiel du discours de Justin Trudeau a été consacré à l'éducation. Comme au Québec, le système du Nouveau-Brunswick est divisé en deux réseaux indépendants. Leur fusion, a affirmé M. Trudeau, qui a été professeur avant de remporter l'investiture libérale dans la circonscription montréalaise de Papineau, générerait des économies et serait bénéfique. «La séparation du français et de l'anglais dans les écoles est une chose qu'il faut réévaluer sérieusement. Ça divise les gens, ça leur met des étiquettes.»
Un enseignant a alors demandé à M. Trudeau s'il était un partisan du bilinguisme.
«Non, je ne suis pas en faveur du bilinguisme», a-t-il répondu, avant de faire une longue pause et d'ajouter : «Je suis pour le trilinguisme et le quadrilinguisme C'est de plus en plus vers cette réalité que nous nous dirigeons.»
M. Trudeau a ensuite dû répondre à des questions relatives à son intérêt de briguer un jour la direction du Parti libéral. «Certaines personnes revoient mon père et se disent : "Il l'a fait, pourquoi le fils ne le ferait-il pas aussi?" Je ne sais pas si je vais jamais me lancer (dans la course à la direction). Je vais d'abord voir si je vais être un bon député, puis je prendrai ma décision à partir de ça.»
Les enseignants lui ont réservé une ovation debout, rapporte le Telegraph-Journal. L'invitation avait été lancée par la New Brunswick Teacher's Association (NBTA) l'automne dernier, avant l'annonce de son entrée en politique. Sur le site de la NBTA, Justin Trudeau est décrit comme une personne ayant un «charisme électrisant» et capable de livrer des messages inspirants qui laissent les foules «informées, amusées et prêtes à faire une différence».
Des nuances
Il a été impossible de parler à M. Trudeau hier. Sa conseillère, Reine Hébert, a confirmé ses propos sur les souverainistes «braillards» mais a tenu à en préciser le contexte. «Il s'adressait à des professeurs, et il a utilisé une image. On ne nie pas ces paroles, mais ce n'était pas fait de façon méchante.» Mêmes nuances quant à son opposition au bilinguisme. «Un professeur francophone lui a posé une question, et M. Trudeau a répondu en le taquinant un peu, pour faire rire l'assistance. Il n'est pas contre le bilinguisme, mais pour le bilinguisme et même plus...»
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