Des générations d’Européens qui ont quitté leur pays déchiré par des guerres ou des famines ont rêvé le rêve américain.
Même les Canadiens français pauvres, à la recherche d’emploi pour nourrir leur nombreuse famille, ont aussi pris au début du XXe siècle le chemin de la Nouvelle-Angleterre pour travailler comme prolétaires dans les manufactures et les usines. Mes propres grands-parents maternels furent de ce nombre. Mais dans leur cas, le rêve se transforma rapidement en cauchemar et ils revinrent plus pauvres encore au pays, ayant été incapables de s’intégrer à cette culture si étrangère à leurs yeux.
Mais des centaines de milliers de Canadiens français prirent racine aux États-Unis. Ils ont souvent anglicisé leurs noms et leurs enfants se sont assimilés, abandonnant par le fait même leur langue maternelle pour participer à l’American dream.
Valeurs communes
Les immigrants d’origine européenne venus chercher l’espoir en Amérique du Nord ont souhaité se fondre dans la culture d’accueil des États-Unis et du Canada, où le choc culturel qu’ils éprouvaient était atténué par le fait qu’ils partageaient des valeurs communes. Ces valeurs que l’on n’ose plus appeler – rectitude politique oblige – les valeurs de la civilisation judéo-chrétienne. Celles-là mêmes qui ont donné naissance à l’humanisme des Lumières, qui ont éclairé jusqu’à ce jour notre démocratie.
L’immigration au Québec fut donc longtemps d’abord européenne, donc judéo-chrétienne. L’adaptation des immigrants ne se faisait pas sans friction avec la majorité, mais le temps et la volonté de plusieurs de s’assimiler à la culture dominante n’ont créé que des conflits linguistiques. Car les immigrants d’avant la Loi 101 choisissaient l’anglais, la langue majoritaire de tout le continent.
Les tensions entre les Québécois de souche et les néo-Québécois ne se sont donc jamais déroulées vraiment autour de la religion. Et c’était avant l’avènement du concept de multiculturalisme si cher à Pierre-Elliot Trudeau et qui a inspiré les chartes des droits canadienne et québécoise.
Depuis plus de trente ans, le triomphe des droits individuels sur les droits collectifs a produit des situations paradoxales. Chacun est renvoyé, confirmé et embrigadé dans sa différence, mais en même temps, l’on assiste à la montée des revendications communautaristes.
Adaptation difficile
L’immigration récente est désormais composée de personnes issues pour un grand nombre de sociétés aux valeurs souvent opposées aux nôtres. Cela explique d’ailleurs l’attirance des étrangers pour cette terre de liberté qu’est le Canada. Mais l’adaptation de ce type d’immigrants à la culture démocratique est plus problématique du fait de n’avoir connu que la dictature ou un système autoritaire. Il faut constater que la liberté exige aussi un apprentissage, donc du temps. Les sociétés d’accueil doivent en tenir compte et user de pédagogie. C’est pourquoi d’ailleurs les enfants d’immigrants s’adaptent plus rapidement que les adultes.
Mais l’intégration des immigrants devient quasi impossible lorsque ces derniers revendiquent la suprématie de la religion sur l’État. Ce que font des islamistes parmi nous en refusant d’endosser les valeurs communes de notre société.
L’éloge de la diversité absolue qui confine chaque citoyen dans son propre territoire est le plus grand déstabilisateur social. L’unique voie demeure l’intégration.
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