L'arrestation de Julian Assange a été permise par la révocation de son asile par Quito. Déception sincère du président équatorien face à l'attitude du lanceur d'alerte ou pression financière exercée par une entité extérieure ? Les versions divergent.
Julian Assange a été arrêté le 11 avril par les autorités britanniques à l'ambassade équatorienne de Londres, où il était réfugié depuis près de sept ans. L'interpellation du lanceur d'alerte a été rendue possible après la révocation de son asile politique par Lenin Moreno, président équatorien. Ce droit lui avait été accordé par le prédécesseur de ce dernier, Rafael Correa.
Nous ne pouvons permettre que notre ambassade qui a ouvert ses portes à Julian Assange, devienne un centre d'espionnage.
Dans une interview publiée ce 14 avril par le quotidien britannique The Guardian, l'actuel chef d'Etat équatorien a justifié sa décision en affirmant que Julian Assange avait violé «de façon répétée» les conditions de son asile. «Nous ne pouvons permettre que notre ambassade qui a ouvert ses portes [à Julian Assange], devienne un centre d'espionnage» a-t-il déclaré, regrettant que le gouvernement précédent ait permis au lanceur d'alerte «de s'immiscer dans les processus d'autres États». Lenin Moreno a estimé que Julian Assange était «un invité à qui on a offert un traitement digne mais [que celui-ci]il n'a[vait] pas fait preuve de réciprocité envers le pays ayant su l'accueillir». Et le président équatorien d'ajouter que sa décision n'était «pas arbitraire» : «Nous ne prenons pas de décisions fondées sur des pressions extérieures émanant d'un pays.»
Cela fait partie de l'accord conclu avec le gouvernement des États-Unis par l'intermédiaire de son organe d'exécution, à savoir le FMI
Simultanément aux explications apportées par Lenin Moreno, l'ancien ministre équatorien de la Défense nationale, Ricardo Patino, s'est pour sa part livré à une toute autre version, affirmant que la révocation de l'asile de Julian Assange résultait selon lui d'une demande extérieure. Dans un entretien accordé au site argentin Resumen del Sur, repris par d'autres médias latino-américains, l'ancien ministre a en effet estimé que face aux difficultés économiques, l'actuel chef d'Etat équatorien avait sollicité plusieurs créanciers, dont le Fonds monétaire international (FMI), une démarche nécessitant selon lui l'aval des Etats-Unis.
Ricardo Patino affirme alors que certains interlocuteurs de Lenin Moreno auraient accepté de débloquer 10,2 milliards de dollars pour l'Equateur, sous certaines conditions. «[Mettre fin à l'asile d'Assange] fait partie de l'accord conclu avec le gouvernement des Etats-Unis par l'intermédiaire de son organe d'exécution, à savoir le FMI», a ainsi déclaré l'ancien ministre.
Lire aussi : Qu'est-il reproché au fondateur de Wikileaks Julian Assange ?
Contacté par RT France pour commenter les propos de l'ancien ministre équatorien, le service de presse du FMI n'a pour l'heure pas donné suite à notre sollicitation.
Dans la foulée de son arrestation par les autorités britanniques, Julian Assange a été inculpé par Washington pour association de malfaiteurs en vue de commettre un «piratage informatique». Ainsi s'annonce une bataille judiciaire de longue haleine, Julian Assange ayant l'intention de «contester et combattre» la demande d'extradition déposée par les Etats-Unis.
Fabien Rives