Impérialisme britannique versus laïcité française

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« Que le Québec francophone ne comprenne pas que sa soumission au Canada anglais compromet même sa survivance ne peut qu’étonner les peuples des quelque 110 pays qui ont accédé à leur indépendance depuis 1945 »


Les préjugés antiquébécois d’Amira Elghawaby étant maintenant de notoriété publique et Justin Trudeau et le Canada anglais les appuyant ouvertement, alors que l’immense majorité des Québécois s’en offusquent, nous sommes en droit de nous demander comment les « deux Canadas » peuvent à ce point diverger d’opinion après deux siècles et demi de cohabitation.


Le Canada anglais se distingue des États-Unis, avant tout, par le fait qu’il n’a jamais vraiment coupé ses liens avec l’impérialisme britannique. Le fait qu’il tienne à ce que le chef de l’Église anglicane demeure le chef officiel du Canada en dit très long là-dessus.


L’Empire britannique s’est toujours plu à faire défiler devant le bon peuple anglais autant de représentants que possible de leurs colonies vêtus des costumes les plus exotiques. Cela manifestait au monde la grandeur de cet empire « sur lequel le soleil ne se couchait jamais » et permettait aux Anglo-Saxons de bomber le torse et de se complaire dans leur sentiment de supériorité.


Que les uns et les autres exhibent leurs kilts, leurs turbans, leurs boubous, leurs hidjabs, leurs niqabs, leurs burqas, leurs tchadors, leurs saris, leurs dhotis, leurs chivaras, etc., cela ne servait qu’à mieux les distinguer des gentlemans « british » soumis à des codes vestimentaires particulièrement stricts variant suivant les heures de la journée (dans les clubs sélects de Montréal, le col roulé est encore proscrit ; qui le porte ne peut entrer…).


Cette grande ouverture d’esprit n’avait pour but que de marquer, en tout temps et en tout lieu, que l’empire était construit sur une hiérarchie de groupes distincts, de castes et d’ethnies dominés par les Anglo-Saxons et que nul ne devait se faire passer pour l’autre.


De son côté, la laïcité française est fille du siècle des Lumières, de la Révolution française et de l’esprit de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, dont l’article 1 proclame que « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit ».


La déclaration de 1789 distingue nettement les droits des citoyens et ceux de la Nation. De cette distinction découle plus tard le devoir pour l’État représentant la Nation d’afficher une totale neutralité face aux religions en séparant les Églises de l’État et en rejetant l’idée d’une religion d’État, d’où le concept de laïcité.


Notre Révolution tranquille est fille, consciente ou inconsciente, de la Révolution française. Et elle porte en elle le rejet de l’impérialisme britannique, dont le Canada anglais demeure le vestige le plus évident (plus que l’Australie ou la Nouvelle-Zélande).


Que Justin Trudeau, né et élevé en Ontario (jusqu’à l’âge de 12 ans) d’un père à demi britannique et d’une mère britanno-colombienne, ne comprenne pas cela ne saurait nous étonner.


Par contre, que le Québec francophone ne comprenne pas que sa soumission au Canada anglais compromet même sa survivance ne peut qu’étonner les peuples des quelque 110 pays qui ont accédé à leur indépendance depuis 1945.

 





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