Immigration: la cible du Québec appelée à changer?

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Réduire l'immigration doit être une priorité pour les nationalistes

Le Québec devra revoir ses seuils d'immigration à la baisse si la relance économique se fait plus lente que prévu, affirment à présent des représentants du milieu économique.


Il s'agit d'un virage à 180 degrés pour ceux qui, jusqu'à tout récemment, réclamaient au moins 60 000 immigrants par année pour combler la pénurie de main-d'oeuvre.



Le gouvernement Legault prévoyait hausser en 2020 le nombre maximum de nouveaux arrivants à 44 500, puis à 47 500 en 2021. En 2022, le nombre d'immigrants admis devait se situer entre 49 500 et 52 500.


Tout a changé avec la crise de la COVID-19, a déclaré en entrevue jeudi le président du Conseil du patronat, Yves-Thomas Dorval.


«En 2020, il y aura énormément de main-d'oeuvre sans emploi, a-t-il affirmé. Il va falloir s'attarder bien sûr à essayer de s'assurer que cette main-d'oeuvre-là se retrouve un emploi.


«La cible pour 2021 va (...) peut-être même excéder les besoins, étant donné que 2021 risque d'être une période où on est en chômage», a-t-il ajouté. 


Le Québec pourrait tout aussi bien vivre une pénurie de main-d'oeuvre étant donné sa démographie, nuance-t-il. Quatre-vingts pour cent des besoins de main-d'oeuvre sont reliés aux départs à la retraite, selon M. Dorval.



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«Le gouvernement doit se garder une porte de sortie pour que si en 2021, il y a des besoins très importants, (...) qu'on inclut dans la cible de 2021 les manques qu'on a eus en 2020, donc avoir une certaine flexibilité.» 


Autrement dit, la cible sera sûrement appelée à changer, croit également le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc.


«Le gouvernement était sur un objectif d'environ 50 000, nous on demandait 60 000, on va devoir réévaluer ça, a-t-il déclaré en entrevue, jeudi. On pourrait envisager de diminuer temporairement.»


À l'instar de M. Dorval, il rappelle toutefois que le Québec a une tendance structurelle lourde de resserrement démographique. Parallèlement à cela, la province n'a pas abandonné ses grands projets d'infrastructure, dit-il.


«Je m'attends à ce que le Québec retrouve sa robustesse économique», affirme M. Leblanc, en disant guetter les indicateurs d'embauche. Ceux d'octobre prochain seront révélateurs, selon lui, car la relance aura été amorcée. 


Québec solidaire est d'accord


Québec solidaire (QS) s'attend également à une révision des seuils d'immigration en raison de la crise de la COVID-19. L'an dernier, QS était en faveur d'un retour immédiat à un seuil d'environ 52 000 immigrants admis chaque année.


En entrevue, son porte-parole en matière d'immigration, Andrés Fontecilla, a cité le contexte «tout à fait extraordinaire» pour dire qu'il fallait faire preuve au Québec d'une grande «flexibilité». 


«Si la situation l'impose, oui, il faut revoir les objectifs qu'on s'était donnés, a-t-il affirmé. Il est fort probable que le ministère procède à une réévaluation de ces cibles-là.»


Entre-temps, le député de Laurier-Dorion exhorte le ministre de l'Immigration, Simon Jolin-Barrette, à exiger du gouvernement fédéral qu'il prolonge de 90 jours les permis des étudiants internationaux ainsi que des travailleurs étrangers temporaires.


Normalement, l'expiration du permis d'études ou de travail signifie que la personne doit quitter le pays. Mercredi, l'organisme d'aide aux immigrants ALPA a sonné l'alarme en disant traiter plusieurs cas de détresse psychologique. 


«Pour ces personnes-là, les couchent de difficultés s'ajoutent, a déclaré M. Fontecilla. Déjà, il y a la crainte de la maladie, ensuite il y a la perte de revenus (...) et ensuite on rajoute la crainte du statut d'immigration.»


Prolongation des permis: le ministre Jolin-Barrette s'en mêle


Le ministre Jolin-Barrette a déjà soulevé cet enjeu avec le gouvernement fédéral, assure son attachée de presse, Élisabeth Gosselin-Bienvenue.


«Nous comprenons tout à fait l'inquiétude des personnes. La situation de certains étudiants ainsi que des travailleurs étrangers fait effectivement partie des enjeux soulevés et portés à l'attention du gouvernement fédéral. Les discussions se poursuivent», a-t-elle déclaré à La Presse canadienne. 


M. Jolin-Barrette n'a pas répondu aux demandes d'entrevue, jeudi.  


Le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain se dit quant à lui «surpris» que l'enjeu n'ait pas encore été réglé. «Nous l'avions demandé il y a trois semaines. C'est essentiel pour les entreprises (...) qui ont besoin de ces employés-là», a insisté M. Leblanc.


Caroline Plante, La Presse canadienne