Mémé Harel s'est excusée d'avoir qualifié André Caillé et Jean Garon de «has been» après que ceux-ci eurent manifesté une sympathie pour l'Action démocratique mais cela était bien inutile.
Elle avait révélé un état d'esprit encore fort répandu au Parti québécois et particulièrement déplaisant.
D'abord, à 61 ans et avec plus de vingt-cinq ans comme députée et ministre dans le corps et une quarantaine d'années d'engagement politique, Mme Harel est mal placée pour traiter d'autres personnes de «j'ai été». Elle fait elle-même partie de la «vieille clique».
De tels propos sont par ailleurs blessants sur le plan personnel pour MM. Caillé et Garon mais aussi pour toutes les personnes qui ont réduit leurs activités professionnelles tout en demeurant impliquées dans les débats publics. Celles-ci ne perdent pas pour autant leurs capacités de réflexion et d'analyse sur la vie politique du Québec. En d'autres mots, on devient pas gaga le jour où l'on quitte les affaires publiques. Mme Harel aurait-elle dit la même chose de Bernard Landry et Jacques Parizeau? Des «has been» de la trempe d'André Caillé, le Parti québécois en aurait besoin en grand nombre pour se refaire une crédibilité. La nouvelle chef, Pauline Marois, a refusé de commenter cette bavure. Elle aurait eu intérêt pourtant à rabrouer publiquement sa députée.
C'est surtout la suffisance qui habite de nombreux péquistes que Mme Harel a toutefois laissé transparaître cette semaine et qui laisse sceptique sur la capacité de ceux-ci de faire évoluer leur parti dans le sens que Pauline Marois le souhaite.
André Caillé et Jean Garon sont intéressés par l'ADQ parce que l'accession du Québec à la souveraineté est sur la glace au PQ et dans la population et parce que ce parti s'est déconnecté des Québécois francophones de l'extérieur de l'île de Montréal.
Jean Garon est un personnage controversé et souvent imprévisible mais les fils conducteurs de son cheminement politique sont clairs : il est un souverainiste orthodoxe, plutôt de centre droit sur le plan socio-économique et un régionaliste convaincu. D'autres comme lui se sont tournés vers l'ADQ parce que le parti de Mario Dumont était davantage branché sur les francophones des régions et cela se reflétait dans son programme. L'ancien ministre libéral Yvon Picotte, de la Mauricie, avait la même évaluation que M. Garon à cet égard et il a fourni ses services au chef de l'ADQ ces dernières années.
PLQ et PQ ont en commun d'avoir perdu la confiance des populations des régions et d'être devenus essentiellement les partis des montréalais. L'ouest du boulevard Saint-Laurent appartient aux libéraux et l'est aux péquistes. Mario Dumont a plus de chances de percer à travers cette polarisation traditionnelle des votes à Montréal aux prochaines élections, que le PLQ et le PQ en ont de réussir à se rebrancher sur les régions. Cela ne se fait pas en quelques mois seulement par le seul effet d'un changement de chef. Il faut développer et répandre un discours politique dans lequel ces clientèles se reconnaîtront.
Or le jugement lapidaire posé par Mme Harel sur MM. Caillé et Garon démontre que des péquistes de son rang et de son influence dans le parti n'ont pas fait leur examen de conscience et qu'ils sont encore bien moins prêts à évoluer philosophiquement, à modifier le programme de leur parti et leurs façons de faire. Rappelons-nous les fusions forcées de la ministre Louise Harel. C'est en cela que la gifle donnée par Mme Harel à la figure de deux personnages publics et estimés a été dommageable pour le Parti québécois. Des «has been» ont quitté mais des dinosaures en mènent encore très large.
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