C’était grossier, il fallait seulement avoir les yeux ouverts: Gabriel Nadeau Dubois disait mercredi avant-midi que la nouvelle ministre de la Condition féminine, Isabelle Charest, avait tenu des propos «maladroits» sur le port du voile islamique.
Quelques heures plus tard, alors que la Société Radio-Canada alignait experts, commentateurs et journalistes pour les nouvelles du jour et le lessivage quotidien de l’opinion, un bandeau apparût à l’écran, soulignant que Mme Charest avait tenu des propos «maladroits».
L’adjectif n’était pas attribué à Gabriel Nadeau Dubois. Mais était-ce nécessaire?
Le chef de pupitre ou le graphiste avait apparemment jugé la ministre Charest fautive et fait sienne l’opinion de l’ancien leader des Carrés rouges.
Le jupon du multiculturalisme canadien dépasse souvent à la SRC. Il était foutrement visible, ce mercredi.
Comme Justin Trudeau, Québec solidaire ne veut pas qu’on légifère sur le voile islamique. Disons plutôt qu'il n'y tient pas. Il s’est doté d’une position sur le sujet par obligation politique, parce qu’il lui en fallait une. Il ne l’aurait pas fait de son propre chef.
Ça ne l’intéresse pas, la laïcité, l’islam, le voile, etc. On n’a qu’à les lire ou les écouter.
QS craint de heurter une partie de sa base électorale, les immigrants. Et de déplaire aux syndicats qui, faute d’opprimés de souche, se sont tournés vers les immigrants, considérés comme les nouvelles victimes du capitalisme mondial.
De ce parti-pris est né l’islamo-gauchisme, à cause du poids des musulmans dans l’immigration. Il est présent dans les cégeps et les universités et chez la bien-pensance médiatique identifiée récemment par Alexandre Taillefer : Radio-Canada, Le Devoir, La Presse.
Le PLQ, petit frère du Parti libéral du Canada, est lui aussi farouchement épris de liberté individuelle. Ça permet l’esquive et l’indécision.
Le voile, la laïcité, pendant dix ans, nos liberals ont jonglé avec les lieux communs, cherchant à ne pas froisser Ottawa. La politesse sert de politique aux colonisés.
Chez QS, on répète vouloir parler d’autre chose. Quand on leur pose des questions sur le sujet : Mme Massé ou GND disent à peut-être la même chose : «Ça divise», «Le Québec a d’autres défis», «Les changements climatiques, c’est urgent»...
Quant à Isabelle Charest, elle a tout simplement dit ce que la très, très grande majorité des femmes et des hommes du Québec pensent.
Les gens savent aujourd’hui ce qui se passe dans le monde, hors du Québec, hors de la volière. Hors du «dôme» ethnocentrique où l’Union des artistes est affiliée à la FTQ. Et ce qui se passe ailleurs ne les laisse pas indifférents...
Alors qu’il était président de l’Égypte, Nasser se moquait du voile et ne voulait pas forcer ses propres filles à le porter. Aujourd’hui, en Égypte, ne pas le porter est risqué. Idem en Iran, en Algérie, etc. Comme en banlieue de Paris...
Mme Charest doit avoir compris au moins une chose : elle n’entendra pas souvent ceux qui sont d’accord avec elle. Ça ne veut pas dire qu’ils ne sont pas nombreux...
Depuis des années, on veut faire croire que le hijab est futile, presque insignifiant, une mode quasiment. C’est faux, les femmes cachent leurs cheveux, et ce n’est pas sans raison. Parfois elles se cachent entièrement. Par choix?
Cette anecdote a fait le tour du milieu hospitalier de la capitale, il y a environ trois ans: un couple déambule sur Grande Allée, au cœur d’un été, chaud, humide, crevant.
Le jeune homme marche devant, en sandales et bermudas...La femme suit, la tête enveloppée dans son hijab et le corps dissimulé sous une grande toile noire.
Elle s’est effondrée. Par choix, sans doute, avait-elle décidé de ne pas porter de bermudas.