Le ministre fédéral responsable de l’Agence du développement économique pour les régions du Québec, Navdeep Bains, est député de Mississauga-Malton en Ontario et par surcroit unilingue anglophone. Il demeure surprenant que cette nomination soit passée sous l’écran radar et encore plus troublant qu’elle n’ait pas soulevé l’indignation générale chez nos députés libéraux provinciaux ou fédéraux au Québec.
C’est l’ex-ministre Denis Lebel, titulaire de cette responsabilité dans le précédent gouvernement conservateur, qui a profité du congrès de la Fédération des municipalités pour leur faire part de la création d’un groupe de liaison constitué d’anciens maires de municipalités du Québec et devenus députés conservateurs lors des dernières élections. Le député Lebel met l’accent sur la voix perdue auprès du cabinet du premier ministre par rapport à ce qu’était la situation lorsqu’il était lui-même en fonction et il offre aux municipalités du Québec de devenir leur courroie de transmission avec l’aide de certains de ses collègues. Monsieur Lebel demeure toutefois coi sur l’invraisemblance de nommer un ministre ontarien unilingue anglophone pour s’occuper du développement économique du Québec. On se doute bien qu’il ne veut pas pas éveiller les ressentiments à l’égard du fédéralisme canadien.
Du côté de Québec, nous avons un premier ministre qui oublie régulièrement son français lorsqu’il s’adresse à un auditoire à l’étranger, ce qui explique sûrement son peu d’empressement à s’indigner face à la nomination d’un ministre étranger au Québec et unilingue anglophone pour s’occuper du développement économique de nos régions. Il ne désire pas se voir opposer ses propres aberrations. Nos ministres provinciaux à vocation économique ont été aussi muets que leur chef devant l’incongruité de la situation. Quant aux oppositions souverainistes ou nationalistes, elles semblent avoir manqué une belle occasion de rappeler notre attachement à la langue française et d’en appeler au respect de notre société distincte.
Les médias sont demeurés également silencieux devant ce fait aussi scandaleux qui laisse le soin à un ministre d’ailleurs qui ne comprend pas notre langue, de veiller à notre essor économique. Les relations harmonieuses, que s’efforce d’entretenir le gouvernement libéral avec les médias après les années turbulentes sous l’ancien gouvernement Harper, ne devraient pas anesthésiées la vigilance journalistique. Une pareille situation sous l’ère Harper aurait été relayée dans toutes les chaumières du Québec avec, en prime, une indignation à la puissance 10. Il semble que les investissements libéraux dans le réseau public rendraient certains plus insensibles aux affronts.
Chose certaine, l’assignation de cette responsabilité ministérielle à Navdeep Bains, par le premier ministre Trudeau, reflète le peu de souci du fédéral pour l’économie du Québec et se situe en continuité avec les politiques économiques des précédents gouvernements fédéraux. Il est plus commode de maintenir une économie fragile au Québec et de cultiver la dépendance à la péréquation afin d’annihiler tout désir d’émancipation et d’instiller cette haine de soi-même en faisant croire que nous sommes constitués d’une bande d’incapables.
Les fédéralistes et les nationalistes mous entretiennent ce mythe depuis fort longtemps et argüent que nous devons régler nos problèmes économiques avant de parler d’indépendance. Dans une autre perspective, il serait peut-être plus approprié de se demander si le fédéralisme ne constitue pas un handicap économique pour le Québec et si notre détachement du Canada ne serait pas la clé pour revigorer notre économie.
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