Renaissance du RIN

Joindre le geste à la parole

L’indépendance, c’est pour demain, pas pour dans cent ans.

Chronique de Richard Le Hir


Lorsque je me suis rendu compte au début de l’année dernière que la conjoncture redevenait de nouveau favorable à l’indépendance du Québec, je me suis tout de suite mis à partager mes analyses avec les lecteurs de Vigile. Après avoir écrit plus de 170 textes, je me suis dit que l’écriture avait ses limites, et que si elle demeurait utile, elle ne suffisait plus. Il fallait passer à l’acte.
Plus vite dit que fait. Il existe une pléthore de regroupements d’indépendantistes qui ne semblent pas être parvenus à se doter d’une cohésion suffisante pour jouer un rôle déterminant. Comme j’excluais en partant tout retour en politique active, estimant que c’est au peuple de faire l’indépendance et non aux partis politiques, je cherchais une organisation qui me permettrait de m’investir avec l’énergie et l’expérience dont disposent ceux qui, parvenus à un certain âge, pour ne pas dire un âge certain, n’ont plus d’obligations familiales importantes à assumer, et qui n’ont pas non plus de trop grosses contraintes de temps.
C’est alors que j’ai appris que certaines personnes avaient entrepris de faire renaître le Rassemblement pour l’Indépendance Nationale, un mouvement auquel je m’étais joint alors que j’étais encore au Collège Stanislas en 1964, sous l’impulsion de Pierre David, devenu depuis producteur de cinéma. N’ayant à l’époque que dix-sept ans, et bien occupé à la préparation du « bac » français, je ne comptais pas parmi les militants les plus actifs.
J’avais toutefois profité de la modification encore récente (1963) de l’âge du droit de vote pour voter RIN en 1966.
C’est donc avec une certaine impression de retour au bercail que j’entrepris les démarches pour me joindre au nouveau RIN. De plus, le RIN présentait à mes yeux l’avantage d’une certaine légitimité historique, ce qui l’assurait de prendre un essor rapide pour peu qu’il sache s’organiser.
***
Entre Noël et le Jour de l’An cette année, je rencontrais Michel Laurence, le père du nouveau RIN qui travaillait à sa relance depuis 18 mois. Il me demanda tout de suite si je voulais en devenir le président. Je lui répondis que j’estimais préférable de laisser la place à quelqu’un de plus jeune, de moins controversé, et de plus authentiquement Québécois que moi.
Je garde en effet un souvenir déplaisant de la campagne électorale de 1994 où mon adversaire Libérale, ci-devant mairesse de Farnham, sentant le vent de la défaite, avait fait apposer sur ses affiches à 10 jours du scrutin un bandeau jaune portant la mention « 100 % Québécoise », référence ô combien subtile au fait que ce n’était pas mon cas. En effet je suis né en France de père Français et de mère Québécoise, et je suis arrivé au Québec, où je vis depuis maintenant depuis plus de 60 ans, à l’âge de huit mois. À vous de déterminer le bon pourcentage dans mon cas.
Je suis heureux de souligner que cette initiative de fort mauvais goût n’avait pas empêché les gens du comté d’Iberville de m’accorder leur préférence à quelques milliers de voix de majorité. Cela dit, un chat échaudé craint même l’eau froide, comme le suggère le proverbe.
Pour en revenir à ma rencontre avec Michel Laurence, j’appris à ma grande surprise que le nouveau RIN comptait déjà des membres dans 10 des 17 régions administratives du Québec, et qu’il possédait des bases organisationnelles solides : un manifeste, des statuts et règlements, un secrétariat fonctionnel, un compte de banque, des cartes de membres, un site web, etc.
Apparemment déçu de mon refus d’assumer la présidence du RIN, Michel Laurence me proposa d’en assumer la vice-présidence. C’était plus de responsabilités que je n’étais prêt à en accepter au départ, mais je n’avais pas de bonnes raisons de refuser, d’autant plus que je m’étais déclaré disponible pour donner un coup de main.
Je rencontrai donc le « bureau politique » du RIN quelques jours plus tard, et fus élu sur le champ vice-président après les présentations et quelques échanges. Je ne m’attendais évidemment pas à recevoir dans les jours suivants un courriel de Michel Laurence dans lequel il annonçait qu’il démissionnait et du bureau politique et du RIN pour des « raisons personnelles », tout en nous offrant son entière collaboration pour le transfert des dossiers et du compte bancaire. Je précise tout de suite que ce transfert est désormais chose faite, et je tiens à remercier Michel Laurence pour sa collaboration.
Je ne m’attendais pas non plus à me retrouver président du RIN alors que je venais tout juste de refuser de l’être. J’ai cependant accepté cette responsabilité de bonne grâce à titre temporaire, et nous avons entrepris avec le bureau politique au cours de l’hiver un exercice de planification stratégique qui tire à sa fin.
***
Comme toute organisation qui se respecte, nous voulions disposer d’une base pour arrimer nos actions. Nous avons donc procédé comme il se doit dans ce genre d’exercice à une analyse de notre environnement, à la reconnaissance des différents inter-acteurs et de leurs intérêts, à l’examen de nos forces et de nos faiblesses, à celui des occasions et des menaces, à l’élaboration d’un énoncé de vision et d’un énoncé de mission, à l’identification des nos fonctions stratégiques et à la formulation d’objectifs pour chacune d’elles.
Nous avons pris conscience d’une réalité fondamentale. Notre objectif n’est pas de nous doter d’un pays. Ce pays, il existe déjà, et il est à nous. Il a son territoire, sa population, sa langue et ses institutions de gouvernement. La meilleure preuve en est qu’un Québec indépendant ne sera pas sensiblement différent que celui que nous connaissons dans son territoire, dans sa population, dans sa langue et dans ses institutions.
La différence résidera essentiellement dans l’étendue de ses pouvoirs, et dans la nature de ses rapports avec le Canada et le reste du monde. Nous avons donc énoncé dans les termes suivants notre vision d’un Québec indépendant :

« Un État du Québec fort, de langue française, doté de tous les pouvoirs et attributs d’un État souverain libre de sa destinée et de ses choix, axé sur la mise en valeur responsable de tous ses potentiels, pour le plus grand bénéfice de tous les Québécois des générations actuelles et futures. »


Comme je l’ai indiqué plus tôt, il existe une pléthore d’organismes qui se sont fixés comme objectif l’indépendance du Québec. Il fallait donc nous tailler une niche qui nous permette à la fois de nous différencier et de nous inscrire dans la continuité historique du RIN. Notre énoncé de mission est le suivant :
« Le RIN a pour mission de tenir la lutte pour l’indépendance à l’avant-scène de la politique québécoise jusqu’à ce que l’objectif soit atteint. À cette fin, il utilise tous les moyens légitimes et légaux à sa disposition dans une société démocratique. »


Au cours des prochaines semaines, nous mettrons le fruit de notre réflexion stratégique à la disposition du public sur le site web du RIN http://www.rassemblement-independance-nationale.org/ qui subira d’ailleurs pour l’occasion une importante mise à niveau, tant sur le plan de la forme que du contenu. Pour des raisons évidentes, nous nous garderons toutefois une « p’tite gêne » au chapitre de nos plans d’action sur le terrain.
Nous lancerons en outre une campagne de recrutement afin d’atteindre rapidement une masse critique de plusieurs milliers de membres. Vous n’êtes cependant pas obligés d’attendre que l’on vous sollicite pour nous rejoindre. Vous pouvez le faire sur notre site dès maintenant. Sentez-vous bien à l’aise, nous ne sommes pas sectaires. Seulement très résolus.
L’indépendance, c’est pour demain, pas pour dans cent ans.


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