À peine lancé, le média virtuel Huffington Post Québec se signale par un amateurisme, à la fois dans le contenu et dans le traitement graphique, mais aussi par le déferlement d’un détestable défoulement anti-québécois dans les commentaires qui accompagnent les textes des blogueurs.
À travers un verbiage de circonstance (« Il n'y aura pas de tabou (…) nous y discuterons avec passion (…) »), Madame Arianna Huffington indique clairement, pour le Huffington Post Québec, le choix d’une ligne éditoriale fédéraliste en présentant le Québec comme « une partie intégrante du Canada ».
Ce qui lui vaut des commentaires tels que :
-RobbyCanuck « C'est manifique! I love Arianna more every day. What an innovative entreprenu­er. Bon chance! »
-Maunic « The separatist­s have done their best to destroy the Quebec that we used to live in but, even with all their best efforts, they've never been able to. »
Quelques personnes ayant visité le site canadien du Huffington Post s’offusquent du fait qu’on y publie les élucubrations anti-francophones et partitionnistes d’un Tony Kondaks (« Will Huffpost Quebec Help End Language Apartheid ? »; http://www­.huffingto­npost.ca/t­ony-kondak­s/quebec-l­anguage-la­w_b_124489­4.html), ajoutant qu’« Il y a des limites à vomir sur les Québécois. En effet, ça commence déja! » (commentaire de Jean Videpisser).
Malgré les objectifs éminemment lucratifs qui prévalent dans cette publication (qui prétend faire de l’information avec seulement cinq journalistes…), quelques blogueurs souverainistes tentent de faire valoir leur point de vue dans cet espace fédéraliste. Je ne conteste pas la légitimité de cette tentative … mais je m’interroge cependant sur son efficacité et sa pertinence, et ceci d’autant plus que ces textes se retrouvent dans une section intitulée « Politique provinciale », alors que l’éditorial de lancement de Madame Arianna Huffington était titré : « Le Huffington Post Québec, une édition qui est tout sauf «provinciale» » !
Le texte de Monsieur Maka Kotto (député du PQ), « La liberté et la culture québécoise », lui vaut des commentaires plus que désobligeants :
-PG13 : « Les séparatist­es votent avec leurs émotions, surtout au niveau culturel. Mais tu ne peux pas demander à un voteur ethnique de faire la même chose, l'ethnique vote avec sa tête. Stabilité, économie, emploie, prospérité et surtout la paix. c'est pour cela que le vote ethnique est catégoriqu­ement pas compatible avec les guerriers culturel du PQ. »
-Luly999 : « Je ne vois pas pourquoi le bilinguism­e (nos langues officielle­s au CANADA) seraient bafoués par des extrémiste­s francophon­es. »
-cjtex : « Je suis consterné de voir ces gens qui sont reçus ici au Canada à titre d'émigrant­s afin d'améliore­r leurs sorts, s'implique­r dans la politique locale et prêcher le démantelle­ment du pays qui les ont reçus.. »
-Philipp Siarri : « Les propos de Monsieur Kotto sont assez haineux au départ. »
Le ton est donné avec à la « Une » un article passionnant … intitulé « Boxer en mini-jupe … » (!), mais il est vrai qu’il y a aussi des textes plus sérieux comme celui de l’avocat de certaines causes que l’on ne peut qualifier de pro-québécoises, Me Julius H. Grey, qui se porte à la défense de la vague orangiste (en reflux…) du NPD.
Madame Arianna Huffington a bien le droit de lancer un média fédéraliste … - comme s’il en manquait au Québec ! -, mais elle devrait veiller à ce que ce média ne devienne pas une poubelle virtuelle, c’est-à-dire le déversoir de propos hostiles à la nation québécoise et à ses droits historiques. Il serait souhaitable aussi que ce média prétendument francophone le soit réellement. Ce défi de constituer un média respectable n’est cependant pas évident lorsque l’on prétend qu’une telle entreprise peut fonctionner à peu près sans employés !
Tout en respectant le choix des blogueurs bénévoles dont les propos ne sont pas tous inintéressants, je crois que, par l’orientation et le contenu qui s’en dégagent, le Huffington Post Québec, passé un certain effet de nouveauté, risque d’être condamné au statut de publication marginale, voire socialement indésirable, si on y laisse prospérer le défoulement anti-québécois qui s’y est installé dès les premiers jours.
Yves Claudé