Histoire de cul

E5e818904be544998876f393860248b0

Speak white version 2017





Je vous parle souvent de petits incidents porteurs de grandes significations.


Sophie Durocher suit sur Twitter la cérémonie de remise des Prix du gouverneur général, la plus haute distinction décernée par les autorités canadiennes pour une œuvre d’art.


Elle remarque que les gazouillis émis par les responsables des communications de l’événement martyrisent la langue française.


Quand elle demande des explications, on lui répond d’abord, très sérieusement, que cela illustre... les limites des logiciels de traduction automatique.


Puis, voulant la jouer « cool », la personne s’excuse­­­ d’être anglophone, pour enfin tenter de sauver les meubles avec de l’humour­­­ épais.


Tannants


Si l’affaire vous étonne, vous sortez d’un long coma.


Ces incidents sont si récurrents qu’on se demande si le communiqué de presse pour s’en excuser n’est pas prêt d’avance.


Que la langue française soit méprisée et bafouée dans ce beau grand pays officiellement bilingue, cela ne relève plus de la nouvelle. C’est comme la nuit qui succède naturellement au jour.


Depuis des décennies, tous les commissaires fédéraux aux langues officielles font le même constat.


Leur propos est traité comme ceux des illuminés au coin des rues qui parlent dans le vide, ou qui nous crient de nous repentir vite, car le Jugement dernier approche.


J’imagine d’ici cet employé de la Fondation des Prix du gouverneur général, sans doute pas un mauvais bougre, levant les yeux au ciel et trouvant que ces Québécois sont donc susceptibles, qu’ils grimpent aux rideaux pour rien.


Que Mélanie Joly, qui parle pour ne rien dire et parle mal, soit chargée des langues officielles est puissamment révélateur de l’importance accordée à la question.


Pourtant, le plus triste n’est pas où l’on croit dans cette affaire.


Le plus triste est dans les têtes de tous ces Québécois qui n’y voient rien de grave, qui trouvent que c’est une tempête dans un verre d’eau, qui ne voient pas le rapport de force PO-LI-TI-QUE entre les deux langues.


Elvis Gratton


Ils voyagent au Canada anglais, ils y connaissent du monde, donc ils croient savoir de quoi ils parlent.


Ils trouvent les anglophones « ben fins », comme si c’était la question.


Ils sont de ces gens dont le niveau­­­ de réflexion politique ne va pas au-delà du : « On est-tu ben au Kanadâââ­­­ ! »


Ils sont de ceux qui passent automatiquement à l’anglais devant un anglophone pour être « gentils », pour montrer qu’ils le parlent ou parce que c’est « plus pratique ».


Le colonisé authentique ne voit plus les barreaux de sa prison mentale.


Dans les plantations, les esclaves qui travaillaient comme domestiques dans les maisons des maîtres finissaient par croire qu’ils faisaient partie de la famille et méprisaient les esclaves qui travaillaient dans les champs.


Pierre Bourgault disait jadis que certains Québécois trouvent tellement normal de recevoir des coups de pied au cul qu’ils ne les remarquent même plus.




Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé