Je me souviens de 1990 et de 2005

Si les indépendantistes manquent encore une fois le train, ils n’auront qu’eux-mêmes à blâmer!

Tribune libre 2008


Il y a une crise à Ottawa. Sans vouloir parler de celle-ci, je voudrais
plutôt tous nous ramener au Québec. J’écrivais dernièrement que le fruit
est mûr pour la question nationale. Ça fait plus d’un an que je dis que
nous approchons d’une crise constitutionnelle pour le tournant de la
décennie. Parce que la constitution n’est toujours pas signée par le
Québec, que l’Ouest s’affirme de plus en plus, que les Maritimes commencent
à développer leur autonomisme, que l’Ontario est en crise économique, que
les fédéralistes du Québec n’ont pas su imposer une alternative mais qu’ils
se rendent compte qu’ils ne peuvent pas mettre la question sous le tapis
éternellement sans en subir les conséquences. Alors, c’est quoi le rapport
avec l’élection Québécoise?
Vous vous souvenez de 90? C’est l’année où 50% de la population était pour
l’indépendance, 60% pour celle-ci associée à une forme de partenariat avec
le Canada. Suite à l’échec de Meech. Qu’est-ce qui s’est passé à ce moment
là? Bourassa aurait pu le faire mais il a coulé le projet dans l’attente,
tout en tentant Charlottetown où les fédéralistes Québécois ont eu des
résultats de l’ordre des 40%, soit le Oui de 80. Rendu en 95, le momentum
était presque perdu et ce n’est que grâce à une volonté politique et une
campagne référendaire que nous avons pu atteindre le 50% qui aurait dut
nous donner une mince victoire.
Puis 2005, ça vous dit quelque chose? C’est quand la souveraineté était
dans les 45-50%, qu’il y a eu un regain d’intérêt chez les jeunes, des
percées électorales historiques à Montréal parce que les rouges ne
sortaient plus voter, que le Bloc avait eu son plus haut score avec 54
députés et presque 50% des voies… Mais qu’est-ce qui s’est passé? Charest
était au pouvoir, le PQ dans l’opposition, occupé à tenter d’harnacher ce
mouvement. Saison des idées, congrès, chefferie ont cependant échoués de
rassembler ces forces. Il faut dire par contre qu’il est toujours difficile
pour un chef ou un parti de rester unis lorsqu’il est dans l’opposition. Le
momentum c’est encore perdu et le mieux qui a pu être fait a été de mettre
minoritaire Charest, tout en donnant à l’Assemblée Nationale une opposition
clairement contre le status quo constitutionnel.
Alors vous, qui êtes fâchés contre le PQ et vous tournés vers le PI, QS,
voire l’ADQ, pensez-y. Parce que si Charest est majoritaire, qu’il y a au
courant des 4 prochaines années un regain de flamme souverainiste, qu’on la
manque et que vous êtes de ceux ayant voté pour ces partis; vous allez
avoir quelques difficultés à vous regarder dans le miroir. Si Charest est
majoritaire, c’est 4 ans où l’idée d’indépendance va être étouffée. Si on
peut avoir le PQ minoritaire ou fort dans l’opposition, ça nous donnera au
moins la chance d’agir rapidement si cette idée souffle sur le Québec. Ça
nous donnera en tout cas à tout le moins un véhicule pour le faire.
Je me souviens.
Louis-Joseph Benoit
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --

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