Israël a accusé samedi la Pologne de vouloir "changer l'Histoire", au lendemain du vote par la chambre basse du Parlement polonais d'une loi liée à la Shoah qui sanctionne l'emploi du terme "camps de la mort polonais".
Cette loi prévoit une peine pouvant aller jusqu'à trois ans de prison pour les Polonais et les étrangers qui utiliseraient ce terme pour qualifier les camps d'extermination que les nazis avaient installés en Pologne quand ils occupaient ce pays durant la Seconde Guerre mondiale.
Pour entrer en vigueur, ce texte doit être voté par le Sénat et signé par le président polonais.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a donné instruction à l'ambassadrice d'Israël à Varsovie de rencontrer le Premier ministre polonais dès samedi soir "pour lui exprimer (s)a ferme opposition à cette loi", selon un communiqué de ses services.
Selon l'agence polonaise PAP, l'ambassadrice israélienne Anna Azari a appelé Varsovie à changer la loi lors d'une cérémonie, samedi, marquant le 73e anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz, qui coïncide avec la journée internationale à la mémoire des victimes de l'Holocauste.
Par ailleurs, le chargé d'affaires polonais auprès de l'ambassade de Pologne à Tel-Aviv, en l'absence de l'ambassadeur, a été convoqué dimanche à 10H00 locales (08H00 GMT) à Jérusalem, a indiqué à l'AFP un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Interprétation erronée de l'Histoire
Pour les Polonais, l'utilisation du terme "camps de la mort polonais" donne la fausse impression que leur pays est responsable de la Shoah.
Pour les dirigeants israéliens, ce texte représente une tentative de nier la participation de la Pologne à l'extermination des juifs par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale.
"Cette loi est sans fondement. On ne peut pas changer l'Histoire et l'Holocauste ne peut pas être nié", a proclamé M. Netanyahu.
"Israël demande au gouvernement polonais de modifier cette loi avant son adoption définitive", a affirmé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Un responsable de ce ministère a indiqué à l'AFP que cette loi visait à "dédouaner les Polonais de leur rôle pendant et après la Shoah".
Les dirigeants de l'opposition de gauche et centriste en Israël, Isaac Herzog et Yair Lapid, ont également dénoncé le texte de loi polonais, tout comme le député arabe d'opposition Ahmed Tibi.
Yad Vashem, le mémorial de la Shoah à Jérusalem, a également critiqué le texte mais de manière plus nuancée.
"Cette loi est susceptible de brouiller la vérité historique concernant l'assistance que les Allemands ont reçue de la part de la population polonaise durant l'Holocauste", a souligné dans un communiqué cette institution, qui a toutefois reconnu "qu'il ne fait aucun doute que le terme +camps de la mort polonais+ constitue une interprétation erronée de l'histoire".