Les parlementaires italiens doivent se prononcer aujourd'hui sur l'organisation d'élections anticipées, après que Salvini a acté la fin de la coalition gouvernementale. Fort de sa popularité, le ministre de l'Intérieur veut obtenir les coudées franches pour porter le fer contre Bruxelles.
Alea Jacta est, aurait lancé un personnage illustre en un autre temps. Les sénateurs italiens doivent se prononcer ce mardi sur l'organisation des élections anticipées après que Matteo Salvini, ministre de l'Intérieur et chef du parti de la Lega, a annoncé en fin de semaine dernière qu'il comptait mettre un terme à la coalition qu'il formait avec le mouvement 5 étoiles depuis tout juste un an. « Allons tout de suite au Parlement pour prendre acte qu'il n'y a plus de majorité (…) et restituons rapidement la parole aux électeurs », avait-il expliqué jeudi dans un communiqué.
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Pour Matteo Salvini, il s'agit de capitaliser sur sa popularité pour élargir le nombre de ses parlementaires et obtenir, enfin, les coudées franches. « Les fruits de son travail politique ont commencé à porter, analyse Antoine Colonna, Rédacteur en chef monde de Valeurs actuelles. Il était à 4 % il y a deux ans et demi, aujourd'hui, les sondages le donnent à 40 %. » Une cote de popularité qui doit beaucoup à l'action de l'infatigable ministre de l'Intérieur : « Salvini, c'est le retour de l'action en politique. Il a réussi, sur le dossier des migrants, sur le question de la lutte contre la mafia, à prendre des mesures fortes. les Italiens lui font de plus en plus confiance. » Dans le même temps, les relations avec le M5S se sont sérieusement fragilisées. Déficit public, TGV Lyon Turin, baisse des impôts, sauvetage d'Alitalia ne sont que quelques-uns des thèmes sur lesquels Matteo Salvini et Luigi di Maio, président du Conseil Italien, n'arrivaient pas à s'entendre. En s'associant au reste de la droite, notamment Berlusconi et Fratelli d'Italia, avec qui il partage nombre de valeurs, Salvini est crédité d'à peu près 54 % des voix.
Un budget « pour les Italiens »
Fort de cette majorité claire, Matteo Salvini envisage de porter le fer contre Bruxelles. Après avoir été longtemps une ardente partisane de la construction européenne, l'Italie compte aujourd'hui parmi les déçus de l'UE, que l'on parle d'économie, de monnaie unique ou de politique migratoire. « Salvini veut proposer un budget pour les Italiens et par pour Bruxelles. Cela peut conduire à un divorce rapide avec Bruxelles qui peut faire sortir l'Italie, d'abord de l'Europe, et pourquoi pas ensuite de l'UE », estime Antoine Colonna.