Radio-Canada est vraiment une courroie de transmission des politiques interventionnistes de Washington au Venezuela. J’en veux pour preuve le bulletin de nouvelles qui circule actuellement sur les ondes de la radio d’État où une « journaliste » répand de nouveau la rumeur de la crise humanitaire dans ce pays et fait part de l’exaspération du président autoproclamé Juan Guaidó, qui six mois après s’être déclaré calife à la place du grand calife n’a toujours pas été en mesure de réaliser ses promesses.
Ce n’est pas une simple coïncidence que Radio-Canada remet en marche la vieille casette que l’on connaît. Au même moment, Washington cherche le moyen d’accentuer les pressions contre le Venezuela et contre Cuba, laissant même planer la menace de sanction contre la Russie pour ses achats de pétrole vénézuélien. Pour les stratèges de la Maison-Blanche, il est primordial de relancer l’idée de la crise humanitaire, car cette appellation malheureusement contrôlée et dévoyée frappe l’imaginaire et autorise toutes sortes d’interventions, y compris militaires.
Tout laisse croire que Washington a sonné le rappel et demande aux gouvernements alliés, c’est-à-dire soumis à ses diktats comme celui de Justin Trudeau, de redoubler d’efforts en intensifiant les campagnes médiatiques contre la « dictature » de Maduro qu’on se propose même d’emmener devant la Cour pénale internationale. La répétition des mêmes mots, « dictature », « régime antidémocratique », « élections libres » (sic), « crise humanitaire », ne peut que contribuer à isoler un peu plus le gouvernement légitime du président Maduro, selon Washington, et encourager toutes sortes d’interventions de la part de pays voisins, comme la Colombie, le Brésil, le Pérou, tous placés sous la direction du Southern Command (Commandement Sud) des États-Unis.
On pense que cette politique extrême, où l’on a favorisé et organisé littéralement le chaos économique sur une longue période est sur le point de porter fruit très bientôt. Une intervention rapide et ciblée au Venezuela serait moins coûteuse qu’une opération militaire contre l’Iran et cela permettrait de mettre la main sur les plus grandes réserves pétrolières au monde, calcule-t-on. En supposant que l’armée bolivarienne appuie cette intervention, ce qui est loin d’être acquis comme on a pu le constater lors de la tentative de coup d’État, il y a quelques mois.
Radio-Canada, comme les autres médias qui font partie de la chorale de la Maison-Blanche, n’a cessé de répéter depuis six mois que Juan Guaidó était le seul président légitime du Venezuela. Mais il s’agit d’une autre « fake news », car devant le peu de résultat de cette soi-disant présidence, les forces d’opposition commencent de nouveau à se diviser. Pendant qu’on entame des discussions à la Barbade, entre toutes les parties concernées, gouvernement et opposition, à l’initiative de la Norvège, Guaidó, lui, demeuré à Caracas, demeure ferme sur ses positions, n’écartant pas une intervention militaire rapide de l’extérieur. Preuve qu’il ne croit pas au dialogue avec le gouvernement.
Il y a de quoi être pressé pour Guaidó. Selon l’entente conclue entre les forces de l’opposition, il devra laisser sa place à quelqu’un d’autre au plus tard le 31 décembre, s’il n’est pas élu à la suite d’un scrutin à la présidence, ce qui est peu probable. Son remplaçant se proclamera-t-il, lui aussi, président par intérim?