Immigration : cette importante bataille gagnée par Donald trump sans que personne n’en prenne vraiment conscience

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Refuser le droit d'asile pour des demandeurs n'étant pas sur le territoire national : un pas dans la bonne direction

Atlantico : En quoi consiste ce nouvel accord conclu avec le Mexique ?


Jacques Barou : L'accord entre les Etats-Unis et le nouveau gouvernement du Mexique ne concerne que les demandeurs d'asile. Il vise à permettre l'examen des demandes d'asile par la justice américaine de la part de personnes qui resteraient au Mexique pendant la durée de la procédure. En cas de refus final ces personnes seraient définitivement interdites d'entrée aux Etats Unis. Ceci s'inscrit dans la continuité de la politique de Trump qui veut que les demandes d'asile formulées par des gens entrés illégalement aux Etats-Unis soient systématiquement rejetées, ce qui a provoqué un refus de la part de la justice américaine. Ce projet n'est pas très différent de ce que veut faire l'Union Européenne en examinant les demandes d'asile dans les pays de transit avec le souci de privilégier ceux qui sont en danger. Ceci dit, un certain flou persiste à propos de cet accord dont on ne sait trop s'il a été ou non entériné officiellement.


Pour quelle raison cet accord serait-il plus efficace que le système actuel pour garder les migrants en dehors des Etats-Unis ?


En laissant espérer une obtention de l'asile tout en restant en dehors du territoire américain, cet accord peut contribuer à diminuer la pression sur la frontière et à limiter les tentatives de la franchir illégalement. De plus, pendant la durée de la procédure, les candidats à l'entrée aux Etats-Unis seront amenés à chercher du travail au Mexique et en cas de réussite à ce niveau beaucoup ne seront plus candidats à l'entrée aux Etats-Unis. L'efficacité de cet accord dépendra sans doute de l'importance du nombre de titres de demandeurs d'asile délivrés par l'administration américaine. S'il est très faible, les gens seront incités à tenter tout de même le passage vers les Etats-Unis. Le gouvernement mexicain est pris au piège. Il est mis face à une alternative : soit accepter l'accord soit risquer de se voir imposer une fermeture totale de la frontière, ce qui serait plus préjudiciable pour lui. Son orientation progressiste ne lui permet pas de prôner un retour immédiat des migrants dans leurs pays d'origine et il devra au moins accepter que les candidats venus pour la plupart des pays d'Amérique centrale restent sur son territoire pendant la durée de la procédure. . 


Cet accord a-t-il une chance d'enrayer le "shutdown" américain ? Les parlementaires sont-ils suceptibles de l'accepter ?


Cet accord, s'il est bien signé, peut se prévaloir d'une dimension moins brutale et moins coûteuse que la construction d'un mur qui aurait des conséquences économiques négatives sur les échanges commerciaux entre Mexique et Etats-Unis. Il serait ainsi peut-être plus acceptable pour les parlementaires U.S mais tout dépendra bien sûr de la manière dont il sera mis en application et de ses résultats à court terme. Si le nombre de bénéficiaires du droit d'asile est insignifiant à l'issue de cette procédure, les parlementaires américains pourraient aussi se retourner contre cet accord, l'accusant torpiller de facto le droit d'asile, valeur importante de l'histoire américaine.