Le chef de file de l'indépendance catalane, Carles Puigdemont, qui a été interpellé en Allemagne en mars 2018 alors qu'il retournait en Belgique, pourrait être extradé en Espagne pour être jugé... mais pas pour rébellion.
La justice allemande a autorisé le 12 juillet la remise à Madrid du chef indépendantiste catalan Carles Puigdemont pour malversations mais a rejeté le motif plus grave de rébellion pour lequel il est inculpé en Espagne et pour lequel il pourrait encourir jusqu'à 30 ans de réclusion.
Le tribunal du Schleswig-Holstein en Allemagne précise que désormais il revient au procureur d'organiser cette remise aux autorités espagnoles et que l'ancien président de la catalogne reste libre dans l'intervalle. Le parquet a fait savoir qu'il allait «décider sous peu de l'autorisation d'extrader l'accusé pour détournement de fonds». Cette décision, qui pourrait paraître très défavorable à Carles Puigdemont, porte donc en réalité un coup aux chefs d'accusations espagnols. La cour allemande adresse même une mise en garde à Madrid : «La cour part du principe que le tribunal espagnol respectera [la décision allemande] et qu'il ne poursuivra pas l'accusé Puigdemont pour rébellion en plus de l'accusation de corruption.»
Après s'être réfugié en Belgique pendant les événements qui ont secoué l'Espagne à l'automne 2017, l'indépendantiste catalan avait été interpellé par la police allemande le 25 mars alors qu'il traversait la frontière entre le Danemark et l'Allemagne pour retourner en Belgique où il s'était réfugié, après un déplacement en Finlande.
Dans une décision du 15 janvier, un tribunal de Barcelone a jugé que le parti des dirigeants catalans Carles Puigdemont et Artur Mas, Convergence démocratique de Catalogne, aurait perçu de façon illégale 6,6 millions d'euros auprès d'un groupe de BTP en échange de contrats.
Le 2 novembre, le parquet espagnol avait demandé l'émission d'un mandat d'arrêt européen contre le président catalan destitué et contre quatre de ses «ministres», après leur refus de comparaître devant une juge d'instruction madrilène pour «rébellion, sédition, détournement de fonds publics et désobéissance à l'autorité».
Les années 2016 et 2017 ont été marquées en Espagne par la volonté d'une partie des Catalans d'obtenir la tenue d'un référendum sur l'indépendance de cette région. Les tenants de l'indépendance étaient soutenus par le président régional Carles Puigdemont. Le référendum qui s'est tenu le 1er octobre malgré l'interdiction espagnole a été jugé illégal par les autorités à Madrid et a récolté 90% de «oui» pour l'indépendance. Une vague de manifestations et de répression s'en est suivie, se soldant par l'emprisonnement de certains des partisans de Carles Puigdemont et la mise sous tutelle de la Catalogne par l'Espagne en vertu de l'article 155 de la Constitution.