Julian Assange, bouc émissaire

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Assange a mis en danger des agents de la CIA, normal qu'il soit poursuivi par les Américains


L’état de santé du lanceur d’alerte et fondateur de WikiLeaks Julian Assange serait au plus mal. Réfugié à l’ambassade d’Équateur à Londres depuis 2012, pour échapper à une accusation de viol en Suède, il en a été expulsé avec l’arrivée à Quito du nouveau président vire-capot équatorien Lénin Moreno, en mai 2017. Entre-temps, l’accusation de viol est tombée, mais les États-Unis ont demandé son extradition afin de le juger pour espionnage, ce qui signifie la prison à perpétuité, s’il était reconnu coupable. Le gouvernement étatsunien l’accuse, entre autres, d’avoir mis en danger certaines de ses sources en publiant des milliers de câbles diplomatiques et autres documents confidentiels portant sur les activités de ses forces armées en Irak et en Afghanistan. Depuis ce temps, il croupit dans une prison de haute sécurité, en banlieue de Londres, dans une situation d’isolement prolongé et de surveillance permanente. D’où son état de stress, d’anxiété et de détresse, et la détérioration de son état de santé.  


Petit retour en arrière  


L’arrestation du lanceur d’alerte australien concerne tous les journalistes affectés à la couverture de l’actualité politique. En 1975, un ex-agent de la CIA, Phillip Agee, publiait une petite bombe: Inside the Company. CIA Diary (Penguin Books). Cet agent secret avait travaillé pour la CIA pendant une douzaine d’années, de 1965 à 1977, dans trois pays latino-américains: Équateur, Uruguay et Mexique. Avec le triomphe de la Révolution cubaine, en 1959, les États-Unis étaient préoccupés, c’est le moins qu’on puisse dire, par tout ce qui se passait dans leur arrière-cour. On voulait éviter coûte que coûte qu’un autre gouvernement communiste ou de gauche puisse s’imposer, d’une manière ou d’une autre.   


Agee, l’ancien agent de la CIA converti en lanceur d’alerte, raconte comment il intervenait dans les communications de ces pays en espionnant les conversations téléphoniques (c’était avant l’avènement d’Internet) et les courriers écrits. Avec d’autres journalistes à sa solde, il infiltrait les universités, les syndicats, les organisations sociales, les groupes de jeunes militants, le clergé progressiste, il rédigeait de faux communiqués et il posait même des bombes dans les églises en les attribuant aux méchants communistes (des scénarios qu’on a connus ici également dans années 70).    


Dans son livre, il publie les noms des agents qui opéraient dans ces pays, ainsi que les noms de ministres, fonctionnaires, militaires et policiers qui ont participé à cette vaste manœuvre de perversion. Ces basses besognes de la CIA ont, entre autres, permis le coup d’État au Chili qui renversa le gouvernement légitime de Salvador Allende, ainsi que l’installation de dictatures terroristes en Argentine, en Uruguay, au Brésil et au Paraguay, entre autres. Agee devint ainsi un ennemi classé dangereux des États-Unis et il décida de se réfugier à Cuba, où il est mort en 2008, à l’âge de 72 ans.   


Aujourd’hui, les technologies ont beaucoup évolué, et WikiLeaks y est pour beaucoup dans le dévoilement de ces nouvelles méthodes d’espionnage, de terrorisme et de coups d’État de velours. Les satellites, les ordinateurs, les téléphones cellulaires et autres gadgets électroniques font maintenant partie de la boîte à outils des services d’intelligence, mais, en fin de compte, c’est toujours la même ingérence qui porte atteinte à la souveraineté des pays concernés, ce sont toujours les mêmes actes illégaux pour imposer des gouvernements à la solde de l’empire. Julian Assange, Edward Snowden, Bradley Manning et quelques autres ont réussi à mettre à nu ces responsables d’actes criminels contre les populations d’Amérique latine. C’est pour cette raison que Julian Assange doit être libéré.




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