Il s'agit d'une véritable guerre entre citoyens du même territoire

Tribune libre

Peu importe comment on cherche à déguiser la présente réalité du Québec et du Canada, il n'y a qu'un mot pour décrire ce qui s'y passe et ce mot est "guerre".
Oubliez que ceux qui gouvernent sont là pour le bien-être collectif de l'ensemble. Et oubliez même que les gens votent pour un projet de société lorsqu'ils se présentent aux urnes.
La guerre en question est comme entrée dans une phase aigue depuis le début du présent siècle et tout indique qu'elle n'en restera pas là.
D'abord, il existe une idéologie pernicieuse qui accompagne le capitalisme et j'ai nommé l'idéologie du "mérite".
Cette idéologie justifie à peu près tout: la richesse extrême comme la pauvreté extrême. Or, la déclaration universelle des Droits de l'Homme est formelle: tous sans exception ont droit à un revenu suffisant pour une vie décente. Il n'y est pas question de mérite.
Je me souviens aussi d'un article de Guy Paiement que j'avais lu au début des années 1990. Monsieur Paiement mentionnait qu'au Québec, c'était dans les classes les plus défavorisées qu'il y avait le plus de solitude et le moins d'enfants. Évidemment qu'il trouvait cela déplorable et avertissait que cela occasionnerait probablement un jour des troubles sociaux. Mais il se trompait car les plus démunis sont trop préoccupés par leur survie pour penser faire du trouble. Et il ne faut pas penser que la situation est bien différente vingt ans plus tard.
Une telle situation fait que la honte que ces gens subissent "rejaillit" sur le reste de la population. En effet, il est honteux que les classes socio-économiques supérieures laissent aller une telle situation, situation qui est loin d'être à leur crédit.
Ou l'est-elle? Car ne s'agirait-il pas là d'une politique consciente pratiquée par une partie de la population "en guerre" contre une partie de leurs concitoyens?
Je cite un militant de Québec solidaire, monsieur Christian Montmarquette:
"C’est donc, comme me disait un vieil et éminent camarade de la gauche, travailleur communautaire et défenseur des droits sociaux, que la pauvreté et une aide sociale aussi bassement honteuse, sont « DÉLIBÉRÉMENT » laissés en place pour faire fonctionner le capitalisme sauvage, qui carburent à la peur de la pauvreté et de l’aide sociale, faisant ainsi en sorte de faire accepter des emplois aux conditions frôlant l’esclavage, puisqu’ils ne permettent même pas de sortir de la pauvreté.
Non, la meilleur façon de tuer un homme n’est pas de le payer pour être chômeur.
C’est de l’affamer et de l’ostraciser jusqu’à ce qu’il en crève de faim ou de honte."
http://www.vigile.net/Une-autre-belle-victoire-du-maire
Bien sûr, tout le monde ne décide pas des politiques des gouvernements. Ce sont les élus qui le font. Cependant, ces élus sont élus par quelqu'un quelque part qui, lorsqu'il vote, ne se rend pas compte que le parti à qui il va donner son vote va poursuivre une politique de véritable guerre aux plus défavorisés ainsi qu'à une bonne partie de la classe moyenne qui, elle aussi, a perdu des plumes ces dernières années.
Je peux raconter une anecdote qui en dit long sur l'état de dégradation du Québec.
En 1994, je prenais l’autobus à Québec. Un jeune d’environ 17 ans s’était mis à jaser avec le chauffeur. Étant donné que j’étais juste le banc derrière, j’entendais la conversation.
Le chauffeur d’autobus avait dit au jeune homme : "Là où tu as le plus de chances de trouver de l’emploi plus tard, c’est si tu te diriges comme policier ou comme infirmier. Étant donné que l’économie va aller de plus en plus mal, la criminalité va augmenter; et parce que la population vieillit, ils vont avoir besoin de plus en plus d’infirmiers."
Je me suis dit que si c’était ça l’avenir qui nous attendait au Québec, c’était déprimant au possible. Mais 17 ans plus tard, il faut croire que ce chauffeur d’autobus avait raison. Il n’y a qu’à regarder l’État sécuritaire que sont en train de bâtir les conservateurs fédéraux. Pour ce qui est de la population vieillissante, c’est un fait avec les baby-boomers arrivant maintenant à l’âge de la retraite.
Tout ce négatif qu’annonçait ce chauffeur d’autobus s’est effectivement réalisé.
Mais la question, c’est comment avons-nous fait pour laisser cela arriver ? Ne sommes-nous pas dirigés politiquement et économiquement parlant par des gens bardés de diplômes et provenant des plus prestigieuses institutions d’enseignement ? Avec tout leur savoir, ils auraient pu, il me semble, construire une société davantage porteuse de vie et d’espoir.
Il y a cette sensation insupportable de constater que dans la société, il semble que certains ne peuvent être heureux que si d'autres sont privés du bonheur.
Et il y a cette autre sensation aussi insupportable de constater que pour certains, le sort de leurs concitoyens leur est bien égal en autant que pour eux leur vie n'est pas si mal, merci.
L'instauration d'un revenu universel tel que promu par le regretté syndicaliste Michel Chartrand devrait être à l'avant-plan du débat politique actuel.



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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    30 novembre 2011

    Et cette guerre entre citoyens semble malheureusement commencer sur les bancs d'école.
    http://fr.canoe.ca/techno/mediassociaux/archives/2011/11/20111130-143442.html
    Comme disait souvent le regretté syndicaliste Michel Chartrand, à l'école on devrait enseigner à vivre en société. C'est quelque chose qui manque depuis longtemps dans l'éducation au Québec.